annoncé par voie de communiqué sa décision de consacrer ses énergies à défendre
(son) intégrité et à rétablir (sa) réputation. M. Duceppe juge que sa réputation
a été mise en doute par un article publié dans l’édition de samedi du quotidien
La Presse. Le journal rapportait que M. Duceppe a payé le salaire du directeur général du
Bloc, Gilbert Gardner, pendant sept ans à même le budget accordé par la Chambre
des communes. En vertu des règles de la Chambre des communes,
les fonds qu’elle
accorde aux élus doivent être utilisés pour des activités parlementaires et non
pour des activités partisanes. Dans son communiqué, M. Duceppe réplique que la gestion des budgets de la
Chambre des communes alloués au Bloc québécois s’est toujours faite de façon
transparente et honnête. «Tout a été fait dans le respect des normes»,
écrit-il. L’ex-leader bloquiste n’a pas précisé les moyens qu’il entend prendre pour
rétablir sa réputation mais la tâche s’annonce suffisamment exigeante pour
qu’elle rende impossible d’envisager un retour en politique active. «Je
souhaite la meilleure des chances à Mme Pauline Marois et au Parti québécois
qui ont, je le répète, toute ma confiance», conclut M. Duceppe dans sa courte
déclaration.
C’est la deuxième fois que M. Duceppe effectue un virage à 180 degrés après
avoir lorgné la direction du Parti québécois. Lors de la dernière campagne au
leadership du PQ, au printemps 2007, M. Duceppe s’était rallié à Pauline Marois à peine 24 heures après avoir annoncé
sa candidature.
HARA-KIRI POLITIQUE
Le hara-kiri politique de l’ancien député fédéral va assurément enlever une
tonne de pression sur les épaules de la chef péquiste Pauline Marois qui
entreprend, lundi, une semaine chargée auprès de ses députés en prévision du
conseil national le week-end prochain. La décision de M. Duceppe va aussi
soulager des députés comme Sylvain Gaudreault, Stéphane Bédard et Yves-François
Blanchet, trois de ceux qui avaient peine à s’imaginer voir débarquer l’ex-chef
bloquiste à Québec avec sa cour.
D’ailleurs, sur son compte twitter, le député Blanchet a réagi de manière
limpide à la tournure des événements. «Réglé, après des années. Grande
victoire, gain de stature pour PM (Pauline Marois). Maintenant au travail»
a-t-il gazouillé. Quant à elle, Mme Marois a refusé de commenter la volte-face de M. Duceppe. «On
a lu le communiqué comme tout le monde et on n’a pas l’intention de commenter
davantage», a fait savoir Marie Barrette, attachée de presse de la chef du PQ.
Recrue vedette du Parti québécois en prévision des prochaines élections,
l’environnementaliste Daniel Breton croit pour sa part que le leadership de Mme
Marois se retrouve aujourd’hui renforcé.
«Mme Marois a traversé les tempêtes et est restée déterminée, regardant
toujours de l’avant. Elle est faite du même bois que les chefs d’État» a-t-il
soulevé. Du même souffle, il a dit trouver injuste pour M. Duceppe de voir son intégrité
mise en doute. «Ce n’était pas évident pour lui et je trouve ça injuste. Pour
tout vous dire, j’ai trouvé le ‘timing’ de la nouvelle bien étrange», a laissé
tomber le candidat sans exprimer plus avant sa pensée.
Partisan du retour en politique de Gilles Duceppe, Pierre Dubuc n’a pas hésité
de son côté à pointer du doigt ceux qu’il pense être les responsables du
désistement de son favori: les forces fédéralistes. «C’est un assassinat politique», a lancé sur les ondes de RDI M. Dubuc, membre
du SPQ-libre, un club politique de gauche exclu du PQ par Pauline Marois en
2010. Selon lui, des fédéralistes tapis dans l’ombre ont coulé de l’information afin
de s’assurer d’écarter Gilles Duceppe de l’échiquier politique québécois.
«M.
Duceppe était le leader souverainiste le plus populaire mais que voulez-vous,
quand on veut démanteler un pays du G8 (le Canada), on doit s’attendre à ce genre de coup fourré», a déclaré M. Dubuc. «Notre analyse de
base à l’effet que le Parti québécois n’allait nulle part avec Pauline Marois
demeure’» a-t-il ajouté, laissant entrevoir qu’il
n’avait pas l’intention de se rallier à la chef.