Cour supérieure de l’Ontario, le petit ami de Sahar Shafia a raconté la
relation furtive mais intense qu’ils ont vécue lors des quatre mois précédant
son décès par noyade. « Je ne peux aimer quelqu’un de
plus beau que toi puisque que tu es comme l’air que je respire chaque
matin », écrivait-il dans un message texte découvert sur le téléphone
cellulaire de la victime. « Si je possédais la lune, le soleil, le ciel ou
la mer ou les étoiles à ce moment, je te donnerais tout, mon amour. »
Le couple s’est rencontré au début
de 2009 par le biais de la soeur aînée de Sahar, Zainab, et la relation est
rapidement devenue « sérieuse ». Ils parlaient de se marier et de
quitter le pays puisque les parents de Sahar n’approuveraient pas leur
relation. Un membre de la parenté de Sahar les
avait aperçus alors qu’ils s’enlaçaient dans un restaurant et avait demandé à
la jeune fille d’en savoir plus sur leur relation. Son copain a raconté que Sahar,
alors âgée de 17 ans, avait réagi comme « une personne qui a peur ».
« Elle avait peur de sa famille
parce qu’elle allait découvrir notre relation », a affirmé le jeune homme,
qui ne peut être identifié en raison d’une ordonnance de la Cour. « Pouvez-vous imaginer si son
père avait su? » Il a dit avoir alors embrassé un
autre fille pour dissiper les soupçons quant à la relation qu’il entretenait
avec Sahar. Six semaines plus tard, le témoin rencontrait les parents de Sahar
ainsi que son frère Hamed pour la première fois.
Le 30 juin 2009, les corps de Sahar,
alors âgée de 17 ans, de Zainab, âgée de 19 ans, de Geeti, âgée de 13 ans et de
la première épouse de leur père, Rona Amir Mohammad, âgée de 52 ans, ont été
découverts dans une voiture submergée dans une écluse du canal Rideau, à
Kingston en Ontario. La Couronne soutient que l’homme
d’affaire d’origine afghane et père des adolescentes, Mohammad Shafia, âgé de
58 ans, leur mère, Tooba Yahya, âgée de 41 ans, et leur frère Hamed, âgé de 20
ans, ont tué les quatre victimes alors que toute la famille rentrait d’un
voyage à Niagara Falls parce qu’elles déshonoraient la famille.
Les trois accusés ont plaidé
non-coupable à quatre chefs d’accusations de meurtre au premier degré. Plus tôt mardi, un membre de la
parenté a témoigné que Rona Amir Mohammad refusait de quitter la maison ou
d’alerter la police parce qu’elle craignait que Mohammad Shafia ne la tue. Lors de son témoignage, Fahimah
Vorgetts a raconté que Mme Mohammad était de plus en plus désespérée dans les
années précédant sa mort. « Presque chaque fois qu’elle
appelait, elle pleurait », a confié Mme Vorgetts. « Elle disait que si
elle quittait la maison ou si elle se rendait à la police, son mari la
tuerait. »
Mme Vorgetts, une activiste afghane
qui vit maintenant en Virginie, a raconté avoir tenté de persuader Mme Mohammad
de quitter son mari. Mais lors des appels furtifs
effectués sur le téléphone public d’un parc, Mme Mohammad lui avait confié ne
pas posséder de statut au Canada, ne pas avoir de documents d’identité, puisque
son mari les gardait, et être inquiète d’être renvoyée en Afghanistan, où des
membres de sa famille la tueraient. « Je lui ai dit « Tu n’es
pas en Afghanistan, les lois vont te protéger » », a dit Mme Vorgetts.
La victime lui avait raconté que son
mari lui avait donné un coup de pied et tiré les cheveux. Les deux femmes
avaient aussi discuté du fait que Tooba Yahya l’humiliait constamment devant
les enfants et les invités. « Tu n’es pas une épouse. Tu es
une esclave, tu es une servante », répétait Mme Yahya à Mme Mohammad, selon
le témoin. Lors du contre-interrogatoire, Mme
Vorgetts a avoué ne pas avoir alerté les policiers, estimant que c’était à Mme
Mohammad de prendre cette décision.
En mai 2009, à son retour d’un
voyage en Afghanistan, Mme Vorgetts a raconté avoir trouvé des messages de Mme
Mohammad sur son répondeur. « C’étaient des messages
désespérés. Ça sonnait comme si elle était dans le pétrin, comme si elle avait
besoin de beaucoup d’aide, comme si elle voulait faire quelque chose »,
a-t-elle
Source: LaMetropole.com