La situation se détériore et,
pendant ce temps, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a dû réitérer sa
demande de rencontre avec le ministre de la Santé, Yves Bolduc. C’est Jocelyn Ann Campbell,
responsable du développement social et communautaire au comité exécutif de la
Ville de Montréal, qui a révélé lundi que le maire avait déjà demandé, en vain,
de rencontrer le ministre de la Santé et des Services sociaux. Il a réitéré sa
demande à la suite du décès de Farshad Mohammadi, un itinérant abattu lors
d’une intervention policière dans le métro Bonaventure, vendredi dernier.
Mais, au cabinet de la ministre
déléguée aux Services sociaux, Dominique Vien, son attaché de presse Florent
Tanlet assure que « la rencontre est à l’agenda » et que le maire
pourra s’entretenir avec les deux ministres, Bolduc et Vien. Mme Campbell a rappelé que le décès
de M. Mohammadi suit celui, en juin dernier, de Mario Hamel, un autre itinérant
ayant des problèmes de santé mentale qui était vraisemblablement en crise.
« La situation de vendredi
dernier ou de juin dernier est une situation urgente, une situation qui met en
lumière des personnes qui sont dans la rue, en crise, qui ne devraient pas être
dans la rue, qui représentent un danger pour leur propre personne, ainsi que
pour les personnes qui les entourent. En nombre grandissant, les citoyens nous
le disent; les commerçants du centre-ville nous le disent; nous le savons tous.
La situation est urgente », a lancé Mme Campbell. À ses yeux, ce problème des
itinérants en crise n’est pas un problème municipal, mais un problème de santé
mentale, qui relève donc du ministère de la Santé et des Services sociaux.
Elle a donc répété les demandes de
la Ville au gouvernement du Québec: obtenir un accès immédiat aux lits
d’urgence; consolider l’équipe mobile d’intervention en itinérance; conclure
une entente de partenariat entre tous les acteurs dans ce dossier. Trois autres demandes visent à ce
que les personnes itinérantes référées aux hôpitaux soient mieux suivies
lorsqu’elles en sortent ou soient suivies dans différents hôpitaux. La Ville
souhaite aussi une amélioration des mécanismes prévus à la loi quant au droit
de refuser un traitement. Et elle tient aussi à ce que le programme
d’accompagnement Justice et santé mentale voit son avenir assuré.
Ces demandes de Montréal avaient
déjà été formulées en juin dernier, après le décès de Mario Hamel, a pris la
peine de souligner Mme Campbell. Des résultats ont été obtenus,
notamment le « franc succès » d’EMRII, l’Équipe mobile de référence et
d’intervention en itinérance, mais « il faut un financement récurrent »
pour que son travail puisse continuer, a plaidé Mme Campbell. « Là où il n’y a pas de réponse,
c’est pour les services et les lits d’urgence pour les personnes en crise, les
cas de santé mentale et de toxicomanie », a-t-elle précisé.
À cela, M. Tanlet répond que le
gouvernement a déjà fait beaucoup, notamment en accroissant de 14 à 63 M$ la somme consacrée à l’itinérance seulement. Le ministère est conscient que
les refuges sont plus achalandés et que le problème de l’itinérance s’est
aggravé, a-t-il concédé. « C’est sûr que Montréal a son
phénomène propre à elle, mais on ne peut pas dire qu’on ne fait rien »,
a-t-il affirmé. Il note par exemple que l’équipe
d’EMRII a vu ses ressources accrues et que l’Agence de la santé et des services
sociaux de Montréal a déjà eu sept rencontres avec les représentants de la
Ville. Et des sommes ont été investies en prévention, en santé mentale, dans
l’espoir d’agir avant que les gens n’arrivent à la rue, a-t-il souligné.
Il a de plus souligné les démarches
entamées pour tenter d’éviter la judiciarisation des personnes itinérantes. M. Tanlet réfère également la Ville
à l’Agence de la santé, qui a justement le mandat de répartir les fonds sur une
base régionale.