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30 000 Étudiants manifestent À montrÉal

Selon la Fédération étudiante
universitaire du Québec, il s’agit de l’une des plus importantes manifestations
étudiantes jamais vues dans la province. On évalue la foule à environ 20 000 , mais les responsables étudiants affirment qu’ils étaient 30 000. La marche s’est terminée sur la rue
McGill College devant les bureaux montréalais du premier ministre Jean Charest.
La police n’a alors pu les empêcher d’envahir la rue Sherbrooke, qu’ils ont
bloquée à la circulation automobile.

Les représentants des associations
étudiantes ont alors livré leur message au premier ministre, lui faisant savoir
qu’ils n’acceptaient pas cette flambée de leurs droits de scolarité. « Aujourd’hui, dans les rues de
Montréal, c’est l’avenir du Québec qui se lève et se met en marche! », a
lancé Simon Gosselin, secrétaire général de la Table de concertation étudiante
du Québec, aux manifestants qui portaient encore leurs pancartes maintenant
ramollies par la pluie. Ils ont indiqué que cette décision
aurait un impact réel sur l’accessibilité aux études supérieures, et que ce
sont les jeunes les moins bien nantis qui seront les plus touchés.

Une dizaine de projectiles remplis
de peinture ont été lancés sur la façade de l’édifice abritant le bureau de M.
Charest, ainsi que des fusées éclairantes sur les policiers. En fin
d’après-midi, la police a indiqué qu’elle avait procédé en tout à l’arrestation
de quatre personnes. Malgré cela, elle estime que la manifestation s’est très
bien déroulée. Sauf cet incident, la manifestation
s’est déroulée dans le calme. De très nombreux étudiants s’occupaient
d’ailleurs de la sécurité et contrôlaient la foule avec beaucoup de sérieux. Vers 17 h, les manifestants ont
commencé à se disperser ou à rejoindre les autobus pour regagner leur région.

RETOUR DU PETIT CARRÉ ROUGE

Tout au long de l’après-midi, les
étudiants ont dansé et scandé des slogans sans répit, dont plusieurs
directement adressés au premier ministre Jean Charest « Charest salaud,
on aura ta peau! ». La plupart d’entre eux portaient de petits carrés de
tissu rouge ou des foulards de même couleur pour dénoncer la hausse des droits
qui va « les mettre dans le rouge ». Des haut-parleurs placés sur un
camion qui ouvrait la marche faisaient retentir des chansons de protestation,
dont le « Libérez-nous des libéraux » du groupe Loco Locass.

Les milliers de manifestants
s’étaient d’abord rassemblés à la place Émilie-Gamelin, métro Berri-UQAM, alors
que les parapluies se mêlaient aux pancartes qui dénonçaient la décision du
gouvernement Charest. Des affiches arboraient des slogans parfois mordants,
parfois humoristiques: « Je ne veux pas me prostituer, je veux
étudier », « Charest, tu as payé 500 $ par année pour l’université: tu
n’as pas de leçons à donner! », ou encore « À vendre: mon âme. Pour
payer mes droits de scolarité ».

Malgré la pluie, les jeunes
débordaient d’enthousiasme et ont accueilli sous les applaudissements  tout en
faisant retentir leurs instruments de musique  le début des discours des
représentants étudiants, qui ont précédé le début de la marche. Ils ont ensuite entrepris leur
défilé vers 14 h 45 sur la rue Berri tenant une énorme bannière sur laquelle
on pouvait lire: « Contre la hausse des frais de scolarité ». Des
policiers de l’unité antiémeute les escortaient, tout en demeurant discrets. « S’il (Jean Charest) veut des
médecins, des infirmières et des professeurs, il coupe aux mauvais
endroits », a pour sa part lancé Charles Rodrigue, un cégépien qui dit
avoir encore huit ans d’études à compléter avant de devenir psychologue.

Plus de 200 000 étudiants étaient en
grève jeudi ou en « levée de cours » pour participer à la grande
marche, ont rappelé les organisateurs. Il s’agit de près de la moitié des
étudiants de niveau postsecondaire dans la province. Les centrales syndicales québécoises
avaient indiqué qu’elles appuieraient les étudiants, et des membres de la FTQ
et de la CSN, notamment, ont marché à leurs côtés jeudi. 325 $ de plus par année La hausse prévue pour l’inscription
à l’université est de 1625 $ sur cinq ans  ou 325 $ par année portant la
facture à 3793 $ en 2016. Il s’agit d’une croissance de 75 pour cent en cinq
ans.

Les étudiants espèrent toujours que
Jean Charest fera marche arrière. Mais celui-ci a fermement indiqué mercredi, à
l’Assemblée nationale, qu’il entendait maintenir le cap. Le gouvernement
soutient que les droits de scolarité au Québec sont les plus bas au pays, et
que la hausse est nécessaire pour assurer un enseignement de qualité. Le Parti québécois s’est opposé à la
décision du gouvernement libéral, en soutenant que l’augmentation découragera
les étudiants à poursuivre leurs études et alourdira le fardeau financier des
parents.

Quant à la Conférence des recteurs
et principaux des universités du Québec (Crépuq), elle estime que tous ceux qui
bénéficient de l’éducation devraient y contribuer _ la société, mais aussi les
étudiants. « On considère que cette hausse
annoncée est raisonnable, et on a toujours soutenu qu’il fallait qu’il y ait
une bonification des programmes de prêts et bourses au même moment qu’une
hausse, et cela a également été annoncé », a indiqué jeudi matin le
président directeur général de la Crépuq, Daniel Zizian.

Il affirme que tous les étudiants
boursiers actuels ne seront pas touchés par la hausse, parce que leur bourse
sera augmentée en conséquence. Selon lui, sans cette augmentation des droits,
le financement des universités sera à risque. Cette position est
partagée par plusieurs associations patronales. Mais les étudiants soulignent que la
plupart d’entre eux n’ont pas accès aux bourses, et n’obtiennent que des prêts,
qui impliquent un endettement. Si le gouvernement Charest ne
revient pas sur sa décision, les étudiants ont d’ores et déjà promis d’autres
actions et moyens de pression. La possibilité d’une grève générale illimitée
n’a pas été écartée par leurs représentants.