Le public prouve ainsi hors de tout doute qu’il tient à participer au rendez-vous artistique printanier le plus audacieux, et à lancer la saison des grands festivals de la métropole avec le Festival TransAmériques. Commençons par les chiffres. Au terme de cette cinquième édition, le FTA se réjouit que le public ait relevé d’aussi impressionnante façon le défi de l’abondance auquel on le soumettait. En effet, 32 spectacles et événements ont été présentés dans une quinzaine de lieux de diffusion ainsi que dans l’espace public montréalais, une augmentation de 22 % de l’offre de propositions artistiques par rapport à l’année précédente.
Les spectateurs, encore plus curieux et avides que d’habitude, ont répondu à l’appel en tapant du pied : la fréquentation au FTA a augmenté de près de 200 % en un an avec 53 000 festivaliers prêts à découvrir le travail de 540 artistes venus d’ici et d’une douzaine de pays. Les 101 représentations des 28 spectacles en salle ont affiché un taux d’assistance de 87 % ; et plus de 50 % d’entre elles ont été données à guichets fermés. Plus d’une centaine de diffuseurs de l’extérieur de Montréal, dont 70 % de l’étranger, ont également assisté au Festival. 120 journalistes locaux et une vingtaine de journalistes de l’étranger ont aussi été accrédités.
Insistons sur la création. Sans hiérarchie aucune pour les formes ou les formats, et toutes générations confondues, le Festival TransAmériques met chaque année en lumière des artistes qui vont au-delà des disciplines de la danse et du théâtre, avec des pensées qui décoiffent et des oeuvres qui bousculent. Dès son coup d’envoi avec TRUST, un spectacle de la mythique Schaubühne de Berlin signé par deux artistes aux abords de la quarantaine, le ton était donné : la jeunesse allait avoir les commandes de cette cinquième édition et allait demeurer en synergie avec notre époque !
En coproduisant six spectacles d’ici (La porte du non-retour, Le continental XL, Moi qui me parle à moi-même dans le futur, o deer !, Mille Anonymes et L’enclos de l’éléphant) et, pour la première fois, un spectacle étranger, Neutral Hero des New York City Players, le FTA poursuit son rôle de partenaire de la création. En programmant de nombreux jeunes artistes, il favorise l’émergence d’auteurs, metteurs en scène et chorégraphes d’ici et d’ailleurs, leur offre un écrin sans pareil tout en les introduisant dans des réseaux de diffusion solides et prometteurs à l’échelle internationale.
LE CONTINENTAL XL
Parmi les artistes attendus qui présentaient de nouveau leur travail au Festival TransAmériques,
Israel Galván, Lia Rodrigues, Marie Brassard, Dave St-Pierre et Brigitte Poupart, Alain Platel et Vanessa Van Durme sont une fois de plus parvenus à transcender leur art avec des spectacles qui laissent des impressions durables et pénétrantes auprès du public. Sous les hauts projecteurs de la place des Festivals ou agglutinés dans d’improbables interstices de l’architecture du centre-ville, les bataillons d’artistes réunis par les créateurs Sylvain Émard et Willi Dorner ont su étonner les Montréalais respectivement avec Le continental XL (et ses 210 joyeux danseurs !) et Bodies in Urban Spaces, deux événements hors normes où le plaisir de l’inattendu était indiscutablement au rendez-vous.
La nature humaine dans tous ses états aura constitué la matière première des artistes à l’affiche du Festival cette année. Disséqué et examiné sous toutes ses coutures, l’humain aura été exposé autant dans son intimité la plus radicale qu’en réaction avec les systèmes sociaux et politiques qu’il a érigés. Au désenchantement et à la désillusion des uns aura finalement répondu le sacré et le spirituel de Lemi Ponifasio avec Tempest: Without a Body en clôture du Festival. Applaudissons le public. Témoins de la vitalité de la scène contemporaine internationale, les spectateurs du FTA, à l’écoute de la parole des créateurs, entretiennent une ouverture d’esprit et un goût du risque et de l’inconnu qui en font des interlocuteurs précieux pour les artistes.
Fréquentant les événements du Festival, sans aucune discrimination des genres ou des générations, ils apprécient l’acte créateur dans son entièreté, comme le prouve le grand nombre d’entre eux qui assiste aux rencontres, tables rondes et symposium. Autre source de satisfaction : le public accepte de ne pas sortir indemne des chocs imposés par certaines oeuvres. Qu’on soit franchement divisé ou unanimement séduit, personne ne rentre tranquillement chez soi après un spectacle du FTA ! Donnons-nous rendez-vous. Après cinq ans d’existence, le Festival TransAmériques croit avoir réussi son pari d’implanter à Montréal un grand festival de réputation internationale, unique en son genre, fondé d’abord et avant tout sur la création théâtrale et chorégraphique.
Galvanisé par la réponse plus qu’enthousiaste du public, c’est aussi avec le sentiment d’avoir rempli sa promesse de lui offrir des oeuvres qui l’habitent longtemps, et résonnent tout autant sur la place publique, que le FTA l’attend du 24 mai au 9 juin 2012 pour sa sixième édition. À l’an prochain !