« La direction et le conseil du Groupe TMX estiment que la fusion TMX-LSEG aurait accéléré la réalisation de notre stratégie d’affaires et créé de la valeur pour les actionnaires, tout en améliorant la performance des marchés financiers de notre pays », a déclaré M. Kloet dans un communiqué. Il a ajouté que le TMX demeurait solide, malgré l’échec de son projet, annoncé en février dernier. En conférence téléphonique, M. Kloet a refusé de spéculer sur les motifs des actionnaires qui se sont opposés à la fusion.
De son côté, la direction du London Stock Exchange Group (LSEG) a indiqué mercredi qu’une majorité écrasante d’actionnaires ayant voté par procuration appuyaient la transaction. Le pdg Xavier Rolet s’est dit très déçu des résultats du processus de ratification. « Nous croyons que la fusion représentait une occasion unique pour les actionnaires du Groupe TMX », a-t-il déclaré. Il a ajouté que le LSEG avait d’autres projets de croissance dans les marchés des capitaux, les services d’information et la technologie, entre autres.
TMX VERSERA 10 MILLIONS $
AU LSEG EN FRAIS D’ANNULATION
La bourse canadienne a indiqué qu’elle étudierait toutes les occasions d’affaires qui se présenteront à elle, incluant la proposition du consortium Maple, qu’elle a déjà rejetée à deux reprises. Le LSEG recevrait un autre dédommagement de 29 millions $ si une transaction était conclue entre les deux groupes canadiens au cours des 12 prochains mois. Ces frais étaient prévus dans la convention de fusion. Le consortium Maple regroupe 13 gros joueurs du monde canadien de la finance. La Banque Nationale, le Mouvement des caisses Desjardins et la Caisse de dépôt et placement du Québec en font partie, tout comme les banques Scotia, TD et CIBC, entre autres.
Cette organisation ad hoc offre 50 $ par action du Groupe TMX, pour un total de 3,8 milliards $. En vertu de sa proposition, aucun des actionnaires ne posséderait plus de 10 pour cent des actions de TMX. Le public investisseur détiendrait 40 pour cent de l’entreprise. Dans un communiqué, le porte-parole de Maple et vice-président de la Banque Nationale, Luc Bertrand, s’est dit heureux de la décision des actionnaires de la Bourse de Toronto. « Nous espérons maintenant pouvoir engager un dialogue positif avec le conseil d’administration du Groupe TMX, a-t-il déclaré. Nous croyons sincèrement que notre vision constitue la meilleure voie d’avenir pour le Groupe TMX et les marchés financiers canadiens. »
Le pari de Maple n’est toutefois pas gagné d’avance. Plusieurs critiques, dont Thomas Kloet, estiment en effet que le regroupement du TMX avec le parquet alternatif Alpha et la chambre de compensation CDS _ qui appartiennent aux banques membres du consortium _ créerait un quasi-monopole dans le domaine des transactions boursières au pays. Le Bureau de la concurrence doit se pencher sur la transaction. Les autorités des valeurs mobilières du Québec, de l’Ontario, de l’Alberta, de la Colombie-Britannique et de l’Alberta auront aussi leur mot à dire. Le Groupe TMX possède notamment les Bourses de Toronto et de Montréal de même que la Bourse de croissance TSX.
À Bruxelles, où il est de passage dans le cadre d’une mission européenne jusqu’à vendredi, le premier ministre Jean Charest a préféré réserver ses commentaires pour jeudi. Il a appris la nouvelle vers 19 heures (heure locale), à la suite d’une rencontre avec le ministre-président de la Flandre, Kris Peeters. « Je l’apprends sur le pas de la porte en même temps que vous. Je n’ai aucune autre information que celle-là », a-t-il dit, en point de presse, à l’issue de la rencontre, en ajoutant qu’il commenterait les faits le lendemain. Au début de la semaine, le projet de fusion TMX-LSEG avait reçu l’appui de 11 personnalités du milieu torontois des affaires, dont le pdg de Caldwell Securities, Tom Caldwell, et celui de CI Financial, Bill Holland.
Les firmes conseils ISS et Glass, Lewis & Co. avaient en outre recommandé aux actionnaires des deux sociétés de l’appuyer. La proposition suscitait toutefois des inquiétudes dans les rangs des parlementaires à Québec, à Queen’s Park et à Ottawa. Mercredi matin, le porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière de Finances, Peter Julian, affirmait que la transaction serait mauvaise pour le Canada, entre autres parce qu’elle équivaudrait à une prise de contrôle de la Bourse de Toronto par une institution étrangère.
Les actionnaires du LSE auraient en effet détenu 55 pour cent des actions de la bourse fusionnée. Le financier montréalais Stephen Jarislowsky s’était lui aussi opposé à la fusion. À son avis, Toronto n’a pas besoin de Londres pour devenir un joueur mondial dans la négociation de titres. Mercredi, l’action de TMX à la Bourse de Toronto a clôturé en hausse de 64 cents, à 44,20 $.