C’est un journaliste
allemand, Peter Seewald, qui a eu le privilège d’interviewer le pape Benoît XVI
aux fins de cet ouvrage. Un véritable passe-droit, car mis à part André
Frossard, qui avait fait le même exercice avec Jean-Paul II, les souverains
pontifes, au même titre que les monarques, n’accordent jamais d’entrevues. Que
c’est donc commode. Est-ce que c’est une interview autorisée? En ce sens que
questions et réponses auraient été filtrées? C’est vague. On imagine que ce
best-seller garanti générera de belles dividendes pour la banque du Vatican, la
papauté n’ayant pas intérêt à voir publier un livre controversé.
L’APPARENCE DE LA
FRANCHISE
Ce qui étonne, en
feuilletant ces pages, c’est de constater la franchise des questions. Aucun
sujet n’est éludé. Que ce soit la burqa, la pédophilie, l’homosexualité, bref,
toutes les questions que vous auriez posées vous-mêmes sont présentées à Benoît
XVI. Il a l’air d’une transparence à toute épreuve. Par exemple, il se montre
« crucifié » de douleur pour ces enfants que l’on a abusés et à qui
on a retiré la magie de l’enfance. Il considère la pédophilie insoutenable.
Tout le monde dirait la même chose. Or, les révélations de WikiLeaks nous
apprennent qu’au contraire, l’institution vaticane a tout fait pour empêcher la
révélation de ces histoires et a surtout cherché à protéger son statut. C’est
ce que d’ailleurs rappelait avec véhémence Denise Bombardier, à la suite d’un
de ces mea culpa du pape à Barcelone.
« NE ME VOYEZ PAS COMME
UNE STAR »
À un moment donné, le
journaliste demande au pape si la médiatisation autour de sa personne, ses
apparitions au balcon, ne sont pas un danger de glissement vers une sorte de
star système. Et l’intéressé de s’en défendre en disant que c’est parce que les
gens ont besoin de le voir et que lui-même se refuse à jouer le rôle de
vedette. Qu’il n’est que le messager du Christ. Une fausse humilité, point à la
ligne. Ce sont les déplacements et la visibilité qui font arriver les dons en
tous genres. L’Église en période de crise, paradoxalement, est plus riche que
jamais. Car les nantis de l’extrême-droite soutiennent financièrement le
Vatican.
UNE VIE PRIVÉE
Passé une certaine
heure le soir, le pape s’entoure de sa garde-rapprochée pour regarder des DVD
« Don Camillo », précise-t-il. On s’arrête aussi aux nouvelles
télévisées. On apprend que le pape ne traîne jamais d’argent sur lui, mais que
des fidèles lui en envoient de par le monde. Seul bémol à toute cette belle
compassion et humilité, sa position rétrograde vis-à-vis de l’homosexualité.
Pour lui, le plan de Dieu est strict, un homme doit aller vers une femme pour
assurer une descendance. Pour le reste, il dit ne pas condamner les homosexuels,
qu’il faut accueillir en tant qu’être humains (j’espère, ainsi que 50 % de son
clergé) et ne pas juger, mais qu’ils sont affligés d’une tendance
répréhensible.
Cette persistance à vendre la famille me fait demander s’il ne
recevrait pas de gros chèques de Procter Gamble et d’Unilever et qui encore,
pour vendre plus de produits sur le marché. Avec l’Église, dites-vous que tout
est possible… surtout le mensonge.