Devenir membre

Pauline marois compte bien rester…

Mme Marois a reconnu, aujourd’hui, que le PQ a besoin d’un chef fort pour résoudre les conflits internes et préparer les prochaines élections. «C’est bon de savoir que nous pouvons travailler en équipe», a-t-elle dit en blaguant après avoir effectué le premier lancer lors d’une partie de balle-molle organisée par le Parti québécois qui se déroulait sur à Longueuil. Mais les événements des derniers mois semblent indiquer que les péquistes ont beaucoup à faire pour améliorer leur capacité à travailler en équipe.
 
La chef de l’opposition officielle a passé l’été avec une attitude de gestion de crise alors que son leadership était une fois de plus remis en question et que cinq de ses députés désertaient le caucus. La prochaine rencontre du caucus péquiste, qui aura lieu la semaine, constituera ainsi une épreuve cruciale pour Mme Marois. La leader a affirmé qu’elle a réalisé des changements positifs au sein du parti qu’elle dirige depuis 2007. Elle s’est engagée à mener ses troupes aux prochaines élections générales.
 
«J’ai mené ce parti, jusqu’à un certain point, à des sommets, jusqu’aux dernières semaines. Il y a actuellement une tempête. Je crois qu’un chef, qu’un capitaine ne quitte pas le navire quand il y a la tempête», a affirmé Pauline Marois. «Je vais remettre ce navire à flot correctement, a-t-elle poursuivi. Et la population québécoise pourra faire confiance au Parti québécois.» La chef s’est également livrée à une attaque en règle à l’endroit des péquistes qui ont claqué la porte du Parti québécois au début de l’été. Ces élus ont utilisé la loi 204 concernant l’amphithéâtre de Québec comme «prétexte», a-t-elle martelé.
 
«J’ai assumé avoir fait une erreur, a réitéré Mme Marois. Mais on constate aujourd’hui, avec les propos de mes collègues qui ont démissionné, que ce n’était qu’un prétexte et que ce n’était pas ça qui était en cause.»

CAUCUS TRÈS ATTENDU JEUDI PROCHAIN

Joint par Le Devoir hier, Pierre Curzi a manifesté le désir de participer à une course au leadership si Pauline Marois décidait de démisionner: «Si jamais il y a une course à la chefferie au Parti québécois, je vais songer à être candidat.» Le député de Borduas soutient qu’il ne plongerait que s’il acquérait «la conviction que le parti, la culture du parti et le climat du parti sont prêts à accueillir des propositions pour un renouvellement sérieux des institutions démocratiques». Ainsi, beaucoup dépendra du sort qui sera réservé par le caucus au rapport de Bernard Drainville déposé jeudi et qui comprend 10 «solutions» pour le Québec, dont le changement du mode de scrutin et le référendum d’initiative populaire (RIP).
 
Jean-Martin Aussant, autre élu qui a quitté le caucus péquiste, s’est dit peu surpris par la déclaration de son collègue indépendant. «Ce ne sont pas des nouvelles pour moi», a réagi celui qui représente Nicolet-Yamaska. «Il me semble que c’était assez clair depuis longtemps que c’était dans les cartes pour Pierre [Curzi].» Déjà, le 21 juin, jour où l’ancien président de l’Union des artistes a tenu une assemblée citoyenne dans Borduas, Le Devoir écrivait que «selon plusieurs sources, M. Curzi n’a jamais caché que la direction du parti l’intéressait». Il en aurait même parlé ouvertement au caucus.
 
Dimanche passé, en marge de la réunion du Nouveau Mouvement pour le Québec, M. Curzi, dans un point de presse, alors qu’il était questionné sur l’avenir de l’ex-chef du Bloc Gilles Duceppe, avait soudainement évoqué sa participation à une éventuelle course à la chefferie du PQ.
 
« UN SACRÉ BON OUTIL »

Depuis juin, Pierre Curzi a toujours rejeté l’hypothèse de la création d’un autre parti souverainiste. Il souligne aussi qu’il n’a jamais déchiré sa «carte de membre» du PQ. Hier, il décrivait la formation politique comme «un sacré bon outil». En matinée, questionné par La Presse à savoir s’il rentrerait au bercail si Pauline Marois entérinait les propositions de réformes de Bernard Drainville, M. Curzi a d’abord répondu que cela pourrait être possible. L’entrevue au 98,5 a suivi et M. Curzi a alors fait évoluer sa version en disant que Mme Marois devait d’abord partir pour qu’il considère un retour.
 
