Alors que son parti bat de
l’aile et que son leadership paraît depuis des mois fragile, Pauline Marois
propose de bouleverser les moeurs et les institutions politiques québécoises
pour regagner la confiance des Québécois. Sous sa gouverne, le Québec ferait
la politique autrement, promet la chef péquiste en soumettant à ses militants
toute une série de propositions à être étudiées en conseil national, du 27 au
29 janvier, à Montréal. Mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres,
puisque les militants et les
différentes instances du parti doivent se prononcer sur ces changements avant
qu’ils soient intégrés au programme du parti. Et une fois élu, un gouvernement Marois se buterait aux autres formations
politiques de l’Assemblée nationale, qui devront dans certains cas entériner
ses propositions avant qu’elles deviennent réalité. Et c’est sans compter la réaction d’Ottawa, puisque certaines idées
contreviendraient à la constitution canadienne. En conférence de presse, mercredi, Mme Marois n’a cependant pas semblé se
formaliser de ces obstacles à venir, en rendant public le document de 13
propositions,
«Changeons la politique», qui servira de base de discussion aux
militants. «Jamais un parti politique n’aura été aussi loin dans sa volonté de proposer de
vrais changements. Le Parti québécois propose de changer la politique», a lancé
d’entrée de jeu la chef, dont le leadership est contesté depuis juin dernier.
Si la base militante entérine ces idées, un gouvernement du PQ donnerait le
droit de vote à 16 ans, proposerait un nouveau mode de scrutin avec
possiblement un système électoral uninominal à deux tours, verrait à
décentraliser toute l’administration gouvernementale et créerait une chambre
des régions. De plus, les référendums d’initiative populaire seraient bienvenus, ce qui
pourrait hâter, en principe, la tenue d’un référendum sur la souveraineté. Et puis chaque année, le gouvernement devra rendre des comptes à la population
en montrant où il en est rendu dans la réalisation de ses engagements
électoraux. Le travail des députés deviendrait obligatoirement plus transparent
que jamais.
Elle-même s’est engagée à donner suite à tous ces engagements, si elle est
portée au pouvoir aux prochaines élections générales. «Si nous engageons un tel débat, ce n’est pas pour mettre les propositions
ensuite sur des tablettes», a promis la chef péquiste. Ces changements font suite aux 80 propositions formulées au cours des derniers
mois par six députés, dont celui de Marie-Victorin, Bernard Drainville, qui
s’inquiétaient de la survie du parti après le départ de cinq députés péquistes
en juin dernier. C’est M. Drainville qui a poussé l’idée des référendums d’initiative populaire.
Dans son esprit, il suffirait que 15 pour cent de la population (876 000
personnes) signent une pétition pour provoquer la tenue d’un référendum, sur la
souveraineté ou sur toute autre chose.
Mais le document remis mercredi ne précise pas les modalités entourant ces
éventuels référendums et Mme Marois a toujours dit qu’elle ferait un référendum
sur la souveraineté uniquement au moment jugé approprié, une formule retenue
dans le programme. Outre M. Drainville, les députés qui ont le plus contribué à l’exercice sont
Sylvain Pagé et Pascal Bérubé. Il faut redonner confiance aux gens dans nos institutions démocratiques et dans
la classe politique, a plaidé Mme Marois, entourée de certains de ses députés.
«Il faut combattre le cynisme», a-t-elle dit, pour regagner la confiance des
Québécois.
Les propositions «très audacieuses» présentées mercredi s’ajoutent en fait à
toute une série de changements de nature politique déjà annoncés par Mme Marois
dans le passé, comme l’idée de tenir les élections à date fixe et d’adopter un
mode de financement des partis politiques davantage public. C’est la troisième fois que ce conseil national spécial, axé sur la
transformation des moeurs politiques, est reporté. La dernière fois c’était en
raison de la tenue de l’élection complémentaire dans Bonaventure.
La rencontre de la fin janvier, qui durera exceptionnellement trois jours,
regroupera en fait le conseil national spécial et la conférence nationale des
présidents d’association. En parallèle, l’aile parlementaire péquiste mènera une réflexion «approfondie»
sur le fonctionnement même de l’Assemblée nationale. En ce cas, pour procéder
aux éventuels changements souhaités, l’approbation des autres formations
politiques sera requise, a reconnu Mme Marois. Les changements qui pourraient contrevenir à la constitution canadienne, comme
ceux visant le mode de scrutin, ne font pas peur à Mme Marois, qui dit qu’un
tel scénario permettra encore une fois «de montrer les limites de l’institution
dans laquelle nous avons à travailler, qui est le fédéralisme canadien».
L’INFORMATION REPRODUITE SEMBLE PRÉSENTER UN DEGRÉ POSSIBLE DE MANIPULATION DE L’OPINION PUBLIQUE.
Source: LaMetropole.com