que notre homme se faisait un peu de capital avec ça. Je l’ai pensé sincèrement. Peut-être parce que je suis devenu cynique et ne crois plus tellement à l’altruisme pur. Mais je confesse que j’étais dans le champ.
LE COEUR SUR LA MAIN
Pour la bonne raison que j’ai eu à m’entretenir à son sujet avec un chroniqueur artistique bien connu que je ne nommerai pas et qui, dans l’intimité, vous bouffe de l’artiste à tour de bras. Peu trouvent grâce à ses yeux. Et je lui demandais ce qu’il pensait de l’action menée par Roger Sylvain. Il m’a répondu « Daniel, tu n’a pas idée combien de fois il est venu en aide à des artistes au bord de la ruine. C’est dans sa nature profonde. Il aime sincèrement nos vieux artistes, chanteurs, comédiens ». Et pour que lui m’affirme pareille chose, c’est vraiment la vérité.
Et j’ai aussi une bonne connaissance à moi, un prêtre que connais d’ailleurs très bien Roger Sylvain, et qui m’a tenu exactement le même discours. Je suis content de le dire et de faire ce mea culpa. Car à notre époque où l’individualisme triomphe, des âmes dévouées, on en compte sur les doigts d’une main.
UNE CONVERSATION RÉVÉLATRICE
Fort de ce que je viens de vous dire, je l’ai donc appelé au téléphone pour qu’il me brosse le portrait du Chez-nous des artistes. « C’est moi qui suis à l’origine du projet. À l’époque, je me souciais beaucoup du sort de Manda. Et je souhaitais une maison qui puisse accueillir des artistes afin de leur assurer des jours paisibles. Un jour, au cours d’une réception, j’ai aperçu le maire Drapeau. Je lui avais envoyé quelques jours auparavant une lettre dans laquelle je lui demandais que la Ville nous trouve un terrain. Je le croise donc au cocktail et je le relance là-dessus. Ça n’a pas été une traînée. Une de ses collaboratrices s’est mise dans le dossier et voilà comment le Chez-nous des artistes a vu le jour ». Du conseil d’administration original, il n’y a que deux survivants, Roger Sylvain et le comédien René Caron.
PAS QUE POUR LES DÉMUNIS
« Je voudrais dissiper une idée toute faite, parfois, dès qu’il est question du Chez-nous des artistes. C’est que l’établissement n’accueille pas que des artistes déshérités, nous dit Roger. Il y en a parmi eux qui gagnent très bien leur vie et qui paient un loyer normal. Seulement ils aiment à être ensemble, se raconter des souvenirs » À voix plus feutrée, il me raconte des cas pathétiques où il a dû intervenir. Et il m’a rappelé le cas d’un ex-chanteur de charme, que j’ai connu et dont je tairai le nom, aujourd’hui décédé, et qu’il a arraché à la misère. Roger Sylvain ne s’en vante pas. Même qu’il faut lui arracher ces confidences.
LE SPECTACLE
Lundi soir prochain, donc, ce sera une soirée bénéfice qui se tiendra à la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau, en plein centre-ville. C’est à 20h et les billets sont en vente au réseau Admission. Lorsqu’on s’est parlé, il restait encore quelques billets disponibles. Vingt-cinq chanteurs, donc, qui se succéderont avec des immortelles de la chanson francophone. Parmi les invités Jean-Pierre Ferland, Michel Louvain, Diane Juster, Claudette Dion, Marie-Denise Pelletier Richard Huet et j’en passe. On va en profiter pour adresser un coup de chapeau à la doyenne de l’Union des Artistes, la Grande Dame de la chanson, Lucille Dumont, qui a confirmé sa présence. Maintenant âgée de 92 ans, elle a passé elle-même trente-huit ans à former la relève.
Vous allez en avoir pour votre argent, comme on dit communément. Et connaissant le sens de l’organisation de Roger Sylvain, il n’y aura pas de temps mort. Courez vite vous procurer vos places, c’est pour une noble cause, car la beauté de la profession artistique, c’est surtout de nous faire oublier le quotidien.
RSVP : ADMISSION .COM OU 1 450 222 1322