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Hommage À claude lÉveillÉe…

Pour Guy Latraverse, qui a été son premier agent, il s’agit d’une perte immense pour le Québec. « Après Félix Leclerc, c’est le suivant », a-t-il insisté en entrevue à La Presse Canadienne. Les deux hommes ont travaillé en équipe pendant une quinzaine d’années, dans les années 1960 et 1970, à l’époque des boîtes à chanson. M. Latraverse a souligné que Claude Léveillée avait été le premier artiste québécois à « faire » la Place des Arts, en avril 1964. Il était aussi du mémorable spectacle « 1 x 5 » présenté à la Fête nationale de 1976.

Il partageait alors l’affiche avec Yvon Deschamps, Jean-Pierre Ferland, Gilles Vigneault et Robert Charlebois. « Je l’ai accompagné dans tout ce cheminement-là avec bonheur », a confié M. Latraverse. Le pianiste André Gagnon, qui a partagé la scène avec Léveillée pendant des années, garde lui aussi un souvenir ému de son ancien complice. L’artiste estime que le « talent immense » de Claude Léveillée va sans aucun doute lui survivre. « Il écrivait de la musique qui était d’un romantisme absolu, qui était d’une grande beauté », a-t-il insisté. Pourtant, à l’instar de plusieurs autres chansonniers, il ne lisait pas la musique et ne l’écrivait pas sur papier non plus. C’est son pianiste qui héritait du travail de transcription.

André Gagnon se trouve « privilégié » d’avoir côtoyé Léveillée pendant des décennies. Il lui a d’ailleurs rendu hommage en incluant sur son dernier album une chanson intitulée « Le piano de Claude ». « S’il ne m’avait pas choisi dans les années 60, ma vie aurait certainement été très différente », a-t-il confié. Pour sa part, le chroniqueur culturel Sylvain Ménard a rappelé qu’au milieu des années 1960, Claude Léveillée était « le chef » des chansonniers québécois. Il vendait plus de disques que Jean-Pierre Ferland et plus de billets de spectacle que Gilles Vigneault. Avant de faire carrière dans la chanson, Claude Léveillée était comédien. Il a d’ailleurs été l’un des fondateurs du théâtre de Quat’ sous, avec Paul Buissonneault et Jean-Louis Millette.

Dans les années 1950, il a aussi interprété des personnages pour enfants de la télévision de Radio-Canada, qui en était alors à ses débuts. Le plus célèbre est sans contredit Clo-Clo, dans l’émission Domino. Il faisait aussi partie du collectif de chansonniers « Les Bozos », qui a entre autres compté Clémence Desrochers et Raymond Lévesque parmi ses membres. Bref, « il a été mêlé à plusieurs entreprises qui ont donné naissance au gros Québec culturel que l’on connaît maintenant », a résumé Sylvain Ménard. Son décès a été souligné jeudi matin à l’Assemblée nationale. À l’issue de la période des questions, le premier ministre Jean Charest a estimé que Claude Léveillée avait « défini, en quelque sorte, notre culture ».

« Il a aussi beaucoup contribué à donner aux Québécois le reflet d’eux-mêmes », a-t-il souligné. La ministre de la Culture Christine St-Pierre s’est quant à elle dite « énormément attristée » par la nouvelle. « C’est d’une grande tristesse parce que ça nous rappelle de magnifiques souvenirs, de magnifiques chansons. Il y a des airs qui nous viennent en tête spontanément », a ajouté celle qui se décrit comme « une fan » du chansonnier. La ministre a indiqué que des représentants du gouvernement étaient en contact avec la famille. Elle n’a pas exclu l’organisation de funérailles nationales pour l’auteur de « Frédéric ». Pour le Parti québécois, le Québec vient de perdre « un géant », qui a vécu une vie « grandiose ».

« À une époque où le Québec n’avait pas encore d’industrie musicale, il fut un des pionniers à bâtir une scène populaire authentiquement québécoise. De la bohème des boîtes à chansons jusqu’au sommet du Mont-Royal lors du légendaire spectacle Une fois Cinq, en passant bien sûr par les grandes scènes parisiennes, Claude Léveillée a brillé partout de façon magistrale », a déclaré la chef, Pauline Marois. Dans un communiqué, l’Union des artistes a déclaré que Claude Léveillée avait « donné à la culture québécoise des oeuvres parmi ses plus belles ». « Un grand cheval blanc a parcouru le ciel de Montréal aujourd’hui. C’était la monture de monsieur Claude Léveillée », a conclu le président de l’organisation, Raymond Legault. Il faisait référence à « La légende du cheval blanc », l’une des chansons les plus célèbres de l’artiste.

HOMMAGE DES FRANCOFOLIES

La direction des FrancoFolies de Montréal a pour sa part fait savoir qu’elle dédie l’édition 2011 de l’événement, qui débute justement ce jeudi soir, à Claude Léveillée. Dès jeudi soir, juste avant le spectacle extérieur de Marjo et ses hommes sur la Place des festivals, on va projeter sur grand écran des extraits de concerts de l’artiste qui avait donné cinq spectacles dans le cadre de ces mêmes FrancoFolies. Par ailleurs, on a prévu installer une grosse boîte lumineuse avec photo géante de Léveillée à l’extérieur de la Place des arts, à la hauteur de la salle Wilfrid-Pelletier. Enfin, des artistes se produisant aux FrancoFolies d’ici le 18 juin seront invités au cours de leur spectacle à interpréter une ou des chansons de Claude Léveillée. Des discussions sont en cours avec certains artistes dont Jean-Pierre Ferland.

Claude Léveillée avait fait une première incursion aux FrancoFolies en 1991, avec un spectacle présenté conjointement avec Clémence Desrochers et André Gagnon, avec qui il avait travaillé 30 ans plus tôt. L’artiste avait aussi offert un autre spectacle, avec Jo Bocan, en 1993. Il avait aussi fait un spectacle avec Robert Charlebois. De plus, on avait souligné ses 40 ans de carrière lors d’un spectacle dont il était le héros.