L’ADQ a déposé une motion pour s’opposer à sa venue. La motion demande que l’Assemblée nationale exige que Citoyenneté et Immigration Canada « impose les règles les plus strictes » à M. Cantat « afin de lui interdire l’entrée au Québec ». Le gouvernement a toutefois refusé d’en débattre. « Il faut vivre sur une autre planète pour ne pas reconnaître qu’il y a un débat d’opinion publique qui a cours actuellement, a soutenu M. Deltell en conférence de presse. L’ensemble des Québécois sont stupéfaits, manifestent de la colère et du dégoût. (…) Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement n’a pas voulu entrer par une porte déjà ouverte (la non admissibilité de Cantat en vertu des lois fédérales). C’est encore plus scandaleux. »
Il reproche au gouvernement son incohérence, en pleine campagne publicitaire choc pour contrer la violence conjugale et les agressions sexuelles. Même la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, aussi responsable de la Condition féminine, a refusé de s’en mêler et ne s’est pas levée en Chambre pour répondre aux questions de l’ADQ. « Elle est restée muette, (…) ce qui n’a pas de bon sens, a dit M. Deltell. (…) Je ne peux pas croire qu’elle n’est pas interpellée par cette situation. Quand vous êtes ministre de la Condition féminine, vous avez la responsabilité d’avoir une sensibilité beaucoup plus forte sur ces questions. »
l’actrice Marie Trintignant
Mme St-Pierre a refusé mardi de critiquer la distribution du spectacle signé Wajdi Mouawad, prévu pour le 60e anniversaire du TNM en 2012. Ironiquement, Cantat doit participer au spectacle Des femmes, d’après Sophocle. La ministre juge que la présence sur les planches du TNM de M. Cantat ne la regarde pas. Jusqu’ici le TNM a défendu le recrutement de M. Cantat au nom du droit des criminels à la réhabilitation. Le chef adéquiste se défend par ailleurs de s’ingérer dans les choix artistiques et d’attenter à la liberté du créateur. Cependant, selon lui, le fait que le TNM soit financé par des fonds publics justifie l’intervention du politique.
« Lorsque le gouvernement injecte des millions de dollars dans l’administration, il est légitime que les sous des Québécois ne servent pas à payer les salaires d’un homme avec un passé criminel si lourd. (…) Si ce type était venu et avait procédé, à ce moment là les contribuables auraient payé une partie de son salaire, et ça, je ne pense pas qu’il y a bien des Québecois qui auraient accepté ça. »