Si tout va comme prévu, une annonce pourrait
avoir lieu dès cette semaine, à Québec, selon ce qu’a appris La Presse
Canadienne, dimanche. Et tout indique aussi que, pour
l’ADQ, la fusion aura des airs de reddition. Le chef de la Coalition, François Legault, n’aura pas cédé un pouce de terrain
durant les négociations entamées il y a un mois. Les Québécois n’assisteront
donc pas à la fusion de deux formations politiques, mais bien à la disparition
d’un parti au profit d’un autre.
Le nom du parti n’a même pas fait l’objet de négociations: L’ADQ n’a pas
cherché à le modifier pour que sa contribution y apparaisse clairement. La déconfiture totale de l’ADQ dans Bonaventure, avec 2 pour cent d’appuis,
lors de l’élection complémentaire du 5 décembre, aura réduit à néant le déjà
faible rapport de forces que pouvait encore avoir Gérard Deltell, dans ses
discussions avec François Legault, qui lui trône au sommet des intentions de
vote, sondage après sondage, depuis des mois.
Fort de cet appui populaire, l’ex-ministre péquiste aura donc pu mener le jeu à
sa guise, du début à la fin, en imposant à la fois ses idées et son calendrier. «On suit son pas», résumera une source adéquiste proche des négociations. Les discussions en sont donc rendues au dernier droit, ont confirmé des sources
dans les deux camps. «Il n’y a plus grand-chose qui accroche», a indiqué l’une d’elles, en
confirmant qu’il ne restait que quelques détails à régler avant l’annonce qui
sera faite conjointement par les deux chefs, François Legault et Gérard
Deltell, dès que ce dernier aura reçu le feu vert de son exécutif national, qui
risque cependant de présenter un front divisé. Pour ce qui est du caucus
adéquiste, l’adhésion des trois autres députés est déjà acquise.
Avant de pouvoir aller de l’avant, «l’entente de principe» conclue incessamment
entre les deux chefs, devra avoir été entérinée par les membres de l’ADQ,
vraisemblablement par voie postale en janvier. Le processus doit se faire rapidement, indique-t-on, car la CAQ veut présenter
sa nouvelle aile parlementaire dès la rentrée du 14 février. Ce jour-là, il
semble acquis que le caucus caquiste comptera huit élus : Gérard Deltell,
François Bonnardel, Sylvie Roy et Janvier Grondin, de l’ADQ, de même qu’Éric
Caire et Marc Picard, indépendants autrefois de l’ADQ, puis Benoît Charrette et
Daniel Ratthé, indépendants transfuges du PQ. Gérard Deltell sera le chef de
l’aile parlementaire, en attendant que François Legault tente de se faire élire
aux prochaines élections générales.
Sur le fond, le programme de la CAQ, tel qu’élaboré par François Legault et ses
proches collaborateurs, demeurera intact. On n’aura pas à tout réécrire le plan
d’action, du fait de l’adhésion de l’ADQ. Au moment de lancer les discussions avec l’autre camp, le chef, Gérard Deltell,
avait mis comme condition à son adhésion que les membres puissent retrouver les
principales idées de leur parti dans le programme de la CAQ. On souhaitait la
fusion, apparemment la seule issue pour espérer prendre le pouvoir, mais pas de
là à y consentir » à genoux « . Au minimum, l’ADQ tenait à ce que la CAQ adhère à deux engagements majeurs de
son programme: un système mixte privé-public en santé, ainsi qu’une allocation
de 100$ par semaine aux parents qui n’ont pas accès aux garderies
subventionnées.
Mais les adéquistes devront en faire leur deuil. En santé, ils devront se
contenter de vagues promesses de projets-pilotes, tandis que le type
d’allocation souhaitée pour les familles ne fait pas partie du programme
caquiste. Lors de l’annonce à venir, l’ADQ fera valoir que les projets pilotes sur la
contribution du secteur privé en santé constituent, à ses yeux, une avancée
majeure. Or, M. Legault s’était montré ouvert à cette idée avant même le début
des négociations, lors de la conférence de presse pour le lancement de son
parti. Pas très chaud à l’idée, il avait précisé que les changements qu’il
comptait apporter au fonctionnement du réseau devraient suffire à le rendre
efficace sans qu’un apport additionnel du privé soit nécessaire.
De tous les autres éléments du programme adéquiste, rien de substantiel n’a été
retenu. On fera cependant valoir, dans le camp de l’ADQ, que plusieurs idées
inscrites au programme de la CAQ ? comme la suppression des commissions
scolaires ? figurent depuis longtemps dans celui de l’Action démocratique. La question nationale n’aura pas été un enjeu. Même s’il est ouvertement
fédéraliste, Gérard Deltell devra donc se faire à l’idée d’avoir pour chef une
ancienne figure de proue du mouvement souverainiste. Pour rallier le plus de
gens possibles, la CAQ a choisi de mettre de côté la question nationale, en
s’engageant à ne tenir aucun référendum sur la souveraineté au cours de la
prochaine décennie. Cet engagement a suffi à l’ADQ pour monter dans le train
caquiste.
Si jamais le premier ministre Jean Charest décidait de déclencher des élections
générales dès le printemps 2012, de manière à couper l’herbe sous le pied au
nouveau parti, les caquistes et ex-adéquistes auront fort à faire pour se
présenter à temps à la ligne de départ, en termes d’organisation, financement
et recrutement de candidats.
Source: LaMetropole.com PC