La mesure permettrait aux consommateurs de « faire un choix clair », a expliqué Caroline Fraser, porte-parole du MAPAQ, au cours d’un récent entretien téléphonique avec La Presse Canadienne. Aucune date n’a encore été fixée pour son entrée en vigueur. « Une première consultation préalable a été faite auprès des associations intéressées, a précisé Mme Fraser. Une deuxième, plus formelle, aura lieu bientôt et permettra autant aux entreprises qu’aux consommateurs de se faire entendre. »
À l’Association des restaurateurs du Québec (ARQ), on dit « ne pas être contre » le projet, à condition toutefois « que ça soit fait de manière transparente », a commenté jeudi une porte-parole, Dominique Tremblay. « On sait que ça s’en vient et que c’est à peu près inévitable », a-t-elle reconnu. Les restaurateurs craignent notamment que des infractions qu’ils qualifient d' »administratives », comme la présence de peinture écaillée ou la défectuosité d’un robinet, ne se traduisent par un feu jaune qui ferait fuir les clients.
L’ARQ souhaite par ailleurs que les inspecteurs effectuent rapidement une visite de suivi après un feu jaune afin de vérifier si les correctifs nécessaires ont été apportés et qu’ils octroient, le cas échéant, un feu vert. À Toronto, les inspecteurs doivent se rendre une deuxième fois dans un établissement dans les 48 heures suivant un feu jaune. Il faut dire que les restaurateurs responsables ont tout à gagner avec cette initiative. Après tout, la médiatisation des cas d’insalubrité ternit l’image de l’ensemble de l’industrie.
Charles Tanguay, de l’Union des consommateurs, a récemment fait l’expérience du système torontois et le voit globalement d’un bon oeil. « En sortant du restaurant, j’ai vu cette affiche qui était justement au jaune et effectivement, ça laisse un peu perplexe de se faire dire qu’un restaurant est au purgatoire, a-t-il raconté. De le voir après coup, c’est un peu embêtant… Si je voyais cette affiche avant d’entrer, il faudrait vraiment que ça soit un restaurant que j’aime bien pour y aller malgré tout. »
HAUSSE DE LA CONFORMITÉ
Les autorités torontoises soutiennent que leur système, appelé DineSafe, a amélioré considérablement la salubrité des restaurants. Avant sa mise en place, moins de 50 pour cent des restaurants obtenaient la note de passage à leur première inspection. Un an à peine après l’instauration du programme, 78 pour cent des établissements inspectés recevaient un feu vert du premier coup. Le chiffre atteint aujourd’hui 91 pour cent. « DineSafe a augmenté l’efficacité du système d’inspection puisque la vaste majorité des restaurants réussissent leur première inspection sans qu’il soit nécessaire de repasser, de sorte que nos inspecteurs peuvent maintenant se rendre dans davantage d’établissements », a déclaré en janvier le médecin hygiéniste de Toronto, David McKeown.
La mesure a été reprise par plusieurs autres villes ontariennes ainsi qu’en Californie, à New York, à Shanghai, au Royaume-Uni et au Danemark. Le programme s’accompagne d’un site Web où il est possible d’obtenir facilement les résumés d’inspection de près de 15 000 établissements alimentaires. « Le MAPAQ aurait peut-être avantage, aussi, à rendre les constats d’infraction accessibles plus facilement », a relevé la porte-parole de l’ARQ. À l’heure actuelle, les condamnations sont publiées en bloc à tous les deux mois, par région administrative. Il est impossible d’effectuer une recherche par nom de restaurant.
Pour les restaurants de Montréal, une telle recherche est toutefois possible sur le site de la Ville. Si le MAPAQ décidait d’aller de l’avant avec le système des affichettes, Montréal, qui suit la réglementation de Québec, emboîterait automatiquement le pas, a indiqué jeudi une porte-parole, Valérie de Gagné.