Le rapport fait état de 40 % de fuites et de gaspillage d’eau potable. La publication de cet état des lieux suit un rapport du vérificateur général en 2009. Déposé jeudi à la Commission permanente sur l’eau, l’environnement, le développement durable et les grands parcs, le nouveau document souligne aussi que Montréal subit 29 bris de conduites aux 100 kilomètres, « soit plus du double des municipalités comparables ». Pour renverser la tendance, la Ville propose un plan d’action sous six projets « majeurs »,
incluant la détection et la correction des fuites, le rattrapage du déficit d’entretien et l’implantation de la désinfection des eaux usées par l’ozone et la gestion des eaux pluviales. Le rapport recommande la relance, sur de nouvelles bases, du projet initial de compteurs d’eau pour les industries, les commerces et les institutions. La Ville fait valoir que l’installation des compteurs d’eau et l’optimisation du réseau sont des « outils incontournables » pour l’atteinte des objectifs dictés par la Stratégie québécoise de l’eau potable, dont la diminution du taux de fuites à 20 %.
Photo : QMI
Selon la Ville, les études recommandent de réduire de moitié le nombre de compteurs à installer, de cibler les plus grands consommateurs d’eau et de confier aux professionnels de la Ville l’installation des compteurs, de même que leur entretien. Le projet initial se trouve considérablement réduit, passant d’un budget de 356 M$ à 155 M$. Le contrat initial des compteurs d’eau de 356 M$, le plus important jamais octroyé par la Ville, avait provoqué une tempête à l’Hôtel de Ville en plus de faire l’objet d’un rapport dévastateur de la part du vérificateur général de la Ville, Jacques Bergeron.
Le vérificateur avait relevé plusieurs irrégularités dans l’attribution du contrat. Un plan de financement global sur dix ans est avancé, dont un budget d’investissements de 4,6 G$ sur 10 ans et un budget de fonctionnement de 3,9 G$. La Ville planche sur une augmentation annuelle de 9 % des revenus autonomes du Fonds de l’eau, ce qui représente 1,2 % de la taxe générale. Montréal souhaite obtenir une contribution gouvernementale supplémentaire de 836 M$. Elle espère atteindre l' »auto-financement » d’ici 2020. Richard Deschamps, vice-président du comité exécutif et responsable des infrastructures de la Ville de Montréal, affirme que les « défis demeurent considérables ».
Il ajoute que « l’état du réseau continue de se détériorer malgré des investissements sans précédent » d’un milliard de dollars dans les infrastructures de l’eau depuis 2002. La chef de l’Opposition officielle et chef de Vision Montréal, Louise Harel, a rappelé jeudi que la demande de compensation financière de 34 M$ pour la résiliation du contrat des compteurs d’eau par le consortium GÉNIeau n’avait toujours pas été réglée. « Nous sommes surpris d’entendre l’administration Tremblay proposer d’investir 100 M$ dans le volet « optimisation » du chantier de l’eau, alors que le vérificateur général indiquait que ce volet ne répondait pas aux besoins prioritaires de la Ville de Montréal », a déclaré Mme Harel dans un communiqué.
Vision Montréal avait aussi une autre mise en garde. « Dans le contexte des allégations qui touchent le milieu de la construction, nous devons avoir l’assurance que cet investissement majeur soit à l’abri de la collusion et de la corruption », a affirmé la vice-présidente de la Commission et porte-parole de Vision Montréal sur les dossiers de l’eau, Chantal Rouleau. La Commission a pour mandat d’étudier les propositions contenues dans le rapport, de tenir une consultation publique et de soumettre des recommandations au conseil municipal.