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ItinÉrance et santÉ mentale

Qu’elle soit chronique ou ponctuelle, l’itinérance tire sa source de différentes causes : maladie mentale, dépression, perte d’emploi, instabilité familiale, et bien d’autres. Afin de cerner la problématique montréalaise de l’itinérance, nous avons rencontré Jocelyn Ann Campbell, conseillère de Ville à l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville et membre du comité exécutif de la ville centre, responsable des affaires sociales et communautaires.

LM : En octobre 2010, la Ville adoptait un plan d’action ciblé en itinérance. Pouvez-vous nous en brosser les grandes lignes ?

JAC : Il faut d’abord préciser que l’administration ne s’affaire à la problématique de l’itinérance que depuis 2010. Toutefois, nous devions mettre en place un plan d’action stratégique afin de pouvoir mieux analyser la problématique, développer des actions concrètes et pouvoir en mesurer l’impact à court, moyen et long termes. Les objectifs du plan étaient de répondre aux besoins de base des personnes en situation d’itinérance et de réduire les problèmes de partage de l’espace urbain et le renforcement de l’exercice de la citoyenneté, tout en préconisant un soutien communautaire continu.

LM : Après un an, quel bilan tirez-vous de la mise en place du plan ?

JAC : Le plan prévoyait l’ajout de 750 logements sociaux et communautaires pour les sans-abri ou les personnes à risque d’itinérance d’ici 2013. Déjà, 440 logements et chambres ont été ouverts. De plus, le plan prévoyait un programme d’inspection en termes de salubrité des maisons de chambres. 40 % des chambres ont déjà fait l’objet de cette inspection. Autre élémentclé du plan : la mise en place d’un centre de répit et de dégrisement pour les itinérants démontrant des problèmes de toxicomanie et d’alcoolisme. Ce centre, dont l’ouverture est prévue pour l’été 2012, sera situé au 6400 rue Clark. Beaucoup d’actions concrètes ont été posées telles l’amélioration des outils d’intervention des patrouilleurs du SPVM, la mise en place
d’équipes d’intervention mixte (EMRI), qui incluent policiers et intervenants sociaux, ainsi que le développement d’alternatives à l’incarcération.

LM : La mise en œuvre d’un tel plan nécessite l’appui de certains partenaires. Qui sont-ils ?

JAC : Outre le SPVM qui travaille sur le terrain, la Ville peut compter sur l’aide de l’Agence SSSM, notamment pour le programme d’accompagnement en Justice et en Santé mentale. Bien sûr, nous pouvons aussi compter sur l’appui financier du gouvernement du Québec, bien qu’il soit nettement insuffisant. Une demande en ce sens a d’ailleurs été adressée au gouvernement à la fin novembre, suite à une déclaration unanime émanant de la séance du Conseil municipal du 21 novembre dernier. Enfin, nous travaillons en étroite collaboration avec le ministère de la Santé afin que les itinérants n’ayant pas de carte d’assurance-maladie puissent tout de même avoir accès aux soins de base. Notre défi est de développer une culture hybride issue du réseau de la santé et des services municipaux susceptibles d’assurer le maintien d’un climat social serein et inclusif, tout en développant des solutions pour prévenir l’itinérance et aider nos concitoyens en difficulté.

LM : Évidemment, en un an, vous n’avez certes pas réglé tous les problèmes reliés à l’itinérance. Quelles sont les problématiques sur lesquelles la Ville se penche actuellement ?

JAC : Parce que plusieurs itinérants sont aux prises avec des problèmes de santé mentale, d’alcoolisme ou de toxicomanie, nos devons travailler avec acharnement afin d’assurer un accès minimal aux services de santé adéquats et aux lits en urgence. Cela ne peut se concrétiser qu’en établissant un maillage entre les établissements de santé. Aussi, nous devons assurer un
meilleur suivi aux personnes en situation d’itinérance référées aux hôpitaux. Nous pourrions ainsi diminuer le phénomène de portes tournantes (aussitôt entré, aussitôt sorti). Finalement, nous travaillons afin d’améliorer les mécanismes d’application de la loi P38.001 qui stipule que tout individu peut exercer un droit de refus d’être soigné, droit dont les itinérants ne se prévalent que trop souvent.

Bien que la problématique de l’itinérance demeure entière, plus particulièrement au centre-ville, l’administration municipale y va d’efforts concertés afin de répondre aux préoccupations des citoyens, en termes de sécurité notamment. Trop souvent, des personnes laissées à elles-mêmes constituent un danger réel pour elles-mêmes ou pour les autres. Une désinstitutionnalisation trop hâtive est malheureusement l’une des sources majeures de cette problématique.

Source : LaMetropole.com

AHUNTSIC-CARTIERVILLE