Le second chèque, du même montant, a lui aussi été refusé, cette fois-là avec la mention « compte fermé ». Dans sa décision, le juge Georges Massol ne s’était pas fait prier pour dénoncer les gestes de M. Evereklian. « Le défendeur savait qu’il avait pour plus de 2 millions $ de dettes lorsqu’il a contracté avec la demanderesse, avait écrit le magistrat. Il savait que le premier chèque ne pouvait pas être encaissé. Il le savait encore davantage pour le deuxième, puisque le compte était fermé. Le défendeur a abusé de la défenderesse. » Agop Evereklian a finalement remboursé Kia Gabriel en totalité. Lorsque l’histoire avait été évoquée pour la première fois, en 2008, il avait tenu à préciser qu’il n’avait jamais déclaré de faillite personnelle.
Le jugement a refait surface juste avant que M. Harper ne se rende dans la circonscription de M. Evereklian, mercredi soir. Ce dernier a refusé net de s’adresser aux journalistes. Le candidat de Pierrefonds-Dollard a une histoire politique peu banale. Ancien chef de cabinet des ex-ministres libéraux Judy Sgro et Michel Dupuy, il est passé dans le camp conservateur avant les élections de 2008. Il s’est alors présenté dans une circonscription lavalloise contre la libérale Raymonde Folco, pour qui il avait déjà travaillé.
UN AUTRE BÉNÉVOLE QUITTE
Le passé d’Agop Evereklian n’est pas le seul élément qui retient l’attention dans Pierrefonds-Dollard. Mercredi, le directeur de la campagne du candidat, Giulio Maturi, est devenu le deuxième bénévole conservateur en deux jours à devoir se retirer de la campagne électorale sur une question d’éthique, ce qui a une fois de plus placé le premier ministre sur la défensive.
En conférence de presse à Brampton, en Ontario, Stephen Harper a annoncé que M. Maturi avait quitté ses fonctions, pour lesquelles il n’était pas rémunéré. Une certaine Sophie Allard l’a aussitôt remplacé.
Giulio
Maturi ne travaille plus comme directeur de campagne du candidat
conservateur Agop Evereklian: le premier
ministre Harper a confirmé mercredi que M. Maturi a été écarté de son
poste. Le Devoir a révélé que M. Maturi faisait partie de
l’équipe de M. Evereklian. Son nom figurait bien en vue sur le site…
Le Devoir
2011-03-30″
Pour ce gars, je ne connais pas les détails, a déclaré le chef conservateur. On m’a dit qu’il n’est plus bénévole dans notre campagne. »Les conservateurs avaient déjà congédié Giulio Maturi en 2009, dans la foulée d’une controverse mettant en cause Benoit Labonté, ancien candidat à la mairie de Montréal. Dans une entrevue accordée à Radio-Canada, M. Labonté avait affirmé avoir mis fin à ses liens avec M. Maturi après que celui-ci eut tenté de le convaincre de retenir les services de quatre organisateurs payés par une entreprise privée pour sa campagne à la mairie, ce qui est contraire à la loi.
Mardi, les conservateurs avaient montré la porte à Sébastien Togneri, qui était bénévole pour la campagne du candidat albertain Ryan Hastman. M. Togneri fait l’objet d’une enquête de la Gendarmerie royale du Canada pour une possible atteinte à la Loi sur l’accès à l’information. Visiblement mal à l’aise devant la tournure des événements, l’entourage de M. Harper a prévenu les médias mercredi que le chef n’avait pas l’intention de commenter les campagnes locales des 307 candidats conservateurs. Ces controverses ont fait dérailler la stratégie de Stephen Harper en ce début de campagne, c’est-à-dire d’annoncer une nouvelle fois des mesures contenues dans le récent budget présenté par le ministre des Finances, Jim Flaherty.
LE FRANÇAIS ET LE QUÉBEC
Le premier ministre a par ailleurs refusé de condamner les propos de son candidat dans la circonscription montréalaise de Lac-Saint-Louis, Larry Smith, qui a laissé entendre, plus tôt cette semaine, que la défense et la protection du français constituaient un combat d’arrière-garde. « Larry Smith est un grand Québécois, a assuré Stephen Harper. Il parle français. Il est bien respecté dans les communautés francophone, anglophone et culturelles. (…) Les lois provinciales sur la langue, ce sont des décisions pour l’Assemblée nationale. » Interrogé sur l’impact que pourrait avoir l’élection d’un gouvernement conservateur majoritaire au Québec, plus particulièrement dans la perspective d’un possible retour au pouvoir du Parti québécois, M. Harper s’est montré circonspect.
« Je cherche un mandat de toutes les régions du Canada, a-t-il souligné. (…) Le Québec est une partie importante de notre pays. La plupart des Québécois croient en ce pays, y croient fortement et ont aidé à le bâtir. Je veux plus de Québécois dans mon gouvernement conservateur national. » Une fois de plus, Stephen Harper a mis en garde contre l’élection d’un gouvernement libéral. « S’il n’y a pas un gouvernement national majoritaire (conservateur), il y aura une coalition de (Michael) Ignatieff avec le NPD, le Bloc québécois et peut-être d’autres partis. » De façon étonnante, M. Harper a accusé le chef du Bloc, Gilles Duceppe, de vouloir « nier un gouvernement conservateur » ainsi qu' »une place du Québec au gouvernement conservateur ».
Le chef conservateur est allé jusqu’à dire que l’appui des bloquistes au registre des armes d’épaule réaffirmé mercredi favorisait son parti au Québec, du moins hors des grands centres. « Dans les régions, nous gagnons de plus en plus de bénévoles parce que des gens n’appuient pas la position de M. Duceppe » sur le registre, a-t-il prétendu.