Devenir membre

BrutalitÉ policiÈre pure et simple

Le contexte n’y est pas. Mais ça ressemble à une sortie de bar et ces scènes-là sont rarement élégantes. Des gars engueulent les flics, l’un d’eux sort son bâton téléscopique, envoie des coups dans les jambes d’un type sur le trottoir, qui lui criait après. Un autre sort le gaz poivre: un jeune gaillard s’en prend plein gueule, recule, s’écroule dans le vestibule d’une boutique. Jusqu’ici, même si les images ne sont pas nécessairement édifiantes, je ne suis pas scandalisé : j’ignore ce qui s’est passé entre les flics et le groupe de jeunes hommes, je ne sais pas ce qui a mis le feu aux poudres.

Le jeune poivré était, clairement, agressif. Le flic qui l’asperge de gaz-poivre peut facilement justifier le geste. Ce qu’aucun contexte ne peut justifier, c’est ce policier qui agrippe la jeune fille qui s’est portée au secours du gars poivré. Qu’il la manipule pour la déplacer, ça va : les agents ont affaire à parler au jeune poivré, ça ressemble à une arrestation imminente. Mais qu’il la balance face première — c’est à 1:28 — sur une borne de stationnement est injustifiable : la citoyenne n’est absolument pas une menace. Elle n’a pas obéi dans la seconde au policier qui lui disait de se déplacer ? Rien qu’un policier bien entraîné et bien équilibré ne peut pas surmonter sans jouer à Robocop, comme s’il venait de tomber sur un dangereux Hells Angels.

Regardez la séquence : le flic prend la fille par les bras, la met devant lui prend deux, trois pas et la pousse sur la borne. S’il n’a pas visé pour qu’elle se ramasse face première sur l’objet, je suis le dalaï-lama. En plus d’être lâche, c’est un geste de panique indigne d’un policier professionnel. Si tu paniques devant une fille qui n’est pas une menace, sacrament, tu fais quoi devant un Kimveer Gill ? Sans compter que dans une situation explosive comme celle qui nous occupe, ce geste ne fait rien pour calmer les esprits. Au contraire, il l’envenime. Et, après, la cerise sur le proverbial sundae, toi : l’intimidation, le tutoiement gros comme le bras (alors que la jeune fille vouvoie le policier !), la menace : j’vas t’accuser d’entrave au travail d’un policier…

Ben oui.

Bravo, vraiment, bravo.

Source : Patrick Lagacé

LAURUS DESIGN

ROBERT BUGEAG