Bono et sa bande ont électrisé la foule, conquise d’avance, pendant toute la durée du spectacle. Et curieusement, dans les derniers moments de la soirée, les éléments se sont déchaînés sur la ville. De fortes rafales de vent et une pluie battante se sont abattus sur la foule, déjà résignée à passer un long moment dans les transports en commun avant de rentrer à la maison.
La météo avait pourtant été du côté des organisateurs pendant toute la journée. Lorsque U2 est monté sur scène, vers 21 h 15, le soleil venait tout juste de se coucher sur la métropole. Le groupe indie rock Interpol avait auparavant eu la lourde commande de réchauffer les 80 000 spectateurs avant l’arrivée du célébrissime quatuor. Leur prestation, d’une durée d’environ 45 minutes, a été diffusée sur le grand écran circulaire, mais sans artifices. Et lorsque le chanteur Paul Banks a lancé « Voilà, c’est tout », il était bien clair que ce n’était pas tout. Ce n’était que le début.
Comme il l’avait fait lors des derniers spectacles de la tournée U2360, le groupe irlandais a donné le coup d’envoi avec la chanson « Even Better Than the Real Thing » après avoir mis la table avec la chanson « Space Oddity », de David Bowie. Le groupe a ensuite enchaîné avec « The Fly » et « Mysterious Ways », aussi tirées de l’album « Achtung Baby » (1991). Le ton était donné. Rares sont ceux qui, dans les gradins d’acier, sont restés assis. Les gigantesques structures en acier – du moins celle située devant l’Hippodrome, où se trouvait La Presse Canadienne – bougeaient dangereusement au son de la musique, surtout pendant les chansons comme « Out of Control » ou « Beautiful Day ».
Cette chanson, que Bono a dédiée à la représentante démocrate Gabrielle Giffords, a été présentée par l’époux de cette dernière, l’astronaute Mark Kelly. « Bonjour Montréal, en direct de la Station spatiale internationale », a lancé M. Kelly. « Dites à mon épouse que je l’aime », a-t-il conclu après avoir entonné un passage de « Beautiful Day » avec Bono. Le gigantesque dispositif scénique surnommé « The Claw », imaginé par Bono spécialement pour la tournée U2360, était entouré de deux passerelles mobiles faisant le pont entre la scène principale et une plateforme, elle aussi circulaire. Bono, The Edge et Adam Clayton l’ont foulée à plusieurs reprises afin de s’approcher du public.
Pendant la chanson « Miss Sarajevo », l’écran géant circulaire, qui permettait au public de ne rien manquer, s’est désarticulé. En descendant, il a fini par former un cylindre sur lequel des projections colorées défilaient. Ce rideau de plasma est demeuré baissé pendant quelques chansons, jusqu’à ce que les premières notes de « Sunday Bloody Sunday » se fassent entendre. Après cette pièce, des bénévoles de l’organisation Amnistie internationale ont défilé sur la plateforme ceinturant la scène, munis de lampions à l’effigie du groupe humanitaire. Le cortège a ainsi déambulé pendant la chanson « Walk On », dédiée aux prisonniers politiques qui croupissent dans les geôles de la Birmanie.
« Gardez-les dans vos prières », a demandé Bono, bien connu pour ses prises de position sociales, politiques et humanitaires. Le visage de l’ancienne candidate à la présidence birmane, Aung San Suu Kyi, est alors apparu à l’écran. Elle a invité le public à s’impliquer au sein d’organisations humanitaires comme Amnistie internationale, Greenpeace et la fondation « One ». Le public a alors saisi que la célèbre balade portant le même nom allait suivre. Le spectacle s’est conclu vers 23 h 15 avec la pièce « Moment of Surrender », au moment même où Dame Nature a décidé qu’elle avait assez donné pour la journée.
« Excellent », « Merveilleux », « Formidable », « Mémorable ». Si les spectateurs croisés à l’issue du spectacle disaient manquer de mots pour décrire le moment qu’ils venaient de vivre, ils ne manquaient certes pas d’adjectifs pour qualifier la prestation du groupe rock, qui était de retour à Montréal après une absence de cinq ans. « C’était bon à 360 pour cent », a indiqué une dame croisée à l’issue du spectacle. Malgré la foule imposante et le déluge qui s’est abattu sans crier gare sur Montréal, le Service de police de la Ville de Montréal ne signalait aucun incident majeur à la sortie du spectacle.
L’arrivée des fans à l’Hippodrome a toutefois été compliquée lorsque ceux-ci ont pris d’assaut le métro, vers 19 heures. D’importants ralentissements ont alors été rapportés par des passagers. Selon la porte-parole de la Société des transports de Montréal, Marianne Rouette, c’est pour assurer leur sécurité que la STM a volontairement prolongé l’arrêt des métros aux stations pour éviter les bousculades à l’arrivée à l’Hippodrome. Résultat: les organisateurs ont dû commencer le spectacle avec plusieurs minutes de retard. Les autorités invitent donc les fans à arriver plus tôt sur le site samedi soir en vue du deuxième spectacle de U2 dans la métropole. Ce spectacle sera diffusé en direct, en format audio, sur le site Internet du groupe. Jeudi, lors de la visite qui avait été organisée pour les médias sur le site de l’Hippodrome, le directeur de la tournée U2360, Craig Evans, avait annoncé que les deux concerts montréalais seraient diffusés sur le site du groupe.
Or, après vérification, il appert que seules les trois premières chansons du concert de samedi seront diffusées en direct sur le site du groupe rock, à compter de 20 h 30. Les abonnés du groupe auront droit, pour leur part, à une retransmission intégrale du spectacle. Pour s’abonner, il faut être prêt à se délester de 50 $. À titre comparatif, le prix du billet le moins cher pour voir le groupe en direct à l’Hippodrome était d’environ 55 $ lors de la mise en vente des billets, en 2009. La tournée U2360 prendra fin le 30 juillet à Moncton. La formation montréalaise Arcade Fire doit assurer la première partie de ce concert en compagnie du groupe Carney.