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Les temps qui changent

Un couple se désagrège. Ce n’est pas le premier et certainement pas
le dernier. Ce qui était si beau au début tombe peu à peu en ruine, et
malgré leurs bonnes volontés, ni Dean (Ryan Gosling) ni Cindy (Michelle
Williams) ne semblent trouver la façon pour remédier à la situation. Au
centre de ce chaud paradis devenu glacial champ de bataille se trouve
leur jeune fille Frankie (Faith Wladyka) qui ne veut surtout pas être
séparée de ses deux parents. Les hauts et les bas de l’Amour, le
cinéma le traite depuis ses débuts, cherchant constamment à insuffler un
peu de nouveauté à cette thématique vieille comme le monde.

Il y a
quelques années le cinéaste français François Ozon, par l’entremise de
son inégal «5 X 2», avait eu l’originalité de décrire une union en
commençant par la fin, de son échec à sa naissance. Un poil moins
aventureux dans sa forme, le réalisateur Derek Ciafrance multiplie ici
les ellipses, confrontant deux mondes très distincts : le passé loin
d’être idyllique qui fait battre le coeur et le présent beaucoup moins
enclin au bonheur. Ce qui en ressort est une analyse précise et
sincère du couple, comme l’avait fait Sam Mendes il y a quelques années
avec son sous-estimé «Revolutionary Road».

Le metteur en scène
décortique les fondements de l’attachement, montrant que l’effritement
du temps a généralement le dernier mot sur tout. Préparant son scénario
depuis 12 années, Ciafrance a eu le mérite de trouver deux très grands
comédiens, qui jouent avec un naturel confondant des inconnus, des
amants, puis mari et femme. Sans jamais être des bourreaux ou de simples
victimes, ce couple demeure humain, ce qui tranche avec la majorité des
productions hollywoodiennes où les personnages semblent parfaits et
invincibles.

Mélangeant vulnérabilité et force du félin, Michelle
Williams rappelle qu’elle est un des plus beaux trésors de sa
génération. C’est pourtant Ryan Gosling qui finit par l’éclipser,
incarnant avec fouge et passion un homme qui a très peu à voir avec
celui qu’il incarnait dans «The Notebook». Jouant constamment des
dichotomies entre cet hier granuleux fortement improvisé à la façon d’un
Cassavetes (le père, pas le fils) et un aujourd’hui où la tension se
déploie par des plans rapprochés, «Blue Valentine» s’échappe constamment
des pièges du mélo, présentant d’une main les possibilités infinies de
demain pour mieux resserrer le poing sur tout le travail accompli.

Le
constat, d’une triste noirceur sans être larmoyant, est filtré de
multiples rayons de soleil qui amènent périodiquement de l’humour, de la
poésie et beaucoup de sensibilité. Les amateurs de vraies histoires
d’amour pour adultes (façon «Two Lovers», «I am Love» ou «Mademoiselle
Chambon») seront comblés.

Source : lecinéma.ca

BLUE VALENTINE

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