choses», a lancé Gorges dans le vestiaire du Centre Bell, vendredi midi,
avant de dévoiler qu’il a joué au hockey pendant les sept dernières
années malgré un ligament croisé antérieur (LCA) détaché. C’est
seulement lorsque son genou s’est bloqué, après plusieurs semaines de
complications attribuables au ménisque du genou droit, que l’équipe l’a
obligé à cesser de disputer des matchs. L’incident est survenu le
26 décembre à Long Island, contre les Islanders. Gorges a pu
recommencer à plier son genou après quelques minutes.
Sauf que les
médecins de l’équipe l’ont ensuite averti que si son genou devait
bloquer de nouveau, et rester bloqué, cela nécessiterait une opération
d’urgence. Faute de quoi sa carrière serait en péril. «Si une telle chose était survenue à l’étranger, on
ne sait pas dans quelles conditions on aurait pu effectuer l’opération»,
a expliqué Gorges, une journée après avoir reçu la confirmation qu’une
opération au genou droit devenait inévitable et qu’il devra rater le
reste de la saison. «C’est donc à titre de précaution qu’on a pris cette
décision, qu’on a déterminé que c’était la prochaine étape à suivre, la
meilleure pour moi et pour l’équipe.»
La révélation de vendredi a permis de mettre
davantage en lumière la réputation de dur que s’est forgée Gorges depuis
qu’il est avec le Canadien. L’ancien des Sharks de San Jose a disputé
150 matchs de suite dans l’uniforme tricolore avant de subir la blessure
la plus grave de sa carrière. Cette séquence, il l’a connue
malgré divers incidents inquiétants, où il a été ébranlé tantôt par un
tir, tantôt par la mise en échec d’un adversaire. «J’ai toujours
retiré une certaine fierté de cette capacité à continuer de jouer malgré
tout, a reconnu Gorges. Parce qu’on nous paie pour le faire, et parce
que j’adore jouer au hockey.
«Une chose que l’entraîneur de mon
équipe junior m’avait dit, il y a longtemps, c’est que tu peux jouer
malgré la douleur, mais pas malgré une blessure, a ajouté Gorges. Si la
décision me revenait à l’heure actuelle, je continuerais à jouer. Mais
on me l’a enlevée des mains. Je suis blessé maintenant, pas seulement en
douleur, et quelque chose doit être réparé. «Heureusement, le
personnel médical du Canadien est composé de bonnes personnes qui ont
mon intérêt à coeur, et ils m’ont dit de ne plus jouer. C’est venu au
point où ils ont dû tirer la bride et dire que, pour ma santé, il
fallait que j’arrête de jouer jusqu’à ce qu’on puisse y voir plus
clair.»
OK MALGRÉ TOUT
Gorges a expliqué qu’il
s’est déchiré le LCA à sa dernière saison avec les Rockets de Kelowna,
dans la Ligue junior de l’Ouest. Les médecins lui avaient indiqué à
l’époque qu’il pourrait continuer à jouer dans cet état, bien qu’il
était fort probable qu’il doive subir une intervention chirurgicale un
jour ou l’autre. L’athlète de 26 ans a reconnu qu’il espérait
repousser l’inévitable jusqu’à ce qu’il prenne sa retraite, mais il a dû
se rendre à l’évidence après le match à Long Island. Il n’a pas joué
depuis, ratant cinq rencontres.
«Je faisais vérifier l’état de
mon genou à chaque année, lors des examens médicaux de mon équipe, et on
me disait toujours que mon genou était stable, que je pouvais jouer. Il
y a d’ailleurs bien des joueurs qui jouent au hockey sans LCA en bon
état, alors ce n’est pas ça le problème. «Le problème, c’est que
j’ai subi une déchirure du ménisque plus tôt cette saison. J’ai continué
de jouer et tout était correct jusqu’à l’épisode à Long Island.»
On
savait depuis plusieurs semaines que Gorges éprouvait des problèmes. Il
a été exempté de plusieurs entraînements ici et là, sans toutefois
rater de match, du moins jusqu’à la fin décembre. «Plus
récemment, je pouvais patiner, mais il y avait certains mouvements qui
amenaient le genou à se dérober. Je me sentais bien, mais je sentais que
le genou était faible», a reconnu celui qui était le pilier du Canadien
en désavantage numérique, en compagnie de Hal Gill.
RASSURÉ PAR GAUTHIER
Atterré
par le fait de devoir s’arrêter de jouer, Gorges s’est dit réconforté
par le fait qu’Andrei Markov, qui a déjà vécu deux fois la situation
qu’il s’apprête à vivre, sera là pour le guider. Et aussi, par les
confidences de Pierre Gauthier, qui lui a indiqué qu’il continuait de
tenir à lui, même s’il pouvait devenir joueur autonome avec compensation
cet été.
«J’ai compris qu’il n’y a aucun danger que je perde le
capital que j’ai gagné jusqu’ici avec l’équipe. C’est bon à entendre, a
dit Gorges. Si on m’offrait une entente à long terme, c’est sûr que je
l’accepterais tout de suite.» Gorges a fait savoir que la date de
l’opération n’était pas encore arrêtée, mais que l’intervention devrait
être effectuée d’ici une semaine. Le scénario à venir s’éclaircira une
fois que l’identité du chirurgien sera déterminée. Il n’a pas
exclu un retour au jeu pendant les séries si le Canadien devait
prolonger son aventure printanière… Mais il faut y voir là un souhait
plus qu’un pronostic réaliste.
Source: RDS