Les députés débattaient de la question en chambre depuis jeudi soir, soit depuis près de 58 heures sans interruption, en raison d’une tactique d’obstruction systématique des néo-démocrates, chacun, à tour de rôle, utilisant son droit de parole de 20 minutes. « Après un délai totalement inutile, je suis toutefois heureux du fait que les Canadiens auront très bientôt accès à leur service postal, a affirmé le premier ministre Stephen Harper après le vote. Nous savons de quel côté le public se situe. »
L’issue inévitable du dossier, soit l’adoption du projet de loi par le gouvernement conservateur compte tenu de sa majorité de députés aux Communes, a commencé à devenir de plus en plus proche samedi dans le courant de la journée lorsque le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) a demandé au NPD de sauver les meubles. Vendredi soir, la ministre Raitt avait rencontré les négociateurs du STTP et ceux de Postes Canada, avec des représentants du Service fédéral de médiation et de conciliation, pour voir si les deux parties étaient prêtes à retourner à la table de négociations.
Les négociations étaient rompues depuis mercredi soir. Puis, samedi matin, des représentants du syndicat et de Postes Canada se sont aussi rencontrés directement, a indiqué le STTP dans un communiqué de presse samedi en début de soirée, avant le vote aux Communes. « Bien que nous ayons fait des compromis, les négociations ont échoué, précise le communiqué du syndicat. Postes Canada est encore une fois restée campée sur ses positions. […] Compte tenu de ces circonstances, nous avons demandé au NPD de proposer des amendements pour faire supprimer les aspects les plus révoltants du projet de loi. »
La ministre Raitt avait aussi rencontré les députés néo-démocrates Yvon Godin et Joe Comartin, pour tâter le pouls de l’opposition officielle en vue de l’adoption du texte de loi, et afin d’en finir avec le débat qui retenait les députés à la Chambre des communes alors qu’ils devaient quitter pour leurs vacances d’été jeudi. Samedi soir, après le vote, la ministre a déclaré que son gouvernement a reçu un mandat fort des Canadiens pour mener à bien la reprise économique. « Il est évident que cet arrêt de travail cause des torts importants aux petites entreprises et aux consommateurs partout au pays. Nous agissons pour protéger l’économie du pays grâce à une mesure législative équitable qui permettra aux Canadiens de recevoir leur courrier. »
UN JOUR NOIR POUR LES TRAVAILLEURS OUVRIERS
Samedi soir, Denis Lemelin, président national du STTP et négociateur en chef pour le syndicat, s’est dit extrêmement déçu de l’adoption du projet de loi. « C’est un peu tragique pour la démocratie au pays et la question de libre négociation», a-t-il affirmé. Il a en outre qualifié l’adoption de cette loi comme un « jour noir pour les travailleurs ouvriers au Canada ». « La loi, qui est punitive et injuste aux travailleurs dans leur droit de négocier. La loi ne punit pas l’employeur. » Selon M. Lemelin, les relations de travail seront difficiles.
De son côté, Alain Duguay, président de la section locale Montréal et Rive-Sud du STTP, n’a pas caché sa frustration. « Si les débats ont été aussi longs, c’est que Harper s’en est mêlé. C’est une attaque pas juste envers Postes Canada, mais au monde ouvrier. Les craintes des Québécois d’un gouvernement majoritaire sont confirmées. »
Source : QMI