Une redistribution des portefeuilles sera imminente, selon le cabinet du premier ministre. En fin d’après-midi mardi, Mme Normandeau s’est présentée souriante dans le hall du Conseil exécutif, l’air détendu, aux côtés de Jean Charest, qui a dit être « attristé », mais qui a rendu hommage à une « personne d’exception », une « alliée fidèle ». « Il n’y a jamais de bon moment pour annoncer cette nouvelle, a-t-elle déclaré en conférence de presse. (…) Ça fait 13 ans que je suis dans les valises. Il vient un moment dans la vie où on a besoin d’un peu de paix, de stabilité. Oui, aujourd’hui, je souhaite que ma vie personnelle prenne le pas sur ma vie professionnelle. (…) Je quitte sans aucune amertume, je suis très, très sereine. »
Elle estime que ces années de politique ont été « formidables », malgré les sacrifices, et que la politique a été une « source de valorisation » qui a donné un sens à sa vie. Elle retient parmi ses réalisations le partenariat avec les municipalités, la politique nationale sur la ruralité, la loi sur les forêts, l’entente avec le fédéral sur les redevances du gisement Old Harry ainsi que le Plan Nord. Elle soutient que ce ne sont pas ses déboires de la dernière année qui l’ont incitée à partir, que ce soit le dossier des gaz de schiste ou sa liaison controversée avec l’ancien chef de police de Montréal Yvan Delorme.
« Il n’y a pas de dossier en particulier qui ont contribué à mon départ de la vie politique », a-t-elle affirmé. Aussi elle assure qu’elle est « en parfaite forme », elle qui avait éprouvé un léger malaise en juin. De son côté, Jean Charest s’est rappelé du jour où il a rencontré il y a 14 ans « une femme de talent » qu’il avait eu du mal à convaincre de faire le saut en politique québécoise pour la première fois, au scrutin de 1998. « Autour d’une table, lorsque personne n’était sur la même longueur d’onde, Nathalie savait trouver le chemin du consensus. C’est un talent politique très, très rare. Je connais très peu de gens qui ont le talent de Nathalie pour rassembler et faire travailler les gens ensemble. »
M. Charest perd ainsi son sixième ministre depuis 2008, après Monique Jérôme-Forget, Jacques Dupuis, Philippe Couillard, qui ont démissionné, Claude Béchard, qui est décédé, et Jean-Marc Fournier, qui est toutefois revenu. Mais le premier ministre refuse de voir un parallèle avec l’opposition péquiste qui a perdu cinq députés au printemps. Il n’a pas aimé la comparaison lancée par une journaliste. « Je pense qu’il n’y a aucune commune mesure, entendons-nous, là! D’autant plus que chez nous, l’équipe est forte, elle est soudée. Ce n’est pas un accident. Au point de départ, nous partageons les mêmes valeurs. (…) On n’a pas à se chercher. Il est normal, en politique, que les gens passent à autre chose. »
Il ne s’inquiète pas non plus pour sa majorité, qui est plutôt mince désormais, à 64 contre 60, toutes oppositions confondues, avec un siège à combler en complémentaire. « Ce n’est pas un souci réel pour moi, a-t-il répondu en anglais. Nous avons bien géré les affaires avec la majorité que nous avons et nous avons de la profondeur dans notre équipe. L’équipe fera simplement un ajustement. » Mme Normandeau a été élue députée de Bonaventure pour la première fois en novembre 1998. Elle a pris du galon dès l’élection du premier gouvernement Charest en 2003, en devenant ministre déléguée.
Après le scrutin de 2007, elle a été nommée vice-première ministre et ministre des Affaires municipales, et a été reconfirmée dans ses fonctions après les élections de novembre 2008. Ce n’est qu’en juin 2009 qu’elle a été désignée ministre des Ressources naturelles et responsable du Plan Nord.