On ne sait pas quel impact aurait la fermeture des cinq centres de distribution du Québec en termes d’emplois. Certains d’entre eux appartiennent à des sous-traitants. L’an dernier, Saputo avait fermé ses centres de distribution en Ontario et avait transféré leurs activités dans de nouvelles installations situées à Vaughan, au nord de Toronto. Cette décision, combinée à la fermeture de l’usine de Brampton, avait entraîné la suppression de 190 postes. Ces restructurations s’inscrivent dans le cadre du « processus d’analyse continuelle » des pratiques de l’entreprise visant à réduire ses coûts d’exploitation. L’efficacité accrue découlant de mesures semblables mises en place au cours des derniers mois a contribué à l’amélioration des résultats de Saputo à son premier trimestre, qui a pris fin le 30 juin.
RÉSULTATS
Les profits nets ont atteint 126,6 M$ (61 cents par action), en hausse de 13,3 pour cent par rapport aux 111,7 M$ (53 cents par action) dégagés pendant la même période de l’an dernier. Outre la réduction de ses coûts, Saputo a profité de la hausse des prix du fromage sur le marché. Or, les analystes sondés par Thomson Reuters tablaient en moyenne sur un bénéfice par action plus élevé – 63 cents – et de meilleures marges bénéficiaires. Les investisseurs ont donc mal réagi, faisant chuter l’action de Saputo mardi. Le titre a perdu six pour cent pour clôturer à 42,05 $, à la Bourse de Toronto.
Le chiffre d’affaires trimestriel s’est élevé à 1,64 G$, en hausse de 14 pour cent. La division de la boulangerie _ constituée principalement des petits gâteaux Vachon – a poursuivi son déclin en dépit des mesures de redressement mises en place au cours des derniers mois. Ses revenus ont reculé de 7,2 pour cent et son bénéfice d’exploitation, de 19 pour cent. La hausse du coût des ingrédients et la baisse des ventes a neutralisé une meilleure efficience des processus de production. Saputo prévoit néanmoins que le bénéfice d’exploitation de la division cessera de reculer cette année. L’entreprise compte notamment sur une percée dans l’Est des États-Unis, où les gâteaux Vachon devraient être disponibles dans certains supermarchés à compter de l’automne.
Le projet devait démarrer l’été dernier, mais il a été retardé par la difficulté à obtenir des commandes de la part des grands détaillants.
LIBRE-ÉCHANGE
L’entreprise fonde par ailleurs de grands espoirs sur les négociations de libre-échange actuellement en cours entre le Canada et l’Union européenne. « L’ouverture des marchés, ça serait bénéfique pour nous dans l’ensemble », a commenté M. Saputo. Le dirigeant croit qu’un éventuel libre-échange conduirait à un assouplissement du système canadien de gestion de l’offre, qui protège les producteurs de lait, de volaille et d’oeufs contre la concurrence étrangère. Ottawa et Québec maintiennent pourtant qu’il n’en est rien. « S’il y a une entente avec l’Europe, je m’attends à un changement de notre système au Canada », a-t-il insisté.
Un abandon total ou partiel de la gestion de l’offre faciliterait l’accès des transformateurs au lait et pourrait se traduire par une baisse des prix de cette matière première. « Dans un marché ouvert, il y aurait plus de volatilité, mais il y aurait aussi plus de possibilités de croissance », a prédit Lino Saputo Jr. Plus important transformateur laitier au Canada et 12e en importance dans le monde, Saputo emploie plus de 10 000 personnes dans cinq pays.