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Mimi plus en forme que rodolfo

C’était une bonne idée de la direction artistique de l’Opéra de Montréal de confier les rôles-titres à des chanteurs de chez nous. Quand on pense que jadis l’accès à notre opéra n’était que réservé qu’à des étrangers. Et puis ici il y a une telle pépinière de talents. Donc nous avions de belles attentes. Malheureusement, si Mimi, la soprano Marianne Fiset, est une excellente cantatrice, on n’en dira pas de même de son partenaire dans le rôle de Rodolfo, Antoine Bélanger, qui avait plus l’air atteint de tuberculose qu’elle.

Dès les premières notes on a l’impression d’entendre du demi volume. Et c’est le ténor! Qu’est-ce que ça va donner mon dieu, quand viendra le moment de chanter « Che gelida manina » son grand air ? Eh bien c’est le crash. Il plafonne. L’orchestre l’a totalement noyé. A l’entracte je croise Chantal Lambert la directrice de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal et lui ai fait part de ma déception. Pour toute réponse elle me dit « Oh! c’est normal il est peut-être nerveux ». Ma chère Chantal qui formé les chanteurs de la relève, ce n’est pas une excuse. Quand les gens au parterre et à la rangée V, paie un peu plus de 100$ le billet ils s’attendent à un ténor en pleine possession de ses moyens.

La nervosité paralysante n’a pas sa place. Et dans le duo « O suave fanciulla » c’est la soprano qui enterre vocalement son amoureux. Dans les actes qui vont suivre, Rodolfo va reprendre un peu d’assurance, mais le mal était fait car tous les grands airs se jouent dans le premier acte. C’était foutu pour lui. Et quand on pense que dans le monde il y a tellement de chanteurs à voix, je pense à Stephen Costello, entre autres, c’est dommage. Je veux bien d’un casting québécois. Encore faut-il livrer la marchandise. Dans le rôle de Marcello, Étienne Dupuis fait une brillante prestation, de même que Lara Ciekiewicz dans la peau de Musetta, coquine à souhait.

DÉCORS MINIMALISTES

Je vois de plus en plus une tendance à rogner sur les dépenses en exploitant un seul décor existant pour lequel on ajoute quelques éléments d’accessoires et des modifications d’éclairage pour essayer de rendre le changement des scènes. Mais dans mon livre à moi ça ne marche pas. Tu ne peux pas passer de la chambre miteuse de Rodolfo (qui ici avait l’air d’un vaste entrepôt d’usine) au Café Momus sur un claquement de doigt avec juste deux ou trois bébelles. Et toujours finalement dans le même décor. J’ai déjà vu une production antérieure du même opéra à l’Opéra de Montréal, où les changements de décors étaient drastiques. Vous savez, le monde de l’opéra doit en être un d’extravagances, d’éblouissement. C’est un art total. Tu ne lésines surtout pas sur les moyens.

NOTE D’ENSEMBLE

A part le catastrophique Rodolfo, on peut dire que le message musical et quelques émotions ont fini par joindre le public. Qui ici est très gentil. A la Scala, Antoine Bélanger ce serait fait huer copieusement. Il a reçu des applaudissements dans la moyenne. A l’applaudimètre général c’était la même chose. Je pense que les gens ont passé une soirée relativement bonne, trop heureux d’entendre la belle musique de Puccini. A ce chapitre l’Orchestre Métropolitain sous la direction de maestro Giuseppe Pietraroia a fait un excellent travail. Tout y était. La mise en scène d’Alain Gauthier était tout ce qu’il y a d’indiqué. Mon traumatisme ça été le ténor. Je suis sorti de la salle avec le sentiment d’avoir vécu un coït interrompu.

La Bohème. Les 25, 28, 30 mai et 2 juin à 20h. 4 juin à 14h. Salle Wilfrid-Pelletier de la Place-des-Arts.

Les opinions exprimées sont
celles de l’auteur et ne
reflètent pas nécessairement celles de lametropole.com