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Postes: un projet de loi est dÉposÉ

L’opposition à Ottawa a prestement dénoncé cette façon de faire et exhorte plutôt le gouvernement à jouer un rôle plus actif dans les négociations. Celles-ci avaient pourtant finalement repris plus tôt lundi après-midi mais la ministre du Travail, Lisa Raitt, a défendu son projet en affirmant que les parties avaient eu amplement le temps de s’entendre. « Nous sommes ici pour forcer le retour des gens au travail parce que cela affecte l’économie nationale et parce que leur processus de négociation ne marche pas », a-t-elle déclaré, peu après le dépôt.

Mme Raitt a indiqué avoir tenu une conférence téléphonique plus tôt lundi avec le président de Postes Canada et le président du syndicat des employés, la première rencontre entre eux depuis près de deux semaines. « Cela m’a donné beaucoup d’espoir », a déclaré Mme Raitt. « C’est important pour eux de vraiment regarder la situation et de savoir que le processus de négociation à leur disposition est mieux que le processus de loi spéciale », a-t-elle ajouté. Le projet de loi prévoit qu’à la fois le syndicat et la partie patronale doivent mettre sur la table leur meilleure offre. L’arbitre choisira une des deux options.

Pour cette raison, Mme Raitt croit que cela va inciter les deux parties à présenter la meilleure offre possible, dans l’espoir que ce soit la leur qui soit choisie. Elle se défend de favoriser l’employeur qui est pourtant celui qui a décrété le lock-out, privant ainsi les Canadiens de leur courrier. « L’enjeu n’est pas celui qui est à l’origine de l’arrêt de travail. L’enjeu est que cela fait mal à l’économie canadienne et que cela fait mal aux Canadiens », s’est ainsi justifiée la ministre, affirmant que le dépôt d’une telle loi est « un rôle approprié pour le gouvernement ». Le chef de l’Opposition officielle néo-démocrate, Jack Layton, a déjà promis de tout mettre en oeuvre pour bloquer un projet de loi spéciale, estimant que la négociation doit suivre son cours sans intervention d’Ottawa.

Des proches de M. Layton n’ont pas écarté la possibilité d’un « filibuster » pour bloquer une loi spéciale. Mais la ministre a déjà averti que le gouvernement est prêt à couper court aux débats en Chambre, si l’opposition tente de parler indéfiniment dans le but de retarder le processus législatif. Elle croit qu’il est possible d’adopter le projet de loi avant la pause d’été, qui est prévue en fin de journée jeudi. La tactique gouvernementale pourrait fonctionner. La semaine dernière, Air Canada avait trouvé un terrain d’entente avec ses employés, quelques heures après qu’eut été déposée au Parlement une loi spéciale de retour au travail.

Mais selon le député du Nouveau Parti démocratique Yvon Godin, avec cette façon de procéder, ce sont les travailleurs qui vont être les grands perdants. Il croit que l’attitude du gouvernement laisse présager des jours sombres. « Le gouvernement Harper est en train de s’ingérer dans les négociations. (…) Il rouvre la porte pour les prochains employeurs de juste pas négocier de convention collective parce que le gouvernement va venir à leur rescousse », a insisté M. Godin. Mais d’ici l’adoption du projet de loi, le syndicat et la partie patronale ont encore un peu de temps pour s’entendre. C’est d’ailleurs la façon de procéder privilégiée par l’opposition.

« Je pense toujours qu’une solution est possible (…) c’est toujours mieux quand les parties essaient de trouver une solution eux-mêmes. Alors je préfère beaucoup d’encourager tout le monde à retourner à la table… », a fait valoir le chef intérimaire du Parti libéral, Bob Rae.

MANIFESTATIONS

Vivement opposés à une telle loi de la part du gouvernement, les syndiqués des Postes avaient d’ailleurs prévu lundi de nombreuses manifestations à travers le pays, dont à Ottawa, Montréal, Calgary, Edmonton, Saint-Jean au Nouveau-Brunswick, Moncton, Bathurst et Miramichi. « Cette attaque en règle du gouvernement Harper contre les employés du secteur postal n’est que le début d’une offensive beaucoup plus large contre les services publics auxquels nos communautés sont attachées », a dénoncé Alain Duguay, président de la section montréalaise du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes.

Même s’ils sont forcés de retourner au travail, les travailleuses et travailleurs des postes ont l’intention de rester mobilisés afin de se battre pour leurs droits et ceux de l’ensemble des travailleurs. Après deux semaines de grèves tournantes, Postes Canada a décrété un lock-out mercredi dernier, invoquant des pertes de 100 M$ en raison des perturbations, ce qui a paralysé le service postal à travers tout le pays.

LES CHÈQUES SONT DISTRIBUÉS

Par ailleurs, lock-out ou pas, plusieurs Canadiens trouveront tout de même des enveloppes dans leur boîte aux lettres ces jours-ci. En vertu d’une entente conclue bien avant le conflit, les travailleurs de Postes Canada se sont en effet engagés à distribuer les chèques gouvernementaux de prestations diverses, comme l’aide sociale, les pensions de vieillesse et les prestations de soutien aux familles. Selon le syndicat, près de 9000 de ses membres participent au traitement et à la livraison de plus de deux millions de chèques ce mois-ci. Les syndiqués ne sont pas rémunérés pour livrer les chèques mais ils recevront un montant forfaitaire de 50 $.