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2010 : bon cru pour l’humour politique

Les Zapartistes ont vu le jour au défunt Café L’Aparté, à Montréal,
et ont présenté leur premier cabaret politique en 2001. Le groupe est
aujourd’hui composé de François Parenteau, François Patenaude et
Christian Vanasse. Nadine Vincent, la Zapartiste de l’ombre, voit aux
textes. Pour ces comiques engagés qui font leurs choux gras de l’humour à saveur politique, les douze derniers mois ont été riches en contenu. Showbizz.net a rencontré ces joyeux lurons. De la commission Bastarache en passant par la pétition
pour demander la démission du premier ministre Jean Charest, l’année
2010 a été riche en événements.

« On a eu beaucoup de difficulté à
choisir choisir ceux dont on voulait traiter. C’est un bon cru », dit
François Patenaude en entrevue dans un restaurant de Québec.

« C’est
rarement un plaisir d’avoir à choisir. C’est un deuil de dire qu’on ne
pourra parler de certains sujets – car c’est trop loin dans la tête du
monde – même si c’est très pertinent et important à nos yeux. Il y avait
tellement de stock », renchérit François Parenteau. « Les gens qui
sont des habitués de notre revue de l’année nous disent que ce sera un
bon show, que c’était une bonne année pour nous, alors que tout ce qui
est arrivé, ce sont des choses épouvantables. Les gens se frottent les
mains en se disant qu’ils vont pouvoir s’en moquer au show des
Zapartistes. Ça nous fait plus de casse-tête pour choisir (le
matériel) », ajoute ce dernier.

En tant que citoyens, leur première
réaction est de s’offenser, disent-ils. En faisant leur métier, ils ont
toutefois la chance de « faire sortir le méchant » et d’exprimer leur
opinion sur scène. « La corruption, ce n’est pas juste au municipal.
C’est aussi au provincial. Ce n’est pas très drôle. (Rigoler du sujet),
ce n’est pas le premier réflexe. Il faut faire rire les gens dans le
spectacle mais aussi se garder une espèce de petit Hi bâtard! Ça fait du bien de le dire », affirme François Patenaude. Le
trio souhaite également faire changer les choses et conscientiser les
spectateurs: les inciter à voter. «En fait, l’idéal, en sortant du
spectacle, c’est que les gens se garrochent sur une boîte de scrutin»,
lance Christian Vanasse à la blague.

Trouvent-ils la population du
Québec apathique en matière politique? De moins en moins, croient-ils.
Il faut toutefois faire davantage que signer une simple pétition, à leur
avis. Il faut assurer «un suivi» et ne pas avoir la mémoire courte,
croient-ils. Des choses qui nous ont offensé il y a moins d’un an sont
parfois vite oubliées… La grande popularité d’Amir Khadir, chef de
Québec Solidaire, le parti « le plus impopulaire », les gaz de schiste et
les catastrophes naturelles ont aussi retenu l’attention de nos joyeux
lurons.

Les Zapartistes ne comptent pas se moquer comme tel du
tremblement de terre qui a durement touché Haïti en début d’année. Ils
remarquent cependant « tout se qui passe autour» de la tragédie: les
politiciens qui tentent de se faire du capital en profitant de la
situation, les promesses qui ne se réalisent pas et «les chicanes
internes là-bas ». Les humoristes remarquent aussi la «compassion
sélective» de la population et des artistes à l’égard du drame. La
situation à Haïti a fait l’objet de plusieurs shows bénéfices tandis que
les inondations au Pakistan n’ont pas suscité le même élan de
générosité, disent-ils par exemple.

Certains sujets sont-ils
tabous? S’ils n’arrivent pas à trouver l’angle comique d’un événement,
ils n’en traiteront pas. De plus, ils ne se moqueront gratuitement pas
de l’allure physique d’une personne, affirment-ils. Ils avouent avoir
toutefois déjà qualifié Chantal Petitclerc « de demie-femme » en voulant
lui rendre une sorte d’hommage. Ils avaient alors créé un malaise dans
l’assistance. En spectacle, le trio ne parle que de politique. Ils
peuvent par contre se servir de personnages publics oeuvrant dans un
autre domaine, expliquent-ils en se mettant à imiter Ron Fournier et
Michel Bergeron en entrevue!

UN PRIX ORAGE, DES CITRONS ET DES PÉPINS !

On
a demandé aux Zapartistes de décerner leurs prix Orange et Citron en
réaction aux événements politiques de l’année, des honneurs qui ont
surtout un goût amer. Les marchands de fruits sucrés ne feraient pas
fortune avec les humoristes… Ils décerneraient un seul prix Orange à Amir Khadir, qui « mérite une petite tape dans le dos »… Ils
ont toutefois peur de « manquer de citrons »! André Cayer; Jean Charest
(« le citronnier »); Nathalie Normandeau; Clotaire Rapaille; Pauline
Marois (« pour son incapacité de sortir plus populaire de l’impopularité
de Charest ») et Maxime Bernier (« mais lui, c’est un pépin ») font l’objet
de cet honneur douteux.

Le maire de Québec Régis Labeaume
(« Monsieur-gros-projets-qui-font-pouet-pouet-pouet ») laisse aussi un
goût amer aux Zapartistes. Les électeurs le suivront-ils une fois ses
grandes idées mortes et enterrées, se demandent-ils?  Les
Zapartistes se produiront au Métropolis de Montréal du 27 au 30
décembre. Les 7 et 8 janvier, on les verra au Capitole de Québec.
D’autres spectacles sont aussi prévus à l’agenda des humoristes.

Source : showbizz.net

LES ZAPARTISTES