« Je fais de l’activisme ironique. Je prends mon microphone, je vais dans le centre-ville, j’entre dans les commerces et je dis aux gens de consommer plus et plus vite pour aider le gouvernement à subvenir à nos besoins militaires. » Il a aussi créé l’organisme de défense des prisonniers politiques (ODPP) après avoir subi, selon lui, de la répression politique au G20 de l’an dernier, à Toronto.
Bien qu’Occupons Montréal n’ait pas de leader charismatique comme tel,The Love Police travaillait déjà à promouvoir le mouvement un mois avant le début du sit–in au Square Victoria, le 15 octobre. L’organisme formé de cinq membres s’occupe du dossier juridique.
LA METROPOLE.COM : Qu’est-ce qui vous a incité à joindre le mouvement?
M.L. : Après le printemps arabe, le monde s’est dit wow, on peut vraiment changer les choses de façon démocratique. Et quand on a vu que les jeunes de Wall Street occupaient la rue, ça a été l’incitatif avec un grand « I« .
LAMETROPOLE.COM : Qu’elle est votre principale revendication?
M.L. : Personnellement, je suis pour un nouvel ordre mondial dans la mesure où ça signifie d’enlever le pouvoir économique des mains des banquiers pour redistribuer la richesse dans la société. Donc, je suis pour le nouvel ordre mondial fait par le peuple et pour le peuple et non pas fait par le corporatif et pour le corporatif. Ces gens-là prennent des décisions économiques sans même considérer les impacts sur la société. Finalement, je considère qu’on devrait relégiférer les marchés boursiers et économiques…
LAMETROPOLE.COM : Comment trouvez-vous votre expérience ici?
M.L. : Je suis un amateur de survie et je n’ai pas de problème à dormir au froid. Il suffit de bien s’équiper et d’être en harmonie avec le groupe. Nous sommes capables de subvenir à nos besoins avec les dons de vêtements, de couvertures et de nourriture. D’ailleurs, vous verrez émerger des nouvelles structures dans les prochains jours pour garder une vingtaine de personnes à dormir au chaud. On a déjà un tempo, une yourte et on est en train de construire un tipi…
LAMETROPOLE.COM : Avez-vous un message à livrer?
M.L. : Présentement, le plus beau rapport de force en tant qu’activiste ou mouvement, c’est le nombre de personnes qui occupent la rue pour qu’éventuellement on puisse occuper d’autres parcs. Il n’y a pas de petits gestes, on récolte de la bouffe, des couvertures, le moindre petit deux piastres… Et peu importe leurs expertises, les gens sont bienvenus à venir partager leurs connaissances avec nous.
LE MAIRE SERT UN AVERTISSEMENT FERME
AUX INDIGNÉS
Le maire de Montréal, Gérald
Tremblay, a qualifié mercredi d' »inacceptable » et
d' »irresponsable » le refus des indignés de s’en tenir aux tentes de
toile dans leur campement. Malgré les avertissements de la
Ville, les manifestants du mouvement « Occupy » à Montréal restaient
déterminés à construire des cabanes de bois dans le but de passer l’hiver au
square Victoria. Mais ces constructions posent des
dangers importants pour les indignés eux-mêmes si un pépin survenait, a
expliqué le maire Tremblay.
Du même souffle, il sert un
avertissement aux indignés: cessez d’ériger des constructions de bois et
démantelez celles qui sont déjà bâties, où la Ville ne sera plus aussi
tolérante envers votre campement. Trois constructions de bois ont déjà
été érigées sur place, en plus d’une grande yourte. Au moins une autre
maisonnette était en construction mercredi. Mardi, des indignés s’étaient rendus
à l’hôtel de ville de Montréal pour faire approuver les plans de petites
maisons de bois qu’ils auraient voulu bâtir. Alors qu’ils espéraient recevoir
un feu vert des autorités, celles-ci leur ont plutôt opposé un refus catégorique.
Les représentants de la Ville leur ont aussi demandé de démanteler les
constructions de bois déjà sur pied.
Mais Jérémie Valois ne se laisse pas
abattre. L’indigné s’est fait ouvrier, mercredi, et construisat une cabane, une
« maison longue » toute de produits recyclés. Si elle sort de terre,
elle pourrait accueillir une douzaine de personnes pour l’hiver, une
« petite communauté », indique-t-il. Pour l’instant, seuls le plancher
et la plateforme sont en voie d’être terminés. « Notre volonté d’être ici est toujours
aussi forte, lance-t-il. On espère pouvoir rester ici pour continuer le combat,
parce que c’est un combat à long terme. »
HYPOCRISIE?
La décision des autorités a
déclenché la colère des indignés, qui accusent la Ville de Montréal
d’hypocrisie. Selon Félix St-Laurent, l’un des
porte-parole des indignés, le maire Gérald Tremblay a beau se montrer tolérant
vis-à-vis du mouvement, il le condamne quand même à plier bagage à mesure que
l’hiver s’installera. Mais l’opinion des autorités ne changera rien à
l’affaire, continue-t-il: les occupants du square Victoria ne veulent pas
mourir de froid, et l’érection de cabanes constitue la seule solution viable
pour y passer l’hiver.
« C’est comme dire à quelqu’un
de ne pas mettre de manteau d’hiver pendant qu’il fait froid, expose M.
St-Laurent. Le gars, il va le prendre son manteau et il va le mettre quand
même. » Selon lui, la Ville aurait plaidé
que la construction de cabanes compliquerait trop la tâche des services
d’urgence en cas de pépin. L’évacuation d’éventuels blessés constituerait
notamment un problème important de sécurité. « Ce n’est pas plus sécuritaire
de mourir d’une pneumonie avec un pied en moins parce que tu es gelé dans ta
tente », plaide Félix St-Laurent.
Jérémie Valois, lui, admet que son projet
de cabane a de bonne chance d’être démantelé avant que le clou final n’y soit
enfoncé. « Ca crée beaucoup d’inquiétudes », affirme-t-il, ajoutant que
les tensions sont plus grandes au sein du camp parce que son avenir est
incertain.
Source : Valérie R. Carbonneau, LaMetropole.com & PC