Les jurés dans le
procès Shafia ont écouté, jeudi, des enregistrements où l’on peut entendre les
accusés mentionner avoir été présents sur la scène de l’incident et ce, moins
de trois semaines après avoir été inculpés du meurtre de quatre membres de leur
famille. Tooba Mohammad Yahya, 41 ans, son
époux Mohammad Shafia, 58 ans, de même que leur fils Hamed, 20 ans, ont tous
plaidé non-coupable à des accusations de meurtre prémédité. Les corps de Zainab et de ses soeurs
Sahar et Geeti, ainsi que celui de la première épouse de Mohammad Shafia,
Rona
Amir Mohammad, ont été découverts le 30 juin 2009 dans une automobile submergée
dans le canal Rideau, à Kingston. Les accusés avaient tous affirmé aux
policiers qu’ils n’étaient pas présents au canal la nuit où ces quatre femmes
sont mortes. Les soupçons contre les Shafia n’ont
pas tardé à peser, incitant les policiers à placer des appareils d’écoute dans
leur voiture et leur maison. Dans une écoute électronique datant
du 18 juillet 2009, enregistrée dans la voiture des Shafia, on peut entendre
Shafia et Yahya parler de la noirceur qu’il y avait sur les lieux « ce
soir-là ».
« Il n’y avait pas
d’électricité, c’était le noir complet. Tu te rappelles, Tooba? »,
entend-on Safia demander à son épouse, celle-ci lui répondant par
l’affirmative. Le couple échangeait en dari, une langue parlée en Afghanistan,
mais les enregistrements écoutés par le jury avaient été traduits en anglais. Les policiers auraient usé de ruse
en affirmant aux Shafia qu’ils avaient trouvé une caméra au canal et qu’ils en
visionnaient les images. Le couple peut être entendu, sur l’écoute électronique
présentée au jury jeudi, s’inquiéter d’une telle possibilité. « Ils disent qu’ils veulent
vérifier si la caméra a enregistré quelque chose », dit Hamed à l’intention
de ses parents. Sa mère réplique qu’elle avait vérifié et qu’il n’y avait pas
de caméra sur place.
« S’il y en avait eu une, ça
aurait été la première chose qu’ils auraient vérifié, et ils t’auraient
questionnée ce soir-là », lance Shafia à sa femme, selon toutes
vraisemblances. Vers la fin de l’enregistrement,
Hamed avertit ses parents que les policiers pourraient avoir mis sous écoute
leur véhicule. Les jurés ont déjà visionné
plusieurs interrogatoires des Shafia, menés par les policiers le jour où les
cadavres ont été découverts. Ils avaient alors déclaré à la police avoir loué
une chambre dans un motel de Kingston, sur le chemin du retour d’un séjour à
Niagara Falls. L’aînée des filles, Zainab, aurait alors emprunté les clés de la
voiture pour y prendre des vêtements. Le matin suivant, les quatre victimes et
le véhicule avaient disparu, ont plaidé les Shafia.
Plus tôt en journée jeudi, un proche
de la famille Shafia a affirmé devant la cour que les trois soeurs tuées
étaient telles des « prisonnières politiques » dans leur propre
famille. Le témoin a indiqué devant le
tribunal que la fille aînée de la famille voulait épouser son ami de coeur
d’origine pakistanaise. Elle aurait indiqué qu’elle agissait ainsi pour tenter
d’obtenir une plus grande liberté pour ses deux soeurs. Le proche de la famille a rapporté
que Mohammad Shafia était très mécontent de ce projet. Il lui a même affirmé
qu’il aurait tué son aînée, Zainab, s’il n’avait pas été en voyage d’affaires,
a confié le témoin.
Le tribunal a aussi entendu que le
projet de mariage était allé de l’avant, mais que l’union avait été annulée le
lendemain après d’intenses pressions de la famille Shafia.