En intégrant ce nouveau membre masculin, le premier ministre s’éloigne un peu plus d’un principe de parité des sexes qu’il avait instauré, à 11 femmes contre 14 hommes. Enfin, Clément Gignac cède le Développement économique pour hériter des Ressources naturelles et du Plan Nord dont s’occupait Mme Normandeau avant son départ mardi. En conférence de presse juste après la cérémonie au cabinet du lieutenant-gouverneur, le premier ministre a assuré que M. Hamad, député de Louis-Hébert, avait fait un « travail formidable » aux Transports, « dans des circonstances pas faciles ».
En effet, la chute d’une structure du tunnel Viger sur l’autoroute Ville-Marie et l’aggravation des problèmes de congestion de la région de Montréal ont mis le ministre sur la sellette durant tout l’été. Malgré tout, M. Hamad a fait un « travail impeccable », a assuré M. Charest, qui n’a « rien à lui reprocher ». Il a ajouté que M. Hamad a apparemment toujours voulu assumer des responsabilités économiques et qu’il est « exactement au bon endroit ». Mais par ailleurs, « M. Moreau est originaire de la Rive-Sud (il est député de Châteauguay), il connaît bien la grande région de Montréal, il est un bon communicateur, (…) il est à mes yeux tout désigné pour assumer ses responsabilités qui vont l’amener, effectivement, à donner une attention à ce qui se passe à Montréal », a expliqué M. Charest.
L’opposition péquiste juge pour sa part que M. Hamad a bel et bien été rétrogradé dans un ministère qui tombe sous la tutelle des Finances. « C’est comme quelqu’un qui tombe d’un deuxième étage, a dit le leader parlementaire du PQ, Stéphane Bédard, dans une entrevue téléphonique. On peut juger qu’il ne tombe pas, mais il tombe. » Indulgent, M. Bédard affirme que M. Hamad a hérité d’une situation dont il n’était pas responsable à prime abord, mais qu’il a manqué de transparence et a sombré « dans le vaudeville », après la chute du paralume du tunnel Viger, en affirmant que les routes étaient sécuritaires si elles étaient ouvertes.
Selon le porte-parole péquiste, le premier ministre cautionne tout simplement l’incompétence des différents ministres des Transports qui ont mal fait leur travail de planification. Ainsi, des milliards de dollars ont été dépensés sans qu’on n’en voit les résultats et il faudra des années pour corriger la situation à Montréal, a soutenu M. Bédard. « C’est une faillite littérale.(…) Et là, on envoie quelqu’un (M. Moreau) qui est caractérisé plutôt par sa défense du bilan libéral. On décidé d’enterrer tout ça. Personne ne va être responsable. » Quant au choix de sa nouvelle vice-première ministre, Jean Charest a indiqué que Mme Beauchamp a « une belle expérience, appréciée de ses collègues ».
Concernant la réintégration de M. Vallières au cabinet, M. Charest a dit qu’il est « extrêmement important de pouvoir bénéficier de la sagesse » de ce doyen, qui a « manqué » à son parti du temps où M. Vallières présidait les travaux de l’Assemblée. Enfin, la responsabilité des régions du Bas Saint-Laurent ainsi que de la Gaspésie-Iles-de-la-Madeleine, autrefois assumée par Mme Normandeau, revient maintenant au ministre de la Santé, Yves Bolduc. Sa circonscription se trouve pourtant dans la région de Québec, mais M. Bolduc « adore faire du terrain », a dit M. Charest. Le PQ avait demandé à M. Charest d’assumer personnellement la responsabilité de la région. M. Bédard a dit être « déçu », étant donné les défis qui se posent en Gaspésie.
M. Bédard appelle par ailleurs M. Gignac à accepter enfin d’entreprendre un vrai débat sur les redevances minières, ce que réclame l’opposition depuis un an. « C’est le temps ou jamais, là! Les Québécois veulent savoir s’ils en ont pour leur argent. » Pour clore, le leader péquiste estime que ce remaniement démontre que le gouvernement est incapable de se renouveler, d’amener du sang neuf, de nouvelles figures hors des rangs. La cérémonie d’assermentation a eu lieu mercredi après-midi en l’absence du lieutenant-gouverneur, Pierre Duchesne, qui se trouve à l’extérieur du pays. C’est la juge France Thibault de la Cour d’appel qui le remplaçait.