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Trou noir : la pire des tragÉdies

Le film tourne donc autour de leur relation de couple, mais aussi autour de la relation qui se
développe avec le jeune homme responsable de la mort accidentelle de leur enfant. Malgré les thèmes qu’il aborde, Trou noir
n’est pas pour autant un film larmoyant, n’insistant pas trop sur la
perte de l’enfant. En fait, ce drame laisse place à certains moments à
l’humour et les dialogues sont souvent très puissants, d’une netteté
remarquable. Howie (Eckhart) et Becca (Kidman) mènent une vie tranquille en banlieue.

Elle est d’autant plus tranquille depuis la mort de leur enfant. Leurs
amis se font de plus en plus rares, car ils
sont pour la plupart incapables de faire face aux parents en deuil. Le film commence alors que Becca est dans son jardin, plantant avec un
soin obsessionnel ses fleurs dans le sol. Mis à part son besoin de
contrôle, c’est en quelque sorte un signe d’espoir de guérison. Howie et
Becca participent à des séances de thérapies de groupe pour surmonter
leur deuil. Becca rejette systématiquement les parents qui parlent trop
de Dieu ou d’eux-mêmes. Exaspérée, elle finira par ne plus aller du tout
à ces rencontres.

KIDMAN EST CRÉDIBLE

L’expérience de Nicole Kidman, qui a joué dans de nombreux drames
sombres et froids, joue ici en sa faveur et donne de la crédibilité à
son personnage, une femme qu’on remarque par son franc-parler et qui
semble déterminée à s’enlever la vie.

Après l’accident, elle voudra rapidement éliminer toute trace de son
enfant disparu de sa maison, rejettera le désir sexuel que son mari
éprouve pour elle, ainsi que les bonnes intentions de sa soeur et de sa
mère (Dianne Wiest). La seule personne qui semble l’intéresser est le
jeune homme (Miles Teller) responsable de la mort accidentelle de son
fils, alors que le pardon et une certaine compréhension semblent les
unir.

ECKHART CRÈVE L’ÉCRAN

Bien que le film soit construit autour du personnage de Kidman, Miles
Teller et Aaron Eckhart
(qui parviendra à vous faire verser une larme) crèvent ici l’écran. Dans
le rôle du père blessé et meurtri, Eckhart est crédible et rend bien
son désir absolu de surmonter les obstacles et de vivre. Il trimera
d’ailleurs très dur pour y arriver. Il tentera d’aider sa femme à
reprendre le cours normal de sa vie et reprendra contact avec ses
beaux-parents. On se demande même à un certain moment s’il ne trouvera pas du réconfort
auprès d’un autre parent en deuil (Sandra Oh), qu’il croise lors des
séances de thérapie de groupe.

Il ne veut pas se
débarrasser des dessins de son enfant. Il ne veut pas oublier. Et il ne
veut surtout pas que sa femme succombe à l’inertie. Trou noir est un film bien écrit et engageant, mais à cause de
son sujet, il sera perçu aux yeux de plusieurs comme un drame sombre et
douloureux. Ce genre de tragédie, auquel est associée une certaine
douleur, est exclu de la liste des films à voir pour de nombreux
parents. Car
un film sur le deuil est rarement considéré comme une quelconque forme
de divertissement.

Bref, Trou noir a un bon scénario rendu par de talentueux
acteurs, mais il s’agit malgré tout d’un long métrage qui ne fera pas
l’unanimité. En le regardant, vous ne perdrez jamais de vue
qu’il ne s’agit que d’un film. À bien y penser, il s’agit sûrement d’un
mécanisme d’autodéfense.

Source : QMI

RABBIT HOLE