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Occupons montrÉal: les policiers expulsent les indignÉs

Des dizaines de policiers
montréalais ont lancé vendredi matin une opération d’éviction des manifestants
qui occupaient le square Victoria. Ils étaient accompagnés de cols
bleus de la Ville de Montréal venus prêter main-forte pour le nettoyage. Ce sont toutefois les manifestants
eux-mêmes qui ont procédé à l’enlèvement du gros des installations, laissant
aux employés de la Ville les débris de leur campement. Les biens récupérables
ont été séparés, placés dans un conteneur et pourront être récupérés la semaine
prochaine par les expulsés.

Un petit groupe d’indignés a offert
une résistance passive, certains s’étant attachés à l’intérieur de l’abri
temporaire servant de cuisine pour le camp, et les policiers ont dû les déloger
de force. Les policiers ont ainsi interpellé 16 individus mais aucun n’a été
arrêté. « Ce n’était pas notre volonté
de judiciariser les personnes qui étaient ici, a expliqué par la suite le
directeur adjoint du Service de police de la ville de Montréal (SPVM), Pierre
Brochet. Notre volonté, c’était d’expulser les gens. »

Les personnes ont plutôt été
reconduites à bord d’un autobus et de véhicules du SPVM pour être déposées à
une autre station de métro où on leur a remis un billet de métro. En général, cependant, l’opération
s’est déroulée dans le calme, dans l’ordre et, surtout, dans la bonne humeur,
une ambiance que le directeur adjoint Brochet attribue à la décision du SPVM
d’établir des contacts avec les manifestants dès le jour 1 de l’occupation.

« Ça c’est bien passé »,
reconnaissait un indigné de la première heure se faisant appeler
« Jazz », rencontré alors que l’opération de démantèlement était en
cours. « Pour avoir une belle fin à tout ça, faudrait que ça se termine en
paix, sans accrochage et sans violence. Avec ça, on aura gagné la première
partie. » En contrepartie, les policiers
étaient bien au fait de l’importance des enjeux entourant cette opération. « Ce sont des gens qui ont des
droits, qui ont la liberté d’expression. En même temps, nous savons que nous
sommes sous observation. (…) Nous savons aussi que les images vont être vues
à travers le monde », a souligné le directeur adjoint du SPVM.

Les rues entourant le square
Victoria avaient été fermées pour permettre aux agents d’intervenir auprès des
manifestants et de nombreux curieux assistaient à la scène. Dans un premier
temps, plusieurs campeurs ont déplacé leurs effets sur le large trottoir bordant
la rue McGill, le long du Centre de commerce mondial.

Profitant de la présence médiatique,
les indignés scandaient des slogans en signe de désapprobation et de
détermination pendant que des cols bleus nettoyaient les lieux. Certains
dansaient et chantaient, notamment au son du célèbre hymne reggae « Get Up,
Stand Up ». Au cours de la nuit dernière, les
membres du mouvement Occupons Montréal avaient démantelé une quinzaine de
tentes. Après avoir reçu de la Ville, mercredi, des avis de retirer leurs
installations, ils avaient compris que la fin approchait.

« On attendait la venue des
policiers ce matin, a raconté Jazz. On a eu une levée du camp normale comme à
tous les jours. Plusieurs personnes avaient passé la nuit debout. Après le
lever, on s’est réuni et on a attendu de voir ce qui allait se passer, voir si
la police allait venir ou pas. » Invoquant les règlements sur
l’occupation du domaine public et sur les heures de fermeture des parcs, la
Ville de Montréal exigeait le retrait de toute construction ou installation
occupant le square Victoria.

Dans certains cas, les personnes sur
place étaient des sympathisants venus prêter main-forte aux indignés pour le
démantèlement de leur camp, même s’ils n’étaient pas eux-mêmes campeurs, comme
cette jeune femme se présentant simplement comme « Blandine ». « Je suis venue pour donner un
coup de main, être là pour les initiatives qu’il pourrait y avoir. Les gens ont
décidé de rester, être là et dénoncer l’action policière », a-t-elle dit. Tout comme Jazz, Blandine n’hésitait
pas à parler d’une victoire pour le mouvement.

« Ce n’est pas la fin de
l’indignation, c’est le début, ça continue. Ce n’est qu’une étape. Les
revendications sont multiples. (…) Un des grands succès, ç’a été la
visibilité mondiale de cette initiative, c’est indéniable », a-t-elle
soutenu. Les quelques militants rencontrés
parlaient toujours d’une grande manifestation prévue ce samedi pour signaler à
nouveau leur indignation face à l’appropriation par seulement un
pour cent de la population _ soit les plus riches _ d’une part beaucoup trop
gourmande de la richesse collective, de l’accroissement des iniquités sociales
et de l’écart entre les riches et les pauvres.

Le maire de Montréal, Gérald
Tremblay, s’est dit très satisfait de la manière dont l’opération s’est
déroulée et a salué à la fois l’attitude des policiers et celle des indignés. « Après avoir prôné la tolérance
et l’ouverture pendant plusieurs semaines, j’ai demandé lundi dernier aux
indignés de quitter le square Victoria la tête haute tant pour leur propre
sécurité que pour la sécurité des lieux. La plupart d’entre eux ont fait preuve
du même esprit de collaboration qui les a guidés tout au long de leur
occupation et ont quitté volontairement les lieux », a indiqué le maire Tremblay par voie de communiqué.

À l’opposé, la Ligue des droits et
libertés a vivement dénoncé l’expulsion des indignés. Dans un communiqué, la
Ligue a dit croire que l’éviction « porte atteinte à la liberté
d’expression, au droit d’association et de manifestation pacifique. Elle choque
d’autant plus que les indignés ont démontré, depuis le début de leur
occupation, une volonté de chercher différents aménagements afin de répondre
aux exigences à chaque fois grandissantes de la Ville à l’égard de leurs
installations. »

L’organisme en a par ailleurs
profité au passage pour s’interroger sur le fait que plusieurs policiers en
fonction ne portaient pas de marque d’identification sur leur uniforme, allant
ainsi en contravention avec les principes de l’article 5 du code de déontologie
policière. La Presse Canadienne a pu constater en effet qu’aucun nom ou numéro
de matricule n’apparaissait sur les uniformes de nombreux policiers intervenant
auprès de la foule.

Source: LaMetropole.com PC

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