Et si une autre personne — disons Bernard Drainville — devenait chef du PQ et prônait les idées de réforme des institutions démocratiques? Devant la question, M. Curzi prend une pause. «Je n’ai pas examiné ça», laisse-t-il alors tomber avant d’évoquer une course entre lui et M. Drainville: «Ce qui serait intéressant, c’est de pouvoir confronter ces idées-là. Parce que je ne suis pas d’accord avec toutes les idées [du rapport Drainville]. Et ça, c’est vrai de plusieurs personnes… Il y aurait d’autres candidats. Une confrontation d’idées, ce serait intéressant.» Puis il évoque des dénouements possibles: «Si les meilleures idées gagnent… oui…, je serais prêt à me rallier à celui qui a les meilleures idées et qui aurait un appui manifeste de la part des membres. Pourquoi pas? Et vice-versa. C’est toujours comme ça que les choses se passent, non?»
 
La députée indépendante de Rosemont, Louise Beaudoin, qui avait jeudi encensé le rapport Drainville, a soutenu hier que si le PQ avait le «courage» de l’appliquer, elle considérerait un retour à la formation pour laquelle elle a milité de 1970 à 2011. Pour Jean-Martin Aussant, ce n’est pas là une condition suffisante. À ses yeux, «n’importe quel parti fédéraliste pourrait mettre en avant» un rapport comme celui de M. Drainville. «C’est pas sur la souveraineté, cette affaire-là! Et moi, je n’ai pas quitté le PQ sur la question des institutions démocratiques, mais à cause d’un manque de conviction souverainiste.» Parmi les cinq députés qui ont quitté le PQ, seul M. Aussant, jusqu’ici, avait réclamé le départ de Pauline Marois. Il évoque un éventuel retour en ces termes: «Si Pauline s’en va et qu’il y a un nouveau chef qui est souverainiste. Après une course à la chefferie, on va voir ce qui va arriver. J’ai pas fermé la porte éternellement.»
 
MENACES DE DÉMISSION CHEZ LES PRÉSIDENTS

Par ailleurs, selon Philippe Leclerc, président de l’association péquiste de Mercier et ancien candidat dans Saint-Laurent en 2010, plusieurs de ses homologues de l’île de Montréal il en a compté six et lui se préparaient à claquer la porte du parti avant la publication du rapport Drainville. «On était une gang qui s’en allait. On n’était plus inspiré.» C’est le document du député de Marie-Victorin qui leur redonne le goût de rester au PQ «pour l’instant», a-t-il expliqué. Ainsi, ils somment la chef «d’agir comme une leader doit agir» et d’entériner au moins deux des dix solutions du député de Marie-Victorin: le RIP et la proportionnelle. Sinon? Ils vont quitter le parti. «Ce serait une très dure épreuve. Mais si on n’a pas d’outils pour reconquérir le coeur des électeurs, il ne nous restera plus que ce choix.» Et si un jour Pierre Curzi devenait le chef du PQ avec ce projet de réforme démocratique? «On ne changerait pas encore de génération à la tête du PQ», a répondu M. Leclerc.
 
Malgré la démission du caucus de Lisette Lapointe, l’exécutif péquiste de Crémazie a gardé ses liens avec le PQ. Joint hier, son président, Hadrien Parizeau, a soutenu que son équipe, «orpheline de député», préfère changer les choses de l’intérieur: «Tant qu’à quitter le parti et ne rien faire, on aime mieux continuer à faire de la politique; par exemple avec Bernard Drainville.» Notons enfin que sur son blogue, le dirigeant du Réseau de résistance du Québécois a pris position hier pour la création d’un nouveau parti indépendantiste.

«Il y a deux personnalités fortes qui pourraient donner un grand coup de barre dans le petit monde politique québécois: Pierre Curzi et Jean-Martin Aussant. Si ces deux-là décident de brasser la cage, on pourrait être surpris des résultats qu’ils pourraient obtenir.»

Source: Le Devoir