leur présentait un scénario sans
dialogues (ceux-ci ont été improvisés
durant le tournage), Patrick Demers a
persisté et, grâce à la collaboration
étroite de son trio d’acteurs, formé de
Benoît Gouin, Sophie Cadieux et Maxime
Denommée, a réussi à construire le film
qu’il voulait, après des années de labeur. Thriller inspiré du style de Hitchcock,
Jaloux suit la trajectoire d’un couple à la
croisée des chemins. Après sept ans de
vie commune, ça ne va pas bien entre
Thomas (Denommée) et Marianne
(Cadieux).
Elle le trouve coincé. Il rage
de la voir flirter lors d’un party arrosé.
Jalousie, quand tu nous tiens. Pour tenter de sauver son couple,
Thomas propose un week-end au chalet
de son oncle, en pleine forêt. Bien sûr, la
discussion s’enflamme, surtout quand
madame apprend que monsieur a déjà
sauté la clôture. Dans ce climat de tension matrimoniale,
le couple rejoint non sans peine le chalet
à l’intérieur duquel, surprise, se trouve
ce qu’il croit être Ben (Gouin), le voisin
devant leur remettre la clef des lieux.
Le trio fait connaissance autour d’un
souper et plusieurs bouteilles. Marianne
profite d’abord de la présence de
Ben pour retrouver son personnage
d’aguicheuse, creusant le fossé entre
elle et son amoureux. Mais l’étrange et
inquiétant comportement de Ben éveille
les soupçons, d’abord de Thomas, puis de
Marianne, qui devront alors faire équipe
d’une façon qu’ils n’auraient jamais
imaginée.
TENSION, ATTENTION!
Même s’il est âgé de 40 ans, Patrick
Demers s’inscrit dans cette nouvelle
vague de réalisateurs québécois qui
osent sortir des sentiers battus. Dans
ce premier long-métrage au budget final
de moins de 500 000 $, il démontre
qu’il n’y pas qu’une seule façon de faire
un cinéma de divertissement de qualité,
sans jamais céder à la facilité. Construit au fil du tournage (la fin a
même été imaginée sur le plateau), le
scénario se révèle captivant avec ses
retournements de situation imprévus.
Grâce à un excellent travail de montage
de Demers et l’utilisation judicieuse de
retours en arrière, le suspense souhaité
s’installe véritablement et tient le
spectateur dans l’expectative. Les trois acteurs principaux sont à
la hauteur du défi que leur a lancé
Demers. Sophie Cadieux et Maxime
Denommée sont très crédibles dans la
peau du vieux couple qui se tape sur les
nerfs, comme tout le monde en connaît
dans son entourage. La vedette du film est cependant
Benoît Gouin, renversant dans le rôle
du mystérieux et inquiétant Ben. D’un
seul regard perçant, sans prononcer
une parole, le comédien élève le
niveau de stress. Il a définitivement la
physionomie de l’emploi.
Source: QMI