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La poÉsie de karkwa en images

Tourné avant la sortie, à l’hiver 2010, de
l’album Les chemins de verre, le tournage
de ce documentaire, qui prend l’affiche
cette semaine, est un projet qui s’est
présenté «tout naturellement», selon le
cinéaste. Nathanaël Le Scouarnec a connu
Karkwa, il y a quelques années, par le
biais du tournage de ses Concerts à
emporter, auxquels ont aussi pris part
Arcade Fire, Beirut et autres The
National. Lorsque le groupe s’est retrouvé dans
les studios La Frette pour jeter les bases
de l’album qui allait leur valoir notamment
le prix Polaris, Le Scouarnec a eu
accès aux maquettes des nouvelles chansons.

« Il y avait des choses qui m’ont beaucoup
pu, dont la chanson 28 jours. Très
vite, on en parlait, on échangeait avec
François (Lafontaine) sur des influences,
comme David Bowie, qui plaisent à tous.
Il y a pas mal de chansons qu’on avait
envie de couvrir et nous en avons découvert
certaines en faisant le film.» Constitué de captations de concerts, de
clips et de sessions acoustiques, le film a
été tourné au Québec. Les premières
images, en noir et blanc, nous transportent
dans les coulisses du Théâtre Petit
Champlain, à Québec, et nous montrent
les musiciens en train de bûcher sur les
accords et les paroles de la pièce Le pyromane
tout juste avant de la jouer pour la
première fois sur scène.

PRISE DE RISQUE

«C’est l’une des nouvelles chansons
avec laquelle ils hésitaient le plus, mais
ils tenaient quand même à la jouer sur
scène. Je trouvais qu’il y avait une vraie
prise de risque; donc, on voulait commencer
le film en noir et blanc puis
ajouter de la couleur au fur et à mesure
que la chanson naissait sur scène et que
le pari était réussi», dit Le Scouarnec,
qui vante l’esprit aventurier du groupe. «Ils nous ont fait confiance. Ils font des
choses assez risquées. Aller finir le
concert dehors à -20 degrés les pieds
dans la neige, il y a pas mal de groupes
qui trouveraient ça dangereux, glacial.
Eux étaient toujours partants pour
tenter des choses, comme la séquence
enregistrée dans une église de Montréal
qu’on a fait sur un coup de tête. Ils se
sont livrés avec l’orgue en se disant :
tentons tout ce qu’on peut.»

RÊVERIE ET IMAGINAIRE

Le cinéaste apprécie le côté poétique de
la musique de Karkwa, qui lui permet de
sombrer dans la rêverie, l’imaginaire, au
moment de la mettre en images. «C’est marrant parce que, dans le
traitement, il y a des chansons sur
lesquelles je me suis beaucoup appuyé
sur les textes, la musique. J’étais très
proche de l’intention du groupe, à mon
avis. Sur d’autres, je n’avais entendu
que la maquette, sans les textes. J’ai
donc pu m’éloigner de l’esprit de la
chanson pour trouver un autre chemin.
Je pense au clip de Les chemins de verre,
que j’ai écrit sans avoir les textes. J’ai pu
aller dans une autre direction», note le
réalisateur, qui s’est découvert une
passion pour le rock francophone au
contact de Karkwa.

«Avant de les rencontrer, j’avais un
a priori assez négatif sur le rock francophone.
Grâce à Karkwa, j’ai découvert
que je pouvais aimer cette musique et
que ça pouvait me créer des sensations
différentes du rock anglo-saxon. Le
français est ma langue maternelle et ça
résonne beaucoup plus chez moi, c’est
plus poétique que des paroles chantées
en anglais. Ils m’ont amené à apprécier
cette musique et, depuis, j’ai commencé à
suivre d’autres groupes qui chantent en
français.» – Les cendres de verre sera présenté du
9 au 14 avril, au Cinéma du Parc, à
Montréal, et le 20 avril, au Théâtre du
Petit-Champlain, à Québec.

Source: QMI

KARKWA