«Une lettre» souligne les 35 ans de carrière de Laurence Jalbert. La
chanteuse a fait ses débuts dans les bars et a ensuite fait partie du
groupe Volt dans les années 80 avant de connaître le succès grâce à la
pièce «Tomber» en 1989. Un premier album éponyme suivra en 1990. «Tout
porte à croire», son dernier disque, a vu le jour en 2007. «Une
lettre» propose notamment de nouvelles versions de succès de l’artiste.
Comment cet opus a-t-il pris forme? «De par la tournée que j’ai
commencée en septembre dernier.
Au moment où les répétitions ont
commencé, je me suis installée avec mon ami Pierre Doré et Jean-Phillipe
Lagueux, mes deux musiciens qui sont hyper polyvalents et qui jouent de
tout. J’avais en tête une ambiance, une volonté de trouver un son
spécifique, mais je n’étais pas capable de mettre le doigt dessus (…).
Tout à coup, on a trouvé la bonne ligne de conduite pour (les premières)
chansons», répond Laurence Jalbert en entrevue dans un resto du
Vieux-Québec. Après quelques représentations de son nouveau
spectacle, elle a eu l’idée «d’arrêter certaines chansons dans le
temps». Ce projet d’album est ainsi né.
Elle a alors choisi de
réenregistrer de manière acoustique, folk et épurée ses tubes Corridor, En courant, Au nom de la raison, «Comme tu me l’as
demandé» et «Encore et encore». Dans le cas de ce disque, le terme acoustique n’est pas synonyme de simple et dénudé. On retrouve plusieurs instruments sur Une lettre. Piano, orgue B3, accordéon, banjo, mandoline, guitare pedal steel et mélodica viennent notamment habiller les pièces. Sur
cet opus, on retrouve deux nouvelles chansons, dont Vouloir t’aimer.
«Je pense que c’est l’une des belles chansons d’amour que, en toute
humilité, j’ai réussi à écrire. Ce n’est pas facile d’écrire l’amour. On
peut écrire n’importe quoi ou on peut écrire l’amour. J’ai essayé
d’écrire l’amour», affirme Laurence.
La touchante Lettre, une
autre nouveauté, y figure aussi. «C’est un arrêt lors d’un moment où tu
coures un peu après ta vie. Si je regarde en avant et en arrière, quel
chemin est le plus long? C’est celui d’en arrière (…). Pour le temps
qu’il me reste, je choisis chaque personne, chaque détail, chaque
endroit où je veux aller», dit-elle. Cette pièce prend des allures
de testament. «J’ai (mis en mots) là où je suis rendue dans ma vie,
une lettre ouverte à tous ceux que j’ai aimés», ajoute-t-elle. Tout
au fil de notre conversation, la notion de destin reviendra souvent.
Rien n’arrive pour rien, même les malheurs, croit la chanteuse.
«Si
c’est pour t’arriver à toi, ça va t’arriver. Ce n’est pas une raison
pour rester assis sur le divan. Tu n’as pas besoin de courir après, ça
va t’arriver, le bonheur comme le malheur», affirme-t-elle. Pour
Laurence, la mémoire et l’enfance sont importantes. Cette étape de sa
vie a d’ailleurs permis de la former, de faire d’elle la personne
qu’elle est actuellement. Jusqu’à l’âge de 16 ans, elle a vécu en
Gaspésie. «Chez nous, c’est là-bas», croit celle qui est revenue dans
cette région. Elle y habite désormais une partie de l’année. «C’est le
paradis, où l’on guérit de tous ses maux», dit-elle au sujet de son coin
de pays.
La musique de Petula Clark a notamment marqué sa
jeunesse. Sur «Une lettre», elle reprend d’ailleurs «Je me sens bien
auprès de toi», dans une version réalisée par Ian Kelly. «Un génie», dit
Laurence au sujet du chanteur montréalais. Une seconde pièce de
la Britannique y figure également: «Viens changer ma vie» («Colour My
World»), une chanson qu’avait aussi interprétée Renée Martel, une autre
idole de jeunesse. «C’est totalement voulu», lance-t-elle au sujet de ce
morceau enregistré par ses deux modèles. Petite, Laurence
chantait en cachette, à l’extérieur, car elle était très timide.
Elle
interprétait alors des chansons de Petula Clark. La musique live et le
western ont aussi marqué son enfance. Même si Ian Kelly réalise un
titre, Hugo Perreault a vu au reste de l’album. Il en signe également
les arrangements. «Sourire, sourire, sourire… Le fun…. Jamais de
pression», dit-elle. Cet ex-membre d’Okoumé avait aussi participé à la
réalisation du quatrième album de Laurence, «… et j’espère». Sur
«Une lettre», on retrouve également une version de «Lucille» de Kenny
Rogers et «Belle Nuit», tirée des «Contes d’Hoffman» de Jacques
Offenbach.
UN ALBUMJETÉ AUX OUBLIETTES
Laurence
Jalbert souhaitait d’abord faire un tout nouvel album. Alors qu’elle
répétait en vue de son présent spectacle, elle a toutefois changé de
cap, musicalement parlant. Elle baignait alors dans une autre ambiance
sonore. Le projet de disque auquel elle songeait avant «Une lettre» a
donc été jeté aux oubliettes. Le futur album de la chanteuse sera
très différent de ce qu’elle avait prévu initialement. «Il va y avoir un
album, mais ce sera un autre projet. On ne refait pas ce qui a été
fait, à part si l’on veut obtenir un autre résultat. Ma définition de la
folie, c’est faire et refaire les mêmes choses en espérant des
résultats différents» (…). Je vais avoir un autre projet, d’autres
projets, mais ça ne donnera jamais l’album que j’avais en tête il y a un
an et demi», raconte-t-elle.
Pour le moment, Laurence ignore
quelle saveur, quelle orientation, prendra ce futur opus. Elle laisse la
vie et le destin suivre leur cours.
CHANGEMENT D’ÉTIQUETTE ET DE GÉRANCE
Laurence
Jalbert a passé 21 ans chez Audiogram. Elle y était bien. Par contre,
une fois son contrat arrivé à terme, elle a décidé de créer sa propre
étiquette de disques: PLJ. Les circonstances étaient propices et la
chanteuse était bien entourée. «C’est mon équipe de gérance qui
s’en occupe. On est trois personnes: deux dans le bureau et moi, je suis
la chanteuse sur la route. Il était temps que je le fasse. Il a juste
fallu que j’attende d’avoir les bonnes personnes autour de moi»,
explique Laurence. La rousse chanteuse a aussi changé de gérant.
Elle oeuvre désormais avec Daniel Boucher (à ne pas confondre avec le
chanteur), qui voit aussi à la carrière de Patrick Norman. L’imprésario
ne compte que ces deux artistes dans son écurie. Il peut donc mieux
accompagner ses protégés, selon la chanteuse. La productrice en
elle a également décidé d’aller «partout avec cet album-là et d’aller
rencontrer le monde direct sur place». De la Côte-Nord en passant par
Québec, Laurence veut parler à ses admirateurs et leur serrer la main.
SPECTACLES
En
août et en octobre, on verra Laurence Jalbert lors du spectacle
«Laurence Jalbert et le Grand Choeur». Elle sera alors accompagnée de
plus de 400 choristes. Des représentations sont prévues le 20 août au
Grand Théâtre de Québec; le 1er octobre au Théâtre du Palais Municipal
de Saguenay; et à Montréal, à la Place des Arts, le 9 octobre. De nombreux autres spectacles sont aussi inscrits à l’agenda de l’artiste au Québec et aussi au Nouveau-Brunswick et en Ontario.