Le
phoenix ne renaît pas instantanément de ses cendres. Il lui faut temps,
énergie et volonté pour retrouver les couleurs d’antan. Une ancienne
gloire de la musique country (Gwyneth Paltrow) l’apprend à ses dépends
lorsqu’elle décide de repartir en tournée sans avoir réglé tous les
problèmes de son passé. L’accompagnent sur la route son époux et agent
(Tim McGraw), un séduisant musicien (Garrett Hedlund) ainsi qu’une jolie
chanteuse (Leighton Meester) qui pourrait très bien représenter
l’avenir.
«When you reach the top, get ready to drop» chantait
Depeche Mode sur leur tube «Get the Balance Right». C’est d’autant plus
vrai dans le monde de la musique où le succès est souvent éphémère. Et
après? Idéalement il faut se relever. Les films sur le sujet sont
nombreux, que l’on se rappelle seulement l’année dernière le surestimé
«Crazy Heart» (qui était pratiquement un remake de «Tender Mercies») et
«The Wrestler» l’année précédente qui se déroulait dans l’univers de la
lutte.
«Country Strong» applique la recette à la lettre en ne
lésinant sur aucun détail. Le retour sera difficile, le désir de changer
du tout au tout se fait rapidement ressentir et la relève n’attend pas
d’invitation pour s’inviter à la danse. Des clichés qui ont la peau
dure et qui prennent souvent le dessus sur ces personnages heureusement
non manichéens, mais qui manquent tout de même de finition. À chaque
moment où un soupçon d’humanité semble apparaître chez les quatre
protagonistes, le récit prend volontairement le choix de ne pas franchir
cette porte, ouvrant plutôt une sortie de secours plus sécuritaire vers
des numéros musicaux parfois entraînants mais beaucoup trop
omniprésents. Comme si le syndrome «Burlesque» (les chansons semblent
prendre plus de place que le récit) avait intoxiqué cette modeste
production.
C’est bien dommage pour les quatre acteurs qui n’ont
pas suffisamment d’espace pour laisser exprimer leur talent. À cheval
entre le bon cinéma populaire (les deux «Iron Man») et l’excellent
septième art d’auteur («Two Lovers»), Gwyneth Paltrow est à un cheveu de
trouver l’étincelle qui aurait pu l’amener aux Oscars. Ce sera pour une
prochaine fois. Son duo est toutefois plus que convenable avec Tim
McGraw, un très bon comédien que l’on voit trop peu. Plus charismatique
mais ultimement moins convaincant que dans le récent «Tron : Legacy»,
Garrett Hedlund est encore un peu le parasite qui court-circuite
l’intéressante trame narrative (les problèmes du couple principal),
alors que Leighton Meester multiplie les radieux sourires, ce qui lui
permettra certainement de se retrouver très bientôt dans un long métrage
pour adolescents.
La plus grande perdante de cet essai filiforme
est sans aucun doute la réalisatrice et scénariste Shana Feste. Après
avoir étonné de nombreux cinéphiles avec son déchirant et intelligent
film sur le deuil «The Greatest», la voilà revenir ici avec un effort
qui sent la commande, n’étant ni particulièrement inventif sur le plan
du fond ou de la forme. Espérons que sa surprenante première oeuvre
n’était pas qu’un simple feu de paille, ce qui permettra de mieux
oublier ce «Country Strong».
Source : showbizz.net