qui a pris l’affiche des salles de cinéma
hier, est celle de Stéphanie et
Éric, un jeune couple qui bat de l’aile
depuis qu’Éric a eu une aventure
avec sa partenaire en affaires.
Pour recoller les pots cassés, ils décident
de s’offrir une semaine de vacances
à la République de Santiago. Là-bas, le couple se redécouvre et
tous deux décident de prendre la route
pour se rendre au parc national
d’El Plata. En chemin, à une stationservice,
Stéphanie est témoin d’une
altercation entre une jeune femme et
le conducteur d’une camionnette,
qu’elle photographie. Leurs problèmes
commencent à ce moment-là.
Le conducteur, qui s’avère être un
dangereux tueur en série, les prend
en chasse. Dans les faits, le scénario de Martin
Girard (Le Secret de ma mère) explique
que le tueur s’attaque à des
conducteurs ivres, pour venger la
mort de sa compagne, tuée dans un
accident impliquant justement un
chauffard ivre. À l’écran, rien n’est
moins clair, mis à part quelques découpures
de journaux qui rappellent
les faits durant le générique d’ouverture. Dans le cas d’Éric et Stéphanie,
on devine qu’il les pourchasse non
pas parce qu’ils boivent au volant,
mais parce que Stéphanie a immortalisé
son visage de grand brûlé avec sa
caméra.
Le tueur, campé par Peter Miller
(méconnaissable), prononce une seule
réplique de tout le film (et loin
d’être la plus importante), ce qui n’aide
évidemment pas à comprendre ses
motivations.
PLUS QUE QUELQUES SACRES
Karine Vanasse et Sébastien Huberdeau,
dans les rôles principaux, se
débrouillent assez bien, arrivant à
communiquer les seules émotions qui
transpirent du film. La psychologie
de leurs personnages n’est pas très
complexe, au contraire de leur compréhension
de l’espagnol, une langue
qu’ils saisissent occasionnellement. Encore là, les comédiens doivent
composer avec le scénario et ses répliques
un peu creuses. Les dialogues
ne sont pas toujours très naturels, et
il faut plus que quelques sacres bien
québécois pour améliorer le tout.
Certaines scènes sont carrément invraisemblables.
Comme celle où le
tueur étrangle une femme qui frappe
dans la portière d’une voiture où dort
Stéphanie… sans même la réveiller
ou la faire sourciller.
Quant à la fin (sans en révéler le
punch), elle en laissera plusieurs sur
leur appétit.
L’esthétique du film est néanmoins
soignée. Le travail du réalisateur Dominic
James et du directeur photo Jérôme
Sabourin est quasi irréprochable
à ce chapitre. Les éclairages
sont léchés et les plans de caméra
sont bien pensés, preuve d’une grande
préparation.
La musique dramatique et les effets
sonores sont aussi très efficaces.
Dans les moments intenses ou pour
marquer la surprise, les sons et les
plans de caméra amènent le cinéphile
au bout de son siège. Sur la création
du suspense, c’est réussi. L’idée de tourner à Cuba n’est pas
mauvaise et le film gagne quelques
points avec ses nombreuses scènes
d’extérieur, sa palette de couleurs
chaudes, qui amènent un peu de soleil
dans la froideur de l’hiver. Angle Mort, au final, sera un bon
divertissement pour les amateurs
du genre, qui ne veulent pas se
prendre la tête avec une énigme
compliquée, ou qui sont capables de
vivre avec quelques trous dans un
scénario.