«Il y avait des annonces dans les journaux. Le processus de sélection (d’un local) a été rigoureux, répond Roger Plamondon. Si je vois un problème avec ça? Non, parce que je n’ai été impliqué nulle part dans ce dossier, justement pour ne pas être pris dans une situation…» Même s’il reconnaît occuper un rôle chez Broccolini Construction, Roger Plamondon tient à minimiser ses fonctions. Il souligne qu’il agit à titre de consultant. «Je mène tout de même de bons dossiers pour eux. Mais je fais autre chose aussi, je ne suis pas là cinq jours par semaine», explique-t-il.
Son rôle dans l’entreprise est toutefois assez important pour que son nom apparaisse dans les documents promotionnels de Broccolini Construction. Dans une récente brochure, on trouve une photo de M. Plamondon, avec son titre de vice-président détaillé. Conscient qu’il y a là une apparence de conflit d’intérêts, M. Plamondon affirme qu’il s’est retiré de toutes les délibérations du conseil d’administration qui ont mené au choix des locaux de BIXI. «Je ne participais ni aux discussions du conseil d’administration, ni à la prise de décision, ni aux facteurs de sélection. À BIXI, dès que ça touche l’immobilier, je me retire.»
Les locaux d’une superficie de 38 000 pi2 accueillent les bureaux de BIXI en plus d’un entrepôt. Une petite partie des 5000 bixi et des 400 stations montréalaises y sont entreposés en hiver. Le reste est remisé dans un autre local, dans l’est de la ville.
LA FAMILLE AU SECOURS
La Presse a aussi appris que BIXI a employé plusieurs parents de dirigeants. Les conjointes de Roger Plamondon et du directeur général Alain Ayotte ont toutes deux travaillé pour la Société de vélo en libre-service (SVLS). Le beau-fils de M. Ayotte occupe présentement le poste de coordonateur au développement des affaires et son fils a occupé un emploi étudiant. Un autre membre de la famille de sa femme a travaillé pour l’entreprise. En tout et pour tout, quatre membres de la famille du directeur général ont été employés par BIXI.
Les conjointes du président et du directeur général ont travaillé pour la SVLS dès ses débuts et pour environ un an, indique M. Ayotte. Selon lui, la croissance phénoménale de BIXI explique qu’il a fallu engager des gens rapidement. «Il faut comprendre que BIXI, ç’a été une explosion. Ça nous prenait des ressources rapidement, et surtout des ressources sur lesquelles on pouvait se fier. Mais c’était clair qu’on n’avait pas l’intention qu’ils restent employés longtemps. Dès qu’on a embauché un directeur des ressources humaines – parce qu’à l’époque, on n’en avait pas encore -, on lui a demandé de faire des affichages.»
Même si BIXI a en effet connu un succès d’estime, il est déficitaire depuis ses débuts. En 2007, Montréal souhaitait offrir des vélos en libre-service à ses citoyens. La Ville a alors mandaté Stationnement de Montréal (SDM) – société qui gère le stationnement tarifé pour son compte – pour le faire. La Société de vélo en libre-service a donc été créée au sein de SDM, qui a injecté une trentaine de millions dans l’aventure. Cette somme provenait de redevances dues à la Ville sur les revenus du stationnement. En septembre dernier, la Ville a confirmé que Stationnement de Montréal était en retard dans le paiement de ses redevances à cause des investissements dans la SVLS. Les contribuables montréalais ont donc participé au financement de BIXI.
À la Ville et à BIXI, on assure toutefois que les contribuables ne paieront pas un sous en définitive, puisque les mises de fonds seront remboursées avec intérêts. Montréal espère même que des profits seront dégagés un jour, lequels pourront être retournés aux Montréalais. En attendant, la SVLS a subi des pertes de 5,5 millions en 2009. Cette année, la Société espère dégager des profits de 1 million et prévoit avoir besoin de 12 ans pour rembourser l’argent avancé pour son lancement.
Source: QMI