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Bureau de contrÔle

Non seulement semblent-ils tout droit sortis du passé, mais leurs
pouvoirs, cachés comme un lapin dans leur chapeau, ne suffisent pas à
venir à bout d’une relation homme femme, alors que le commun des
mortels, lui, y arriverait probablement sans peine. Le film débute à New York, durant une soirée électorale. David Norris
(Matt Damon), candidat prometteur au Sénat, est sur le point de ne plus
être dans la course. Sa rencontre avec une femme de rêve, une danseuse
nommée Élise (Emily Blunt), soulage ses tourments. Entre eux, c’est le
coup de foudre instantané.

Lui est du genre mauvais garçon; elle, plutôt
effrontée. Mais leur amour est, semble-t-il, interdit. David n’a pas tôt fait de rencontrer Élise, que voilà qu’il tombe par
hasard sur le secret de notre existence. Des «contrôleurs» façonneraient
le destin du monde, la volonté individuelle n’étant plus qu’une
illusion. Et comment ces petits bureaucrates s’y prennent-ils? En modifiant le
cours de nos vies par un événement aussi banal que de renverser
«accidentellement» une tasse de café ou encore de nous faire rater
l’avion.

David apprend tout ceci du contrôleur Richardson (John Slattery), puis
de Thompson (Terence Stamp), qui l’informe aussi de son destin
politique. Le hic? Élise ne fait pas partie de l’équation sur ce chemin
pavé d’avance. Elle ne faisait pas partie du plan original. Et si David
s’entête à poursuivre sa liaison avec elle, les conséquences pourraient
être désastreuses. Bien sûr, le film ne serait d’aucun intérêt si David était servile et se
pliait au plan, sans machination paranoïaque. L’histoire évolue dans un
contexte de totalitarisme technologique. À ce titre, le film a au moins
le mérite de respecter l’œuvre originale de Philip K. Dick, The Adjustment Team, qui a aussi écrit Blade Runner et Rapport minoritaire.

Là où le film s’éloigne de l’œuvre originale, c’est dans sa morale d’un
amour véritable et plus fort que tout. Cet ajout grossier au scénario
est une gracieuseté du réalisateur, George Nolfi, qui a coécrit La vengeance dans la peau. La raison pour laquelle on a intégré toute cette romance est évidente :
pour rendre émotivement accessible tout pan scientifique. Mais qu’un
homme tienne à sa relation avec une femme alors que l’avenir du monde en
dépend est peu probable. Bureau de contrôle est néanmoins un bon divertissement, avec un
côté «bournesque», qui nous fait voyager dans des mondes parallèles. À
apprécier pour ce qu’il est, sans se poser la question de ce qu’il
aurait pu être.

Source: QMI

MATT DAMON

EMILY BLUNT