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Controverse sur le film  » crazy horse  »

Dans
une missive transmise aux médias en avant-midi, les organisateurs du RIDM ont
répliqué à la trentaine de signataires dont la productrice Sophie Bissonnette
(« Sexy inc. – Nos enfants sous influence ») et le réalisateur Magnus Isacsson
(« Uranium ») qui avaient témoigné de leur indignation face à la
sélection du long métrage, jugé « complaisant et sexiste ». Le
film du réalisateur
américain Frederick Wiseman a été tourné dans les coulisses du Crazy Horse, qui
se targue, sur son site Internet,

d’être « le plus avant-gardiste des
cabarets parisiens (qui) célèbre la beauté et la sensualité des femmes dans une
atmosphère intime et sophistiquée ». Au
départ, la direction des RIDM avait choisi de gérer la situation à l’interne,
puisque la lettre datée du 11 novembre n’avait pas été diffusée publiquement. Les
organisateurs ont toutefois rectifié le tir vendredi à la suite de la
publication d’un texte intitulé « Controverse à Montréal au sujet du film d’ouverture ‘Crazy
Horse »‘ sur le site de « realscreen », un magazine spécialisé en
documentaires.

« La
lettre a circulé dans tout le milieu du documentaire. Tout le monde en parle
depuis mercredi soir dernier, on se fait approcher constamment par le public et
par les médias », a affirmé la directrice générale des RIDM, Roxane Sayegh. Les
organisateurs du festival réfutent l’interprétation des signataires, qui font
preuve, écrivent-ils, « d’une lecture contestable et d’une vision somme
toute dogmatique et limitée du travail de documentariste ». Les
RIDM admettent volontiers que le célèbre cabaret parisien « Crazy
Horse » peut être considéré par certains comme « un lieu sexiste
exploitant une image contestable de la femme », mais ils estiment que
l’approche de Frederick Wiseman est tout à fait justifiable étant donné qu’il
n’a jamais été un « pamphlétaire engagé ».

« Sa
démarche, qui est plus proche de l’anthropologie, cherche à observer en
profondeur son sujet, laissant le soin au spectateur d’en tirer des
conclusions », peut-on lire dans la réplique des RIDM, qui se défendent par
ailleurs d’avoir choisi le film
« à des fins d’élargissement de public ». Roxane
Sayegh se défend aussi d’avoir voulu verser dans le sensationnalisme et d’avoir
inclus un film sexiste à
la programmation du festival. « Selon nous, ce n’est pas un film sexiste », a-t-elle
tranché. Ce
n’est pas l’avis du cinéaste indépendant montréalais Magnus Isacsson, qui
écrivait sur son site Internet il y a quelques jours qu’en ne dénonçant pas le
sexisme du milieu, où les attributs physiques des danseuses priment sur tout,
Frederick Wiseman devient lui-même un « complice en exploitant les mêmes
attributs sans relâche ».

En
entrevue téléphonique, le cinéaste engagé a refusé d’en dire davantage, ou de
commenter sa démarche et celle des cosignataires de la lettre. « J’ai
appris que les personnes qui ont signé cette lettre ne voulaient pas que ça
devienne un débat public  ils voulaient discuter simplement avec la direction
du RIDM, alors moi, je n’ajoute rien par solidarité avec ces gens-là »,
a-t-il tranché. Même
son de cloche du côté de Sophie Bissonnette, qui a écrit dans un courriel que
cette lettre « était exclusivement destinée aux RIDM », et qu’elle
n’avait « aucune intention de faire une déclaration publique à ce
sujet ».

Pourtant,
les signataires demandaient la tenue d’une discussion publique sur la
représentation des femmes à l’écran, a rappelé Mme Sayegh vendredi en fin
d’après-midi. « Nous
les avons invités à venir à la leçon de cinéma que Frédérick Wiseman a donnée
dimanche dernier, parce que nous estimons que plusieurs des questions qu’ils
soulevaient devraient être dirigées directement au cinéaste », a-t-elle
soutenu. Mais
comme aucune question relative aux préoccupations mentionnées dans la lettre
n’a été posée lors de la classe de maître, Mme Sayegh suppose que les
signataires ne se sont pas déplacés.

Car
« ce n’est pas au festival de justifier la démarche » (de Frederick
Wiseman), a fait valoir la directrice générale, qui a assuré que si c’était à
refaire, elle arrêterait son choix sur le même documentaire pour ouvrir les 14e
RIDM, qui prennent fin ce dimanche avec la projection du film « Tahrir Place de la
libération ».

LE CRAZY HORSE FÊTE SES 60 ANS

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