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Du cinÉma comme on n’en fait plus

Habile mélange de fiction et de faits réels,
adaptation fort libre de À marche forcée, récit
de Slavomir Rawicz, The Way Back débute
dans un goulag de Sibérie, où Janusz (Jim
Sturgess), jeune soldat polonais, a été envoyé
après avoir été reconnu coupable
«d’espionnage». La durée de vie dans ces camps de la mort
est d’un an, au mieux. Sous l’impulsion de
Khabarov (Mark Strong), il commence à entrevoir
une possibilité d’évasion et s’adjoint
plusieurs camarades. On trouve ainsi M. Smith (Ed Harris), l’un
des 7000 Américains emprisonnés par le régime
stalinien, un criminel russe du nom de
Valka (Colin Farrell).

Aux portraits de Staline
et Lénine tatoués sur le torse, un prêtre
(Gustaf Skarsgard), un artiste (Alexandru
Potocean) qui dessine l’horreur du goulag,
et un jeune adolescent (Sebastian Urzendowsky). Et, en chemin, les hommes tomberont sur
Irena (Saoirse Ronan), une adolescente
qu’ils prendront sous leur protection.
Leur objectif est la Mongolie : une fois la
frontière franchie, ce sera la liberté. Malheureusement,
la Mongolie, c’est la Chine,
et la Chine est l’alliée de l’Union soviétique. Janusz offre alors de conduire le groupe
jusqu’en Inde, lui faisant franchir le désert
de Gobi et l’Himalaya. Un an plus tard, trois
hommes franchiront les cols les plus hauts
du monde et seront accueillis
en Inde.

PLUS QU’UN FILM DE SURVIE

The Way Back est bien plus qu’un film de
survie, même si la deuxième moitié du long
métrage est presque entièrement consacrée
aux terribles tourments physiques endurés
(faim, soif, chaleur écrasante). Les superbes paysages (le long métrage a
été tourné en Bulgarie, au Maroc et en Inde)
sont magnifiquement filmés par Peter
Weir, à l’égal de Gallipoli, son film de 1981,
et deviennent à la fois une prison et
l’unique monde dans lequel évolue le
groupe. Le cinéaste excelle dans l’examen de l’âme
humaine et dans la description de la psychologie
des personnages.

Comment ne pas sourire devant le discours
de Valka, défendant Staline, et comment
ne pas être ébahi de l’explication qu’il
donne pour ne pas quitter le sol de la mère
patrie ? Comment ne pas être ému de la
manière dont ces évadés recueillent Irena ?
Comment, aussi, ne pas s’interroger sur la
flamme inextinguible qui anime Janusz ?
Émotions, souffrances, humanité… The
Way Back
renferme tous les éléments de ce
que Hollywood appelle un «epic». Et cela faisait fort longtemps qu’un cinéaste
ne s’y était pas attelé. Chapeau. Et merci.

Source: QMI

THE WAY BACK

ED HARRIS

COLIN FARRELL