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Oscar : oÙ est le show?

L’aménagement scénique du Kodak Theatre promettait
énormément. Et en guise d’ouverture c’était assez réussi dans cette mise en
scène où les coanimateurs, James Franco et Anne Hathaway, se retrouvaient parmi
les scènes des films en nomination. Tout le reste n’aura été que du verbiage.
Des mots, encore des mots, toujours des mots comme dans la chanson
« Paroles » de Dalida. J’avais d’abord commencé à regarder la portion
de l’entrée, le fameux Red carpet. Dieu que c’est superficiel.

Les animateurs
sur le terrain n’ont que deux mots à la bouche : « gorgous » et
« fantastic ». Les actrices avaient l’air de s’être habillées dans les
boutiques de mariage de la Plaza
Saint-Hubert. Et en plus il faut qu’elles ploguent le
couturier. Aux États-Unis tout est commerce rappelons-le.

Et ces éternels sourires qui masquent comme une sorte de
maquillage, les coups de poignards qui se donnent dans cette industrie du cinéma
qui, on l’a dit, imagine des auditoires de l’âge mental de douze ans. Et puis je
suis tanné d’entendre encore les thèmes de Star’s War et Over the rainbow. Me
semble qu’il y a d’autres partitions intéressantes. Toujours aussi les mêmes
présentateurs, Steven Spielberg ou Tom Hanks. Ils sont bien gentils et ont
beaucoup d’argent, mais…Je les vois plus souvent que ma propre
famille.

VILLENEUVE : RIEN DANS LES MAINS 

Denis Villeneuve repartira les mains vides. Il n’a pas
remporté le prix du meilleur film étranger attribué à « A better
world » de la danoise Susanne Bier. Qui m’a irrité au max quand elle est
venue remercier, se dandinant continuellement de gauche à droite.. Et si je peux
le console le Villeneuve, c’est qu’il s’en tire pas mal au fond. Car Denys
Arcand s’est fait fort de rappeler la semaine dernière et amèrement, que son
Oscar ne l’a avantagé en rien au Canada. Personne ne regarde ses films dans le
reste du Canada. Il est premier dans son village du Québec point à la ligne, et
encore.

L’Âge des ténèbres son petit dernier n’a pas fait un gros score chez
nous. Faut dire que le thème est tellement déprimant de réalisme sur la société
québécoise. Je répète que si Villeneuve avait enlevé la statuette, personne dans
le milieu québécois ne l’aurait félicité. On l’aurait même pris de haut, comme
on le fait en ce moment avec le petit Dolan. Réussir est très mauvais au Québec.
Prix de consolation, cela lui aura permis à lui et à sa blonde, Macha Grenon de
vivre un échantillon de la vie Hollywoodienne. J’ai vu la partie Red carpet sur
CTV où le fils Ben Mulroney interviewait les stars et il a conversé avec
la Grenon et
Villeneuve. Ouf!

Notre actrice s’était enfin coiffée. Elle m’avait tellement
terrifié lors de son passage à Tout le monde en parle, les cheveux dans la face
et gras, juste après Carole Bouquet qui irradiait d’élégance
froide. Mais là notre petite Macha a fait un effort. De toute
façon Hollywood contrôle tout et j’aurais mal imaginé qu’on la laisse arpenter
le tapis rouge avec un look du fond des bois. Star système
oblige. Un seul moment attendrissant c’est l’arrivée surprise de
Kirk Douglas, à lui seul un chapitre de l’Histoire du cinéma américain. Même
s’il fait patraque en raison de la maladie, il n’a pas manqué d’humour et a été
accueilli debout par l’élite hollywoodienne.

Notre Céline Dion a fait les chose impeccablement en
interprétant « Smile » de Chaplin pour la portion « In
memoriam » qui salue les disparus de l’année. Par contre j’aurais aimé
qu’il y ait une introduction d’Anne Hathaway pour notre reine de Las Vegas.
C’est qu’au retour de la pause, paf! Céline arrive comme ça et la musique
démarre. Une véritable mise en situation aurait été de souligner que chaque
année voit la disparition de ces artisans, devant et derrière la caméra, ces
magiciens, qui nous ont fait tant rêver et qui ne sont plus. Disant leur adieu
une dernière fois avec Céline Dion qui va nous chanter… et patati et patata. Et
là, Céline Dion aurait alors fait son entrée, deux secondes de recueillement et
la musique aurait pu démarrer. Là c’était un peu bâclé.

LES GRANDS GAGNANTS

Je pariais sur Annette Beining pour son rôle de
lesbienne. Finalement c’est Nathalie Portman qui rafle l’Oscar du meilleur rôle
féminin pour sa prestation dans Black Swann. Fait touchant, pendant qu’on
nommait chacune des nominées, on voyait beaucoup d’émotion dans leurs yeux.
Elles étaient comme des petites filles. C’est tellement cruel des concours. Pour
Colin Firth il n’y avait pas de surprise. C’était presque acquis d’avance. Son
interprétation d’un George VI bégayant vaut le détour. Ce n’était pas facile à
jouer parce que faire le bègue peut verser dans la caricature. Le film The
King’s speech triomphe comme film de l’année tout comme son réalisateur, Tom
Hooper.

Mais en gros, presque pas de moment musicaux, aucun
grand numéro de chorégraphie, de la parlotte à n’en plus finir et des acteurs
bien sages. La folie et l’éblouissement n’étaient pas au rendez-vous. Et si
j’avais eu au moins mes chips puis mon Pepsi Diet. Dire qu’il y a quelques
années, on regardait ça en gang avec des bouteilles de bière partout. Mais non,
j’étais sage moi-même tout seul dans mon lit à baldaquin (tout de même) avec une
bouteille d’eau Naya. Quelle époque tristounette!

OSCAR