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Gilles duceppe quitte son poste

La formation souverainiste, qui régnait sur une majorité de circonscriptions du Québec depuis 1993, a été presque anéantie lundi soir. Au terme de la soirée, il ne restait plus que quatre députés bloquistes à Ottawa. Ils étaient 47 avant la dissolution du Parlement, le 27 mars. Dans une courte allocution, M. Duceppe a pris la responsabilité pour cette défaite que personne ne prédisait il y a un mois. Il a exprimé le souhait que le projet souverainiste se poursuive, même sans la voix forte du Bloc qui en a été l’un des principaux promoteurs depuis 20 ans.

« Je vous quitte mais d’autres suivront jusqu’à ce que le Québec devienne un pays. Toute nation trouve toujours les forces en son sein pour s’affirmer pleinement. S’affirmer pleinement, pour le Québec, cela veut dire un pays libre », a-t-il insisté. M. Duceppe a invité ses militants à accepter le verdict des urnes, aussi terrible soit-il. « Le Bloc a remporté six victoires consécutives au Québec. Cette fois, les Québécois ont voulu essayer autre chose et nous devons accepter cette volonté clairement exprimée », a-t-il insisté, sous les applaudissements. Il a souligné que les Québécois avaient massivement rejeté les conservateurs et les libéraux « qui ont fermé la porte au nez du Québec », pour appuyer le Nouveau Parti démocratique et donner une « dernière chance au fédéralisme ». « Les Québécois sont maintenant en droit de s’attendre à des résultats, au changement, à une reconnaissance concrète de la nation », a-t-il martelé.

Le politicien était entouré de son épouse Yolande et de ses enfants, tous très émus. Il a indiqué que la direction du Bloc se réunirait au cours des prochains jours pour organiser la suite des choses. Jusqu’à son arrivée, l’ambiance était funèbre chez les bloquistes, réunis au centre-ville de Montréal pour le dévoilement des résultats du scrutin. Malgré les espoirs initiaux, la soirée électorale a rapidement tourné au cauchemar. Une heure après la fermeture des bureaux de vote, le Nouveau Parti démocratique était déjà en avance dans 61 des 75 circonscriptions de la province. Pendant que sur l’écran géant, un réseau de télévision montrait un Québec presque tout orange, un cri de désespoir a retenti dans la salle. Un militant a même hurlé aux organisateurs de changer de poste.

Un militant de Lanaudière, Sylvain Labonne, retenait difficilement ses larmes devant « l’anéantissement du Bloc. « Je suis décapité », a-t-il confié. « On s’éloigne du pays ». Des partisans se disaient doublement déçus: par la déconfiture du Bloc d’abord, mais aussi par la majorité conservatrice. D’après les données disponibles, le NDP a récolté 43,2 pour cent des votes, contre 23,4 pour cent pour le Bloc, 16,7 pour les conservateurs et 13,6 pour cent pour les libéraux. Ces résultats sont encore plus renversants que tous ceux que les sondeurs annonçaient depuis plus d’une semaine. Au moment de la dissolution du Parlement, le parti souverainiste trônait en tête des sondages au Québec, avec 39 pour cent des appuis, un résultat comparable à celui du scrutin de 2008. Le NPD était à 16 pour cent.

Depuis sa première participation à une élection générale, en 1993, le Bloc n’avait jamais eu moins que 44 sièges, sur les 75 que compte le Québec. Il a même formé l’opposition officielle aux libéraux de Jean Chrétien, de 1997 à 2000. Les analystes ont souvent prédit la disparition du Bloc, ce parti né de la colère de Lucien Bouchard en 1990. Jusqu’à maintenant, la formation a toujours réussi à rebondir, en dépit de sombres pronostics. Elle aura certainement du mal à se relever de la dégelée que lui a infligée le NPD. Parce qu’il compte moins de 12 députés, le Bloc ne sera même plus considéré comme un parti politique reconnu, ce qui aura pour conséquence immédiate de le priver de subventions et de réduire presque à néant le temps dont disposent ses membres pour intervenir en Chambre.

UNE SOIRÉE HISTORIQUE POUR JACK

La formation de Gilles Duceppe n’avait clairement pas prévu l’explosion de popularité du parti de Jack Layton, dans la deuxième moitié de la campagne électorale. Le parti a d’ailleurs été forcé de revoir sa stratégie en catastrophe quand les premiers signes d’une vague orange sont apparus, au lendemain des débats télévisés. Au cours des derniers jours, Gilles Duceppe avait recentré son discours sur la défense des intérêts du Québec. Il avait redoublé d’ardeur pour fouetter les troupes souverainistes et les inciter à « faire sortir le vote », dans l’espoir de limiter les dégâts. Ces efforts se sont visiblement avérés vains.

MON VOTE POUR UN PAYS

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