devenus amis sous les yeux trop maquillés de leur maman. Une histoire de
grandeur et de décadence, d’ombre à effacer et de lumière se dissipant,
d’apprentissage et de rédemption. Du pain béni pour le cinéma, donc.
Le
genre d’histoire biberonnée au mythe qui n’attend qu’un grand écran
pour venir s’y épanouir… Celle de Dick Ecklund, une ex-gloire de la
boxe, encore pas revenu d’avoir un jour fait poser genou à terre au
grand Sugar Ray Leonard, et de Mike Ward, son petit demi-frère, lui
aussi boxeur mais incapable de s’émanciper de l’image omniprésente,
omnipuissante de son grand frère. Cette histoire, David O’Russell
ne cessera de rappeler qu’elle est bel et bien réelle par une mise en
scène habile, fébrile et parfois même lyrique (il faut voir ce générique
en travelling dans les rues de Lowell, Massachusetts, où les deux
frangins en mouvement saluent la galerie de personnages trop improbables
pour ne pas être vrais).
Rappelant parfois l’esthétique « toujours plus
près de toi » que développait Darren Aronofsky dans The Wrestler – pour info, Aronofsky aurait du réaliser The Fighter
avant de refiler la patate chaude à O’Russell et de n’en devenir que
producteur – , parfois celle beaucoup plus romanesque et tourbillonnante
du Casino de Scorsese, la réalisation d’O’Russell, baignée
dans une lumière chaude et texturée, fait pour beaucoup dans l’énergie
et l’ampleur de ce film. Malgré quelques longueurs, quelques dialogues
répétitifs, The Fighter a un regard singulier sur l’univers
qu’il filme. Tout en sachant, il faut le signaler, magnifiquement filmer
les combats de boxe. C’est déjà beaucoup
Et c’est ce regard
justement, empreint de tendresse et d’empathie, qui permet au cinéaste
de ne pas ridiculiser ses personnages. Cela aurait pourtant été facile.
Des sept soeurs de nos héros, cheveux crêpés, t-shirts trop courts sur
chairs molles, trognes impossibles, à leur mère (formidable Melissa Leo)
en passant par la petite amie de Mike (étonnante Amy Adams) ou les
hommes englués dans cette communauté matriarcale régnant sur une ville
miséreuse et délabrée, la galerie de figures white trash prêtait le dos à la condescendance, au misérabilisme.
Avec intelligence, The Fighter
refuse cette facilité. Et va même réserver le traitement royal aux deux
frères en leur offrant deux interprètes complémentaires et chacun
impressionnant dans leur registre : dans le coin droit, Mark Wahlberg,
doux, peut-être même mou, mais dont le jeu limité convient ici
parfaitement à ce frère en quête de personnalité et dans le coin gauche,
Christian Bale, d’une intensité et d’un charisme frisant la folie
proprement hallucinants et qui parvient à rendre cet ex-boxeur accro au
crack pathétique et grandiose à la fois. Le genre, en fait, qu’on
verrait bien couronné d’un oscar en mars prochain.
Source : showbizz.net