une proposition d’urgence remettant en question son type de leadership ou
réclamant un nouveau vote de confiance, mais aucune des 13 propositions
déposées à la dernière minute par les différentes associations du parti ne
portait sur ce sujet. Désormais, Mme Marois devrait donc
avoir les coudées franches pour diriger son parti sans crainte de voir son
poste contesté à tout moment. En ateliers, les péquistes se sont
plutôt appliqués toute la journée, samedi,
à revoir le programme du parti, de
manière à donner davantage de pouvoirs aux citoyens. On souhaite ainsi regagner
leur confiance.
Ils voteront dimanche en plénière
sur ces questions, mais ont déjà donné un premier feu vert en ateliers à
plusieurs réformes samedi. Parmi celles-ci: accorder le droit de vote à 16 ans,
permettre les référendums d’initiative populaire, encadrer les cas de députés
transfuges et créer une chambre des régions, sorte de Sénat qui viendrait faire
contrepoids aux pouvoirs de l’Assemblée nationale. La question des référendums
d’initiative populaire a été poussée par le député de Marie-Victorin, Bernard
Drainville. Dans son esprit, si 15 pour cent des électeurs inscrits (ou environ
850 000 personnes) signaient un registre pour la tenue d’un référendum sur une
question donnée incluant la souveraineté du Québec le gouvernement en place
devrait procéder.
La proposition consistant à abaisser
l’âge légal requis pour voter a fait l’objet d’un long débat. Le député de
Verchères, Stéphane Bergeron, a ouvert les discussions en livrant une plaidoirie
pour défendre l’idée. « À 16 ans, on considère dans
notre société qu’un jeune est assez mature pour lui confier un véhicule
automobile. À 16 ans, on considère qu’un jeune est suffisamment mature pour
entrer sur le marché du travail et payer éventuellement des impôts »,
a-t-il affirmé.
Son plaidoyer a été attaqué par
quelques jeunes militants, dont une déléguée de 16 ans. Catherine Mondor, de la
circonscription de Berthier, estimait que ses semblables ne sont « pas
prêts » à déposer un bulletin de vote dans une urne. Encore marqués par la défection de
François Rebello au profit de la CAQ de François Legault, les délégués
péquistes ont approuvé une proposition visant à sévir contre les transfuges
politiques. Portée par les députés Yves-François Blanchet et Stéphane Bergeron, elle vise à interdire
aux élus de changer de bannière sans passer par une élection complémentaire.
« Le siège sur lequel on
s’assoit ne nous appartient pas, a fait valoir M. Blanchet. Si on s’en va avec,
c’est un vol. » Les députés pourraient cependant
conserver leur siège s’ils quittent leur caucus pour devenir indépendants. Alors qu’un nouveau sondage indique
une faible remontée de l’appui au Parti québécois, les élus péquistes sont
convaincus d’avoir réussi à inverser la tendance, et sont désormais confiants
de pouvoir remporter les prochaines élections générales. Réunis en caucus samedi matin, les
élus péquistes étaient soulagés de voir que leurs querelles internes des
dernières semaines n’avaient pas trop nui à leur popularité, selon ce
qu’indique le plus récent sondage Léger Marketing-Le Devoir publié le jour
même.
Le député de Drummond, Yves-François
Blanchet, s’est dit persuadé que le PQ était aux portes du pouvoir. « Mon impression nette, c’est
qu’on va former le prochain gouvernement. Et j’ai même un espoir important
qu’il soit majoritaire », a-t-il prédit. L’enquête menée du 23 au 25 janvier,
dans les jours suivant la décision de Gilles Duceppe de renoncer au leadership
péquiste, semble annoncer une lutte à trois lors du prochain scrutin
entre le Parti québécois, le Parti libéral du Québec (PQ) et la Coalition
avenir Québec (CAQ).
Ainsi, le PQ obtient 25 pour cent de
la faveur électorale, soit le même score qu’il y a deux semaines, avant les
turbulences provoquées par la possibilité d’un retour de Gilles Duceppe en
politique. Le député d’Abitibi-Ouest, François
Gendron, a estimé que le climat de confiance entre son parti et la population
commençait à se rétablir, notamment grâce à l’image d’intégrité de sa chef. Avec « près du tiers (d’appui
chez les francophones), tout est possible » désormais pour le PQ, selon
lui.
Élément surprise du conseil
national, la citoyenne de la Mauricie qui avait volé la vedette lors du débat
des chefs de la dernière élection fédérale, Muguette Paillé, est venue donner
son appui à Pauline Marois. Mme Paillé, qui était en chômage à
l’époque du débat, avait demandé aux chefs ce qu’ils allaient faire pour créer
des emplois. « C’est une femme comme ça que
je cherche comme première ministre », a dit Mme Paillé à propos de Mme
Marois. Elle est toujours sans emploi, après avoir obtenu un contrat de
quelques mois.
« Lâchez-la quelqu’un! »,
a-t-elle ajouté en point de presse, souhaitant que cessent les querelles
internes autour du leadership de la chef. Mme Paillé, qui habite la
circonscription de Maskinongé, a dit qu’il n’était « pas exclu »
qu’elle soit candidate du PQ aux prochaines élections. Mais il reste que c’est toujours la
Coalition avenir Québec de François Legault qui domine dans le coeur de
l’électorat, selon le dernier sondage Léger Marketing, avec 32 pour cent
d’appuis, suivie par le Parti libéral, à 26 pour cent. La CAQ avait atteint un
sommet de popularité, ces derniers mois, avec 39 pour cent d’appuis.
« Tout cet opportunisme n’aura
servi à rien », a commenté le député de Richelieu, Sylvain Simard, à propos
de la chute de la CAQ. Les péquistes doivent serrer les
rangs derrière leur chef, a plaidé la députée de Champlain, Noëlla Champagne:
« Si dans la tempête, on ne reconnaît pas les forts, je pense qu’on a un
problème », a-t-elle dit à propos du leadership de Mme Marois. Le sondage a été réalisé en ligne
auprès de 1001 personnes. La marge d’erreur est de 3,1 points, dans 19 cas sur
20.
Le dernier sondage CROP, une semaine
plus tôt, ne donnait que 21 pour cent d’appuis au PQ, déjà en hausse de trois
points par rapport à un autre coup de sonde fait un mois plus tôt. Le conseil national se terminera
dimanche par une allocution de Mme Marois.