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Hamlet : spectacle d’ici et maintenant

Depuis 1600, l’histoire d’Hamlet est présentée sur toutes les scènes du monde. Chaque génération d’acteurs ou de metteurs en scène est attirée par ce héros universel et souhaite s’engager dans la traversée de ce texte emblématique, en quête de sa vérité. Chaque décennie nous en o?re une nouvelle vision, une nouvelle conception. Et pourtant… Hamlet demeure toujours un mystère fascinant. Marc Béland – qui signe sa première mise en scène au TNM – a confié la traduction à la plume résolument moderne du dramaturge

Jean Marc Dalpé, dont la langue âpre est profondément ancrée dans la réalité nord-américaine. Pour interpréter le rôle d’Hamlet, le metteur en scène qui, en 1990, en faisait une interprétation mémorable, passe aujourd’hui l’habit à un jeune acteur parmi les plus prometteurs de sa génération, Benoît McGinnis. Autour de lui, 14 brillants interprètes, dont Marie-France Lambert (la reine Gertrude), Émilie Bibeau (Ophélie), Alain Zouvi (Claudius) et Jean Marchand (Polonius), s’engagent dans une même vision de l’oeuvre qu’ils saisissent à bras-le-corps pour en extirper toute la substance. Les doutes existentiels du jeune prince du Danemark n’auront jamais eu une résonance si contemporaine !

HAMLET, HOMME RÉVOLTÉ

Le roi du Danemark, père d’Hamlet, a été assassiné par son frère Claudius qui s’empare du trône et épouse sa veuve, la reine Gertrude. Le spectre de la victime apparaît sur les remparts du château d’Elseneur et demande à son fils de le venger… En proie au chagrin et révolté par la soif de pouvoir de son oncle et la trahison de sa mère, Hamlet va déployer un fin stratagème afin de confondre le coupable et consommer sa vengeance, terrible. Ce faisant, il provoque une série d’événements qui se révéleront tragiques, aussi bien pour lui-même que pour ceux qui l’entourent.

Quatre siècles nous séparent de Shakespeare mais les enjeux de sa pièce nous sont étrangement familiers : le personnage d’Hamlet est en constante révolte contre les maux de son siècle, contre le sentiment d’une existence dénuée de sens, le vice triomphant sur la vertu, l’opportunisme, l’orgueil, l’hypocrisie de l’être humain. En proie aux doutes, écartelé entre action et réflexion, il est saisi – comme nous pouvons l’être – dans un flot de pensées contradictoires qui ébranlent ses certitudes, ses jugements, questionnent sa morale, son sens éthique et qui, à la longue, peuvent rendre fou !

Ce sont justement ses tensions intérieures et l’absence de justification à plusieurs de ses actes qui font de lui un personnage si impressionnant. Et tellement humain…

UN SPECTACLE D’ICI ET MAINTENANT

Si le génie de l’auteur se fait entendre, c’est parce qu’il nous parle de vérités universelles : jeunes gens victimes des erreurs de leurs parents, vengeance qui ne vaut rien qui vaille, laideur du pouvoir – de tous les pouvoirs, qu’ils soient armés ou politisés –, remords, regrets, di8culté d’aimer et d’avoir confiance en l’autre… La vision du metteur en scène Marc Béland et le travail du traducteur Jean Marc Dalpé ne pouvaient s’inscrire que dans une perspective contemporaine, immédiatement saisissable pour nous, comme Shakespeare l’a écrit pour son temps.

On retrouve dans le verbe shakespearien la rythmique implacable de Dalpé, d’une exceptionnelle précision. Son sens de l’image et sa dramaturgie fondée sur les personnages en action font écho à ceux du grand Will. La conception du spectacle rend compte de cette actualisation dans toutes ses dimensions : la scénographie conçue par Richard Lacroix correspond à l’espace « là où se déroule la tragédie », sans références particulières à l’époque ou au lieu où se situe l’action.

Même démarche pour les costumes de Mérédith Caron, dont l’inspiration puise à même les lignes épurées d’un style actuel et s’attache davantage à identifier non pas une époque, mais les forces en présence : militaire, politique, sociale. La pièce maîtresse de Shakespeare nous apparaît ici dans toute sa complexe beauté éclairée par une langue qui fait briller « le diamant noir de cette quête existentielle ».

HAMLET
Au TNM, du 8 mars au 2 avril 2011
Du mardi au vendredi à 20 h / samedi à 15 h et 20 h

TNM

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