R.H. – Nous avons dépassé le cap des 50 émissions, en effet.
S.R. – C’est une émission sur la gourmandise et sur le vin?
R.H. – C’est essentiellement une émission sur le vin, mais nous faisons un clin d’œil à la culture parce que je présente en première partie des textes sur la gourmandise de l’antiquité à nos jours. J’adore l’histoire et l’histoire s’est souvent faite autour de la table. Les banquets ont scellé des alliances et renforcé des amitiés.
S.R. – Pouvez-vous nous donner des exemples?
R.H. – Cléopâtre a scellé son alliance avec Marc-Antoine autour de la table et dans son lit. Napoléon, qui n’était pas du tout un gourmet et qui était un peu impressionné devant les rois, à cause de ses manières rustres, déléguait ses généraux et ses ministres, comme Talleyrand pour s’attirer des amis et sceller des alliances autour des banquets. Le général De Gaulle a reçu en grande pompe le président Kennedy et sa belle épouse Jackie, qui s’est dite éblouie par Versailles. Mais il n’y a pas que les banquets, j’ai présenté un duel à table au 19e siècle et des cas inquiétants comme l’assassin à la fourchette ou le cas Watel, ce cuisinier qui s’est suicidé parce que le poisson n’est pas arrivé à temps pour un banquet offert à Louis XIV.
Sur 50 émissions, 50 textes littéraires m’ont donné le temps de parcourir l’histoire et la littérature et de présenter plusieurs savoureux récits de la littérature québécoise.
S.R. – Mais vous parlez aussi de vins et de producteurs?
R.H. – En deuxième partie des émissions, je reçois des producteurs de vins qui viennent nous parler de leurs domaines, de leurs terroirs, de leurs méthodes de vinification et nous terminons par une dégustation de trois de leurs vins, en ondes.
S.R. – Vous avez commencé aussi une série sur les confréries bachiques et gourmandes qui œuvrent au Québec?
R.H. – C’est une toute nouvelle série qui occupe pour quelque temps la première partie de mes émissions. J’ai le bonheur d’accueillir de vrais gourmets qui savent apprécier les vins et qui vous racontent en ondes leur histoire, leurs réunions animées et délicieuses, leurs intronisations. Ils ont transformé la gastronomie et les habitudes de consommation dans la société québécoise. Ils travaillent pour l’utilisation des bons produits, pour le respect des appellations. Imaginez qu’avant eux, les restaurateurs annonçaient des déjeuners au champagne et au caviar, où le champagne était du mousseux et le caviar des œufs de saumon.
S.R. – Est-ce que Radio Ville-Marie couvre tout le Québec?
R.H. – Radio Ville-Marie couvre tout le Québec grâce à ses réémetteurs. On l’écoute au 91,3 FM dans la région de Montréal, sur 104,1 FM à Rimouski, sur 100,3 FM à Sherbrooke, sur 89,9 FM à Trois Rivières et sur 89,3 FM à Victoriaville.
S.R. – Son auditoire est comment?
R.H. – L’auditoire de Radio VM dépasse les 600 000 personnes. C’est un auditoire qui a généralement une bonne éducation, un bon statut social et se trouve dans une moyenne d’âge de 40 ans et plus. Mon émission est écoutée par un auditoire de 45 000 personnes. C’est une émission très populaire. Maintenant que nous avons dépassé les 50 émissions, nous visons la 100e.
S.R. – Comment construisez-vous une émission?
R.H. – Nous sommes contactés par des agences de vins qui nous annoncent l’arrivée d’un de leurs producteurs. Alors nous faisons une recherche sur Internet sur le site du producteur et toutes les autres sources où nous pouvons nous renseigner sur sa personne, sur son vignoble, sur ses produits. Avec cette information, nous produisons un script qui contient toutes les questions que nous allons lui poser à l’émission. Nous réservons un studio et un technicien et nous donnons rendez-vous à notre invité, qui se présente avec trois vins à déguster. Les émissions sont en dérivé, donc nous pouvons choisir le jour et l’heure de l’enregistrement, qui se passe toujours le matin.
Le jour de l’enregistrement nous accueillons notre invité et lui offrons un café pour nous connaître et pour le relaxer. Je lui présente le script avant de passer en ondes. L’enregistrement se fait par la suite dans la bonne humeur. Le différé nous permet de travailler sans contrainte. Toute erreur sera corrigée avant la mise en ondes. La dégustation est très charmante en ondes. On laisse entendre le vin qui est versé dans la coupe, nous parlons des cépages, de la robe, des arômes et du goût. Une fois chez-moi, je réécoute l’émission, je consigne toutes les fautes et je prends un nouveau rendez-vous avec le technicien pour corriger les fautes, assembler les morceaux et insérer la musique.
Je réécoute toujours trois fois chaque émission pour être certain qu’aucun défaut ne m’a échappé. La mise en ondes se fait le samedi à midi. Préalablement, le producteur et son agent au Québec sont contactés par Internet pour leur dire que leur émission passera le samedi suivant et qu’ils peuvent aussi écouter l’enregistrement par Internet sur le site Web de Radio Ville-Marie. Je produis un CD souvenir que je leur envoie par la poste.
S.R. – Combien de temps vous prend la production de chaque émission?
R.H. – Habituellement 9 heures, dans certains cas jusqu’à 15 heures. Je me fais d’ailleurs un point d’honneur d’écouter chaque émission le jour de sa diffusion.
S.R. – Avez-vous des échos par la suite?
R.H. – Nous recevons de nombreux appels de nos auditeurs qui souhaitent en savoir plus. Les liens de mes invités et de leurs représentants figurent sur ma page Web à Radio Ville-Marie et peuvent être consultés en tout temps, en cliquant sur programmation, nos émissions et sur Littérature et gourmandise. De nombreux invités nous appellent par la suite pour nous remercier du traitement que nous leur avons fait.
S.R. – Est-ce que vos émissions radio débouchent toujours sur une chronique Internet?
R.H. – Normalement oui. Sur la base des informations obtenues pendant l’entrevue radio, je prépare une chronique pour votre site Web, qui a 4000 abonnés professionnels et leurs amis et pour le magazine électronique La Métropole, qui reçoit 20 000 clics par jour. Dans cette chronique, il n’y a pas que l’information recueillie dans l’entrevue radio, il y a aussi des photos, des cartes, parfois des vidéos et à la fin, les liens des producteurs et de leurs agents et la liste des vins qui sont disponibles au Québec avec leurs prix. Là encore je contacte les producteurs et les agents pour leur indiquer la date de la publication et les liens. De plus, ils reçoivent l’autorisation pour utiliser autant l’entrevue que la chronique dans leur publicité.
S.R. – Vos chroniques sont très fournies, combien de temps vous prend-il pour les écrire?
R.H. – Selon les cas, de 4 à six heures. Ce qui représente une quinzaine d’heures par invité avec l’émission de radio.
S.R. – Cela ne m’étonne pas. Vous savez que pour les infolettres que j’envoie chaque semaine à mes 4 000 abonnés professionnels, cela me demande plus de 18 heures de travail?
R.H. – Lorsqu’on veut avoir un produit de qualité il ne faut pas lésiner sur le temps ni sur l’effort.