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La rÉgie dÉvoile ses hausses de loyers

À l’opposé, ceux qui louent un
logement chauffé au mazout par le propriétaire devraient subir les plus fortes
augmentations, la Régie suggérant une hausse de 3,6 pour cent. Ces suggestions ne tiennent
toutefois pas compte des travaux d’entretien ou de rénovation au logement ou
des augmentations de taxes foncières, qui s’ajoutent aux augmentations de base
proposées par la Régie, qui a publié ses calculs en la matière vendredi. Dans les autres cas, l’organisme
suggère des augmentations de 0,6 pour cent lorsque le logement est chauffé par
le locataire,

ce qui représente la majorité et de 0,7 pour cent pour les
logements chauffés à l’électricité par le propriétaire. Le Front d’action populaire en
réaménagement urbain (FRAPRU) a réagi en affirmant que les loyers sont déjà
beaucoup trop chers pour une grande partie des locataires et que toute hausse
additionnelle ne ferait qu’aggraver leur problème d’incapacité de payer. L’organisme note qu’en octobre 2011,
le loyer moyen d’un logement de deux chambres à coucher était de 684 $ au
Québec, soit 38 pour cent de plus qu’en 2000. Cela représente plus du tiers du
revenu d’une personne qui travaille à temps plein au salaire minimum et près de
60 pour cent du revenu d’une personne à l’aide sociale.

Selon le FRAPRU, la situation est
encore plus difficile dans les villes de Gatineau, Montréal et Québec où ce
prix moyen oscille autour de 725 $ par mois. Le coordonnateur du FRAPRU, François
Saillant, déplore que les recommandations de la Régie qui se situent autour
de 0,7 pour cent par année depuis cinq ans  ne soient pas suivies. « Si c’était ça la réalité, on
pourrait dire que c’est une hausse raisonnable, a-t-il expliqué. Sauf que, dans
la réalité, ce ne sont pas des hausses de loyer comme celles-là que les
locataires ont à subir et on peut le vérifier dans les rapports de la Société
canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). Partout dans les régions
métropolitaines du Québec, les hausses de loyer ont été beaucoup plus importantes
que ce que recommandait la Régie. »

Les augmentations annuelles ont
atteint en moyenne, depuis cinq ans, 3,4 pour cent à Saguenay, 2,9 pour cent à
Trois-Rivières, 2,7 pour cent à Québec et 2,6 pour cent à Montréal. Le FRAPRU suggère aux locataires de
faire évaluer les hausses reçues par les organismes de défense des locataires
de leur région et de refuser toute augmentation qui leur apparaîtrait exagérée. À l’opposé, l’Association des
propriétaires du Québec (APQ) estime que ces montants suggérés par la Régie
sont nettement insuffisants, alors que l’inflation est environ quatre fois plus
élevée. L’APQ estime que l’indice des prix à la consommation devrait être la
référence minimum pour déterminer des hausses de loyer.

Plus encore, l’Association dénonce la
méthode de calcul utilisée pour déterminer l’ajustement de loyer après des
travaux de rénovation ou d’entretien. Selon l’APQ, cette méthode est désuète et
sous-évalue grossièrement les efforts requis des propriétaires pour s’y
conformer. « Le problème, c’est qu’il y a
des toits qui coulent, des fenêtres qui auraient besoin d’être changées, de la
brique qui devrait être réparée, a indiqué le porte-parole de l’Association, Me
Robert Soucy. Les propriétaires ne font pas l’entretien parce qu’ils n’ont pas assez
d’argent et ils n’investissent pas dans leurs immeubles parce que ce n’est pas
rentable. Or, le parc d’immeubles locatifs est assez âgé en général. Il va y
avoir une « taudification » du marché locatif à long terme. »

Le taux d’ajustement actuel est fixé
à 2,9 pour cent, de sorte qu’il faudrait, selon Me Soucy, près de 35 ans pour
rembourser un investissement de 5000 $. Ce calcul repose toutefois sur la
présence d’un seul locataire dans l’immeuble, une situation plutôt rarissime.