C’est la question sur laquelle se penchent le film et probablement le reste du monde », a indiqué Hopkins. Hopkins interprète le Père Lucas, un jésuite orthodoxe posté à Rome, en Italie, qui va initier un jeune séminariste sceptique au côté sombre de la foi. L’acteur britannique était en plein milieu du tournage du film mettant en scène les prouesses du superhéros Thor (dans lequel il joue le Dieu Odin), quand il a reçu le scénario du Rite. Il a avoué qu’il avait d’abord hésité avant d’accepter de défendre ce rôle parce que le Père Lucas devient de plus en plus terrifiant à mesure que le film avance, et qu’il ne voulait pas interpréter un énième « type qui donne la chair de poule ».
« Pendant longtemps, je me suis dit : « Mon Dieu, vais-je pouvoir un jour me défaire d’Hannibal Lecter » », dit Hopkins, qui a gagné l’Oscar de l’acteur masculin de l’année en 1992 pour son interprétation du psychopathe sophistiqué dans Le Silence des agneaux, de Jonathan Demme. Dans les scènes les plus effrayantes du film, le Père Lucas montre à son jeune apprenti Michael (campé par le nouveau venu Colin O’Donoghue) l’art des exorcismes visant à extirper une entité diabolique d’un corps. Toutefois, Michael demeure convaincu que l’adolescente enceinte que le Père Lucas traite est vraiment possédée et qu’elle a besoin de plus qu’un bon psychiatre. Mais alors que le film progresse, les rôles se renversent et le Père Lucas est celui dont la foi est alors mise à rude épreuve.
DES QUESTIONS
Bien que Le rite soulève des questions, affirme des croyances spirituelles et repose sur la foi religieuse, le réalisateur Håfström croit que le spectateur doit luimême se faire une tête, en fin de compte. « Quand vous voyez le Père Lucas être possédé, il a vraiment l’air possédé, a expliqué Hafstrom. Mais, en même temps, vous ne savez jamais. Il pourrait s’agir de projections de Michael ou d’un vieil homme qui perd la carte, et il a besoin de ce moment de catharsis pour avancer à travers les dernières années de sa vie », a ajouté le réalisateur. Pour sa part, Hopkins préfère garder l’esprit ouvert relativement aux questions spirituelles.
« La plupart du temps, je ne crois pas en Dieu ou au Père Noël, a-t-il dit, le sourire aux lèvres. Personne ne sait. Cela donne un semblant d’humanité à quelqu’un qui dit qu’il ne sait pas vraiment. Le jeune prêtre dans le film dit : « Je crois en la vérité », mais quelle vérité? La vérité est ce qui nous a mis souvent dans l’eau chaude au cours des derniers millénaires, non? Hitler connaissait la vérité, tout comme Staline et Mao Tse-Tung, tout comme les auteurs de l’Inquisition. Ils savaient tous la vérité et ils sont responsables de tellement d’horreurs.
Quelqu’un m’a demandé : « Êtes-vous athée? » Je ne sais pas ce en quoi je crois, mais qui serais- je pour réfuter quelqu’un comme Dietrich Bonhoeffer, qui a sacrifié sa vie pour son église et qui a abouti au camp de concentration de Flossenbürg, en Bavière, où les nazis l’ont exécuté? Les plus grands martyrs sont morts sur le bûcher ou ont été éliminés pour leurs croyances . Qui suis-je pour réfuter quoi que ce soit?»
FILMS À GROS BUDGETS
Presque 45 ans se sont écoulés depuis son interprétation de Richard dans The Lion In Winter, pour lequel il a reçu une nomination aux prix BAFTA, le pendant britannique des Oscars. Depuis, il a joué dans des douzaines de films et a reçu une plusieurs récompenses en lien avec son interprétation, incluant deux Emmys. Mais au cours des dernières années, Hopkins a opté pour des films dotés de plus grands budgets, comme La Légende de Beowulf, en 2007, et Le Loup-garou, l’an dernier, dont certains diront que son talent n’a pas été la matière première.
Interrogé à propos de ses opinions sur l’art mis en opposition à la commercialisation exercée par Hollywood, et quel effet cela a sur les projets auxquels il accepte d’accoler son nom, Hopkins s’est émoussé. « Je ne sais pas pour l’art. Je ne suis pas cynique, mais quand nous tournons un film, nous avons plusieurs choix devant nous en tant qu’acteur. Mais quand tous les morceaux du casse-tête sont réunis, quelques pièces précieuses finissent sur le plancher de la salle de montage. Vous avez très peu de contrôle à cette étape. Je ne me berce pas d’illusions à propos de ma position dans le monde en tant qu’acteur ».
Hopkins a dit qu’il est devenu plus réaliste envers sa carrière après avoir vu le film Gran Torino, de Clint Eastwood, dans un multiplexe en banlieue de Memphis, il y a deux ans. « Je me suis mis à regarder tous les gens autour de moi qui mangeaient du maïs soufflé en attendant que le film débute. Et cela m’a frappé. C’est le show-business. Il s’agit de la carrière de grands films. Et tout cela repose sur une boîte de chaussures. C’est une grande révélation de penser que tout cela n’est pas important. C’est un sentiment fort de réaliser que rien ne compte plus, a ajouté M. Hopkins. C’était toute une révélation. La réalité est une chose très libératrice ».
Source : QMI