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L’endettement des mÉnages en hausse

Les Canadiens continuent à empiler les dettes même s’ils ne cessent de
s’appauvrir, a prévenu mardi Statistique Canada. La
dette moyenne en proportion du revenu personnel disponible a grimpé à un taux
inégalé de près de 153 pour cent au troisième trimestre, comparativement à
150,7 pour cent au trimestre précédent, a indiqué l’agence fédérale. La
valeur nette des ménages a chuté de 2,1 pour cent, passant de 184 700 $ au deuxième
trimestre à 180 100 $ au plus récent trimestre,

en raison de la baisse de la
valeur des portefeuilles d’actions et des actifs de retraite. Il s’agit du
recul le plus marqué à ce chapitre en près de trois ans. Statistique
Canada a publié ces chiffres au lendemain d’un discours du gouverneur de la
Banque du Canada, Mark Carney, dans lequel il faisait une nouvelle mise en
garde le danger que représente l’endettement des ménages pour la croissance
économique. Les
Canadiens sont maintenant plus endettés que les Américains et les Britanniques,
a souligné M. Carney, avant de prévenir que les consommateurs du pays doivent
agir pour arrimer leur endettement à la modeste croissance de leurs revenus.
L’endettement a augmenté environ deux fois plus rapidement que les revenus au
cours du dernier trimestre.

Mais
des analystes croient toutefois que la santé financière des ménages canadiens
n’est pas nécessairement si mauvaise. « Ce
n’est pas noir et blanc, a dit Benjamin Tal, économiste en chef pour Marchés
mondiaux CIBC. L’augmentation des dettes provient essentiellement des prêts
hypothécaires, et contrairement aux États-Unis avant le fiasco des hypothèques
à risques, la proportion d’acheteurs canadiens considérés comme ‘marginaux’ est
très petite. » « Je
n’ai rien contre les gens qui empruntent s’ils sont capables de rembourser et
qu’ils ont de bons emplois (…) et qu’ils peuvent financer cette dette quand
les taux (d’intérêt) augmentent. »

À
part les prêts hypothécaires, la plupart des autres formes de crédit comme
les soldes de cartes de crédit non acquittés, les marges de crédit et les prêts
à terme sont en recul, a souligné M. Tal. Pour
sa part, l’économiste Doug Porter, de la Banque de Montréal, estime que les
Canadiens agissent intelligemment. La Banque du Canada a abaissé les taux
d’intérêt à des niveaux sans précédent pour permettre aux consommateurs et aux
entreprises d’épauler l’économie en empruntant, a-t-il rappelé.

« Je
ne veux pas dire qu’il n’y a rien d’inquiétant, mais est-ce que quelqu’un
s’étonne réellement de voir les Canadiens emprunter autant? a-t-il demandé. Les
incitations (à l’emprunt) sont évidentes et les gens ne font qu’y
répondre. » On
s’inquiète surtout de constater que l’endettement augmente plus rapidement que
les revenus, mais M. Porter rappelle qu’aucune règle stricte ne stipule quel
niveau d’endettement est insoutenable. Les
plus récentes données démontrent que l’endettement augmente en flèche depuis
plus d’un an, passant de 1480 milliards $ au deuxième trimestre à 1595
milliards $ lors de la plus récente période.

Par
ailleurs, en reculant pour un deuxième trimestre consécutif à 180 100 $, la
valeur nette des ménages n’est que légèrement supérieure à celle du troisième
trimestre de l’an dernier. En tenant compte de l’inflation, celle-ci a
cependant reculé dans les 12 derniers mois. Ce
recul s’explique en grande partie par le plongeon des marchés boursiers depuis
la fin juillet, ce qui a non seulement réduit la valeur des investissements en
valeurs mobilières des Canadiens, mais aussi dévalué leurs placements de
retraite, a précisé Statistique Canada.

« Il
s’agit de la plus forte baisse trimestrielle des cours boursiers et de la
valeur nette des ménages par habitant depuis le quatrième trimestre de
2008 », a noté l’agence. L’indice
de référence de la Bourse de Toronto a dégringolé de 12 pour cent pendant le
troisième trimestre. La
valeur nette nationale, qui inclut les entreprises, a quant à elle augmenté
d’un pour cent, pour se porter à 6500 milliards $.

Source: LaMetropole.com PC